La monnaie, sa circulation, ses dysfonctionnements

La monnaie, son rôle, son origine, ses dysfonctionnements.

Ce billet comportera trois parties : le vocabulaire de base, l’origine et le rôle de la monnaie, les écueils à sa « bonne utilisation »

La « monnaie » comme toute création humaine, peut être à la fois une bonne et mauvaise chose. Avant de nous pencher sur les qualités que « devrait » posséder une monnaie, nous allons d’abord donner quelques définitions.

Le vocabulaire monétaire :
Chacun utilise dans sa vie de tous les jours, sous une forme ou une autre, des « moyens de paiement » servant dans tous les échanges marchands de biens et services : quand il ne s’agit pas de régler une facture, dont le montant est connu à l’avance, l’expression traditionnelle va être : « combien je vous dois? » (sous-entendu « pour régler ce que je viens de vous acheter »).

De nos jours, la façon de régler ainsi ce dû, de se libérer d’une dette – immédiate ou plus lointaine - prend essentiellement deux formes : « espèces » ou « autre ».

Les « espèces », ou « monnaie fiduciaire », que les anglo-saxons appellent « currency » sont composées de billets et de pièces.
L’autre forme de ces moyens de paiement est appelée « monnaie scripturale », et se concrétise par l’utilisation d’un carnet de chèques, d’une carte bancaire, ou encore d’un ordre de virement.

Les « espèces » sont aussi appelées monnaie manuelle, (monnaie de poche au Canada), puisqu’elle passe de mains en mains (ou d’une poche à une autre).

L’usage de la « monnaie scripturale », aussi appelée monnaie de livre au Canada, se concrétise par le transfert de la somme concernée d’un compte bancaire à un autre.
Quand les comptes bancaires concernent des entreprises ou des particuliers, on parle de monnaie scripturale « bancaire » : ainsi en est-il du compte ouvert par PSA auprès de la BNP, ou du compte ouvert par Monsieur Dupont auprès de la Société Générale.
Quand les comptes bancaires sont ceux ouverts (obligatoirement) par les Banques commerciales (ou banques de second rang) auprès de la Banque Centrale (ou banque de premier rang), on parle de monnaie scripturale « centrale » : ainsi pour le compte ouvert par le Crédit Agricole auprès de la BCE (Banque Centrale Européenne)
La monnaie utilisée comme moyen de paiement par les entreprises ou les particuliers, que ce soit sous forme d’espèces ou de monnaie scripturale (bancaire) est appelée tout simplement « monnaie », ou « argent monnaie » (« money » chez les anglo-saxons), ou, s’il convient d’être plus explicite et plus précis, agrégat monétaire « M1 ».

La monnaie centrale, ou base monétaire, est parfois symbolisée par « M0 ». Elle est composée à la fois des espèces en circulation et des comptes que les institutions financières sont tenues d’ouvrir auprès de la banque centrale. La monnaie papier, qui constitue l’essentiel de la « monnaie fiduciaire » (les pièces, ou monnaie divisionnaire, représentant moins de 1% du total de la monnaie fiduciaire) est émise par l'institut d'émission : en Europe par la BCE. La monnaie centrale sert aussi por les échanges entre banques, quand le solde net des compensations interbancaires le réclame. Ainsi, si les transferts de comptes BNP vers la Société Générale sont plus importants, un jour donné, que dans l'autre sens, le solde ne peut être réglé qu'en monnaie centrale.

En résumé, il y a deux sortes de monnaie :
la monnaie « centrale », qui prend deux formes, la forme « fiduciaire » - les espèces, et la forme scripturale (les comptes que les établissements financiers, dont les banques, sont tenus d’avoir auprès de la Banque Centrale, dite de premier rang)
la monnaie scripturale bancaire (celle qui figure sur les comptes des particuliers et des entreprises auprès des banques commerciales, dites aussi banques de second rang)
Pour fixer les idées, dans la zone euro, la monnaie centrale (M0) représentait en novembre 2009 de l’ordre de 1100 milliards (dont 750 milliards en espèces). La monnaie M1 représentait 4462 milliards, le ratio M1/espèces, ou « multiplicateur monétaire » étant de 5.95, le levier « monnaie scripturale (M1 moins espèces) sur espèces » étant donc de 4.95.

