EuroOrNotEuro_CelaSembleEtreLaQuestionFondamentale

Euro ou pas Euro. Faut-il en sortir, ou peut-on y rester?

Q. Bonjour

Bonjour

Q. Un sondage récent semble indiquer que moins de 20% de nos compatriotes souhaitent sortir de l’Euro. Ont-ils raison ?

Raison, je ne sais pas. Mais je peux comprendre leurs craintes, leurs peurs. Il est possible aussi que la position de Marine Le Pen et de ses conseillers économique n'ait pas été suffisamment expliquée,et donc n'ait pas été suffisamment comprise.

Q. Pouvez-vous préciser ?

Tout d’abord, ce n’est nullement pour des raisons idéologiques que Marine Le Pen jugerait souhaitable de sortir de l’Euro, mais parce qu’elle pense que c’est inévitable.

Et je dis cela tout en sachant pertinemment que les grecs, même privés de référendum, ont eux aussi pensé qu’il valait mieux rester dans la zone Euro que d’en sortir.

Je pense que ce fut un mauvais choix, mais vu le matraquage idéologique auquel ils ont été soumis de la part de leurs gouvernants et des organisations internationales, c’était difficile de penser différemment.

Je pense vraiment – comme les Prix Nobel Stiglitz et Krugman - que la moins mauvaise solution pour eux aurait été de sortir de l'Euro, voire d'aller jusqu'à répudier leurs dettes publiques. Même si aucune comparaison ne vaut raison, les Grecs auraient pu faire comme les Argentins.
Je crois aussi que, s’il y a des positions idéologiques, c’est bien du côté des défenseurs de l’Euro qu’il faut la chercher.

Q. Mais si nous revenions à la position française, et aux souhaits des français …

Je voudrais vraiment insister à nouveau sur le fait que ce n’est pas par idéologie anti-européenne que Marine Le Pen pense que l’Euro n’est pas viable, et qu’il faut donc déjà imaginer de sortir de la zone Euro. Cette position repose sur des faits.

Q. Pouvez-vous nous les rappeler ?


Il suffit, hélas, de considérer les ravages sociaux et économiques, internes à la zone Euro, en simplement 10 ans d’existence, ravages anticipés par beaucoup, et plus particulièrement par le Prix Nobel d'économie, Maurice Allais.

La zone Euro, dans sa composition actuelle, et avec les décisions que s’obstine à prendre la BCE, ne peut subsister sans causer des dommages de plus en plus irrécupérables, au moins du point de vue de la France et des Français.

En 10 ans, notre commerce international, qui était excédentaire en 2002, est devenu lourdement déficitaire: 70 milliards en 2011, dont 30 milliards de déficit avec l'Allemagne et 20 milliards avec la Chine.

Notre dette publique est passée de 900 milliards d'euros à plus de 1700 milliards fin 2011.

Notre chômage a explosé.

45 milliards de capitaux ont quitté chaque année la France, en solde net, ce qui correspond aux 100 000 emplois industriels perdus annuellement pendant cette période.

Q. Ne serait-ce pas une coïncidence ?


Coïncidence? C'est possible, mais peu probable. Il y a sans doute d'autres causes, comme la financiarisation de plus en plus poussée de notre économie, et l’ultralibéralisme voulu par l’OMC, cette "chienlit laissez-fairisme". Ces autres causes, Marine Le Pen cherche aussi à les combattre.