Le ratio M1/espèces est souvent considéré comme l’expression du « pouvoir monétaire » des banques.

L’origine de la monnaie et de la création monétaire:

Les banques contemporaines jouent deux rôles dans la gestion de la monnaie.
Elles servent tout d’abord d’intermédiaire, quand elles se contentent de gérer la monnaie existante, dans un rôle de comptable des flux monétaires.
Elles ont aussi un rôle de «création monétaire », lorsqu’elles accordent de nouveaux crédits : on parle parfois à ce sujet de monnaie-dette. Explicitons ce deuxième rôle, celui qui pose le plus de questions.

Si Dupont emprunte une certaine somme, 20 000 euros, pour financer, par exemple, l’achat d’une nouvelle voiture, au lieu de devoir ces 20 000 euros au concessionnaire concerné, il va devoir cette somme à sa banque. Mais Dupont peut aussi emprunter 50 000 euros pour créer son entreprise, et financer ainsi ses futurs investissements en matériel, tout en se payant une certaine rémunération, en attendant de pouvoir vendre ses futurs produits ou services.

Dans ces deux cas, Dupont signera une reconnaissance de dettes, contre un certain montant de monnaie mis à sa disposition, montant qui se retrouvera initialement dans son compte bancaire, appelé aussi, malencontreusement, dépôt à vue, ou DAV.

Ce « dépôt » ne correspond à aucun véritable dépôt, ni de sa part, ni de la part de la banque, mais à une simple autorisation de dépenses créé par la banque concernée.

Comme, en général, les prêts ainsi consentis (et créés) ne sont pas convertis en « espèces », mais sont utilisés sous forme scripturale, en monnaie « de compte », qui circule d’un compte bancaire à un autre, les banques ne sont pas vraiment obligées de conserver une « tonne » d’espèces. Nous reverrons ce point un peu plus tard.

Disons simplement que les banques, pour des raisons réglementaires ou par précaution, cherchent à respecter un certain ratio – ou levier monétaire - entre ce qu’elles prêtent « ex nihilo » et les espèces qu’elles ont en dépôt, soit en fonds propres, soit au compte de leurs clients. Historiquement, depuis septembre 1997, ce levier a varié dans la zone Euro entre 3,92 et 8,35 (février 2002) pour osciller depuis un an entre 4.80 et 5.10 (4,95 en nov. 2009).

Ce levier monétaire de presque 5 signifie, concrètement, que la monnaie scripturale bancaire est actuellement à peu près cinq fois plus abondante que les espèces en circulation.
Cela signifie aussi que si chacun exigeait de vider son compte bancaire, son DAV, en exigeant que ce retrait total soit fait en espèces, il serait évidemment impossible aux banques de le faire. Mais, comme 95% des la valeur des échanges marchands se fait en utilisant la monnaie scripturale bancaire, il faudrait vraiment des circonstances exceptionnelles pour qu'un tel « cash run » ait lieu.

Pour comprendre comment les banques commerciales ont pu obtenir un tel pouvoir, celui de créer, à l’intérieur de certaines limites, une monnaie considérée comme presque aussi bonne, et souvent beaucoup plus pratique, que les espèces émises par la Banque Centrale, nous allons faire un bref rappel historique.

Un peu d’histoire :
Les premières banques « modernes » - certaines fondées il y a près de 4 siècles - se sont constitués à partir de dépôts d’or (ou d’autres métaux précieux), dépôts qui leur étaient confiés par des déposants qui ne voulaient pas s’encombrer de ce métal au cours de leurs pérégrinations.

Ainsi, contre le dépôt d’une certaine quantité d’or, le banquier Goldsmith donnait à son déposant, Luke, un reçu mentionnant la quantité reçue en dépôt. Ce reçu pouvait « voyager », et servir pour récupérer la même somme d’or déposée chez un confrère Rockfailer à l’autre bout du pays par un autre déposant.
Comme c’était un reçu qui pouvait être contresigné par Luke, et être confié à John, ce reçu « au porteur » pouvait servir à John pour récupérer lui aussi cet or, soit chez Goldsmith, soit chez Rockfailer. L’échange entre Luke et John pouvant s’effectuer au cours d’une transaction, ce reçu, moyen de paiement, peut être considéré comme de la monnaie.
D’autant plus que ce reçu de dépôt avait 2 autres qualités, que l’on recherche habituellement dans une monnaie : c’est une unité de compte, ou « étalon de valeur » (d’où l’expression « étalon-or »), c’est aussi une réserve de valeur.
A partir du moment où ces reçus ont commencé à passer de mains en mains et à être utilisés comme moyens de paiement, les banquiers se sont aperçus qu’on venait assez rarement « piocher » dans leurs stocks d’or, et que les véritables « mouvements d’or » ne concernaient, en moyenne qu’entre 5 et 10% de la quantité totale d’or ainsi entreposée.

Les banquiers, pour éviter que leur or – ou plutôt l’or de leurs déposants – ne « dorme » ainsi, ont alors commencé à émettre autre chose que des reçus de déposants : ce fut les premiers « banknotes », ancêtres de la monnaie scripturale.
Par ces « bouts de papier » - qui ne reposaient plus que sur une petite partie de « vrai or » - la banque Goldsmith indiquait que son client Bruce pouvait disposer d’une certain montant d’or, Goldsmith s’engageant à honorer tout retrait ne dépassant pas ce montant. C’est ainsi qu’avec un stock d’or d’un million de dollars, la banque Goldsmith pouvait prêter 5, 10 parfois 20 fois ce stock, comptant sur le fait que les banknotes émis serviraient plus comme moyens de paiement que comme moyens de retrait bancaire.

Les limites légales, économiques et éthiques du fonctionnement monétaire actuel.
Peut-on qualifier ces prêts d’escroquerie, puisque les banques, qu’elles datent de 2 ou 3 siècles ou de l‘époque actuelle, prêtent de l’argent qu’elles n’ont pas.
Sur un point de vue individuel, il est sûr qu’un client particulier, aussi important soit-il, ne risque pas de mettre en faillite une banque donnée – même si, dans un roman d’Alexandre Dumas, le comte de Monte-Christo avait réussi à ruiner le banquier Danglars de cette façon.
D’un point de collectif, d’un point de vue purement éthique, il est sûr que c’est une escroquerie patente, puisque la collectivité ne peut pas, globalement, convertir soudainement toute la monnaie scripturale en espèces. D’un point de vue économique, c’est plus discutable, tout dépend bien sûr de l’utilisation des prêts, et du taux d’intérêt consenti aux emprunteurs. Il ne’ faut jamais oublier que la monnaie, qu’elles soit scripturale ou « fiduciaire » n’a de valeur que s’il existe en face des richesses concrètes, de biens et services, que l’on puisse acheter. Si plus personne ne produit, la monnaie n’aura plus aucune valeur, et le fait d’avoir de l’argent « en réserve » n’aura plus de sens. D'un point de vue juridique, ce pouvoir est parfaitement légal.

Les banques et les banquiers devraient avoir en contrepartie une obligation économique, sinon morale : si les prêts qu’ils consentent servent au bien commun, et au développement de l’économie, on peut « oublier » le fait que leurs prêts s’apparentent à une escroquerie, librement acceptée ou consentie, par les autorités de tutelle monétaire, la Banque Centrale, elle-même censée être au service de la communauté.
Dans le cas contraire, les pratiques des banques s’apparentent plus à de la cavalerie « à la Madoff » ou à la « Fonzi** » et devraient être sanctionnées comme telles.

Avant d'évoquer les dysfonctionnements monétaires éventuels, qu’ils soient occasionnels, probables , voire certains, penchons nous sur le lien « formel » qu’il y a entre la quantité de monnaie scripturale émise par les banques commerciales, et la quantité de monnaie « centrale » émise par les autorités monétaires, la Banque Centrale.

Les banques centrales (BC), premier étage de cette pyramide monétaire, émettent, c’est à dire créent, sous deux formes, la monnaie centrale, ou base monétaire (cf : http://www.skyminds.net/economie-et-sociologie/les-activites-economiques-et-leur-cadre-social/le-financement-de-leconomie/ :
- a) la monnaie fiduciaire, seule à avoir cours légal, cette monnaie que les banques préfèrent recevoir que donner (puisque leur levier de création monétaire, leur pouvoir monétaire, en dépend en partie): l'image en est celle de "la planche à billets".
-b) la monnaie centrale scripturale, ou électronique, qui n’existe que dans les fichiers informatiques de la BC et qui est affectée aux comptes des institutions financières. Ces comptes font partie de ce que l’on appelle les réserves obligatoires des banques commerciales (cf. article 19.1 des statuts du SEBC). Le taux de réserve est fixé à 2% pour la zone euro contre 10 à 12% actuellement en Chine.

La création de monnaie centrale scripturale, que l’on illustre parfois par l’expression « injection de liquidités » (en sens inverse, la destruction de monnaie centrale correspond à une « absorption de liquidités » par la Banque Centrale) se fait de la façon suivante.

La B.C. achète des titres (de type Obligations ou Bons du Trésor) en utilisant de la monnaie banque centrale, en créditant d’autant les banques acheteuses, ce qui améliore la liquidité bancaire. Inversement dans le cas où la banque centrale souhaite limiter la liquidité bancaire – et donc le « pouvoir monétaire » des banques commerciales - elle vend des titres aux banques afin d'effectuer une ponction sur leurs réserves de monnaie.

Supposons maintenant que la Société Générale décide d’accorder 100 millions d’euros à Total pour moderniser une de ses raffineries. Si la Société Générale a déjà atteint son ratio de réserves obligatoires de 2%, elle devra - ou devrait, car ce n'est pas toujours aussi strict - pour accorder ce prêt, se "refinancer" auprès de la Banque Centrale (ou auprès de l’un de ses collègues banquiers) de 2 millions d’euros en « monnaie centrale ».

La masse monétaire totale aura alors augmenté de 100 millions d’euros (si la B.C. est intervenue, ce sera une augmentation de 98 millions de monnaie scripturale bancaire, et de 2 millions de monnaie centrale : autrement, si la société Générale s’est re-financée sur le marché interbancaire, les 100 millions seront uniquement de la monnaie scripturale bancaire).

Autres règles ou obligations 'prudentielles' limitant le pouvoir monétaire des banques:
Les banques doivent aussi respecter, avec plus ou moins de rigueur, d’autres ratios : le ratio de liquidité – pour éviter le « cash run », c'est-à-dire le cas où trop de leurs clients retireraient des espèces en même temps – le ratio de solvabilité (mesurant les encours de crédit, c'est-à-dire le montant des prêts accordés, relativement à leurs fonds propres)

Les accords de Bale sont censés interdire aux banques d’avoir un ratio de solvabilité, ou « tier », de moins de 8% (c'est-à-dire que les encours de prêts ne devraient pas être plus de 12,5 supérieurs aux fonds propres). La BNP est très au-delà de ces « règles », puisqu’au 31 décembre 2009, le total de ses dettes se montait à 1 977 milliards d’euros - montant supérieur au PIB total de la Fance ... - soit 24,6 fois le montant des capitaux propres qui s’élevaient à 80 milliards d’euros (soit 4,1 % du total des dettes).

Les lacunes d’un tel système sont nombreuses : elles reposent essentiellement sur le choix judicieux que peuvent faire, ou ne pas faire, les banques commerciales en accordant leurs crédits, et sur les possibilités et la volonté de contrôle de la Banque Centrale vis-à-vis des banques commerciales.
Les banques ne veulent prêter qu’à des entreprises ou à des personnes solvables, ou dont les dettes seront payées par des entités solvables. De fait, si c’est le taux d’intérêt espéré qui est le moteur des prêts consentis par les banques, et même si les prêts sont consentis « ex nihilo », lorsqu’un emprunteur est déclaré insolvable, la créance non honorée – si elle est reconnue telle, va diminuer le « bas de bilan », c'est-à-dire les fonds propres de la banque, et va impacter ainsi le ratio des Ressources Obligatoires de la dite banque, ainsi que, plus indirectement, son ratio de liquidité : à moins, bien sûr, de tenter de sortir les créances douteuses de son bilan avant qu’elle n’ait besoin de « rendre des comptes ».

La création monétaire scripturale des banques, si elle existe, n’est pas sans limites. Quand le contexte économique est relativement favorable, quand il n’y a pas de crises majeures, on ne remet d’ailleurs pas vraiment en cause ce pouvoir de création. C’est ainsi que personne n’a vraiment protesté lorsque, en 1973, les dettes de l’Etat auprès des banques commerciales sont devenues productrices d’intérêt pour celles-ci : peut être parce que la pensée économique dominante affirmait que si l’Etat devait payer pour s’endetter, il réfléchirait à deux fois avant d’envisager tout déficit budgétaire.

Plus grave encore, peu de gens, à l’époque, avaient protesté contre l’adoption, en 1992, du traité de Maastricht, qui interdit, entre autres à un état de la zone Euro de se re-financer directement auprès de la Banque Centrale : d’où un montage bizarre et très coûteux pour un état qui voudrait emprunter.
La BCE prête actuellement à moins de 1% aux banques commerciales, qui, elles –mêmes vont prêter à l’état ou aux administrations publiques à 4 ou 5%. Quand on songe que si la France, depuis 1973, n’avait emprunté qu’au taux « éthique » - c'est-à-dire au taux de croissance corrigé par l’inflation – sa dette publique ne serait que la moitié de ce qu’elle est.
Si l’état avait emprunté sans intérêts, sa dette publique aurait été réduite à zéro, fin 2007. En fait, la totalité des impôts sur le revenu est du même ordre de grandeur que ce que la France paye comme intérêts aux banques commerciales.

En période de crise, surtout lorsque l’on sait depuis 2007-2008 que l’origine de la crise actuelle est à la fois financière et bancaire, - spéculation boursière sur les actions, obligations et produits dérivés ainsi que la titrisation de créances douteuses portant essentiellement sur le marché immobilier - la relative impunité dont jouissaient les banques peut être remise en question.

On est alors de plus en plus tenté de s'interroger sur la véritable utilité des banques. De fait, en cas de crise de sous-production et de chômage grandissant, si la monnaie apparaît toujours essentielle au fonctionnement d’une économie moderne, le fait que les mécanismes monétaires soient essentiellement entre les mains des banques, qui ont donc le pouvoir exorbitant d’orienter les décisions industrielles et commerciales en octroyant, ou non, de nouveaux crédits est de plus en plus remis en question.

Face à ce pouvoir qui peut apparaître indu, voire scandaleux, deux attitudes extrêmes sont possibles : le déni d'un côté, ou la recherche de solutions plus ou moins "révolutionnaires" amenant à une profonde réforme monétaire.

Le déni se concrétise par la tentative désespérée de certains de nier l’évidence - le fait que la monnaie scripturale existe bel et bien et sert dans 95% des échanges économiques - en rejetant comme stupide voire débile la simple idée d’une création monétaire par les banques commerciales : d’où l’impossibilité dans ce cas de rechercher une solution « bancaire » à la crise actuelle, et donc le choix, délibéré ou non, d’orienter la recherche de solutions vers d’autres moyens que le contrôle des banques.

Parmi ceux qui reconnaissent le pouvoir « créationniste » des banques, et qui veulent le limiter, voire même le supprimer, certains soutiennent les propositions du groupe « 100% monnaie », à la suite de M. Allais.
La monnaie n’existerait plus que sous sa forme centrale (espèces ou « scripturale ») et ne serait émise que par l’institut d’émission, la Banque Centrale.

Cette solution, ainsi que d’autres – dont celles du crédit social, du crédit mutuel, de la monnaie estampillée ou « fondante » seront décrites dans des billets à venir.
Il est clair que dans le contexte actuel où l’on constate à la fois des besoins non satisfaits, des capacités de production inutilisées, et donc une production réelle de richesses réelles très inférieure à la production potentielle, la monnaie, qui ne se justifie vraiment – et qui n’a une véritable valeur - que relativement à ces richesses, ne joue pas efficacement son rôle économique.

Précisons que, dans la zone euro, la monnaie M1 a augmenté en 2009 de 12,5%, alors que le PIB est resté stable, et que les crédits à l'économie n'ont pas varié (solde net: zéro). Où est donc passé cette nouvelle monnaie, à quelle nouvelle "bulle spéculative" doit-on donc s'attendre, si rien n'est fait?

B.L.

** Merci au commentateur qui a remarqué mon lapsus, en notant que c'était à Ponzi, et non à Fonzi, que l'on devait ce type d'escroquerie: lapsus que je conserve cependant, par honnêteté et aussi parce que le commentaire est amusant.

Commentaires

  1. Pas mal pour un retraité! :-)
    A propos de cavalerie, c'est plutôt Ponzi, Il est vrai que Fonzi fait penser à la Fonte...des économies des victimes!
    Yves

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  2. Bonjour Bruno

    Tu écris "Les accords de Bale sont censés interdire aux banques d’avoir un ratio de solvabilité, ou « tier », de moins de 8% (c'est-à-dire que les encours de prêts ne devraient pas être plus de 12,5 supérieurs aux fonds propres). La BNP est très au-delà de ces « règles », puisqu’au 31 décembre 2009, le total de ses dettes se montait à 1 977 milliards d’euros - montant supérieur au PIB total de la Fance ... - soit 24,6 fois le montant des capitaux propres qui s’élevaient à 80 milliards d’euros (soit 4,1 % du total des dettes)."

    Il me semble voir ici une erreur et que tu reprends l'argumentation (à mon avis erronée) de Chevallier:
    Les "dettes" de la BNP sont à mon avis, en bonne partie du passif, donc des DAV,
    Ceci n'a rien à voir avec les encours de prêts ... non ?

    Amitiés
    AJ

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  3. bonjour, Bruno

    merci de cet article et de votre effort pédagogique

    je suis étonné de voir qu'un économiste canadien appelle "création monétaire" le prêt accordé à un de ses clients par la banque
    des dollars déposés auparavant chez elle par un autre client

    si vous avez le temps d'y jeter un oeil, que pensez-vous de cet article :

    http://minarchiste.wordpress.com/2009/09/10/comment-les-banques-creent-de-largent/#comment-851

    entre la création ex nihilo et la conservation jorionesque, voici qu'il existe une 3e voie : un mixte entre création et conservation !

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  4. Ce n'est pas tout à fait comme une chaine de Ponzi qui n'est pas bornée, bon c'est vrai que 5% de réserves le plafond est élevé mais au moins il existe. Après il y a le problème de l'aléa moral des banques commerciales qui savent qu'elles seront renflouées par la Banque centrale en cas de défaut de réserve, on applique mal la théorie du prêteur en dernier ressort.

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  5. Il y a l'argent fiduciaire comme les billets de banque et la monnaie ayant cour légale et il y a la monnaie scripturale sans cours légale que l'on créé d'un trait de plume et qui s'efface aussi d'un trait de plume, il y a aussi l'argent divisionnaire comme les lingots d'or, les timbres poste, les tableaux d'arts et tout ce qui converti l'argent fiduciaire en valeur refuge réelle.

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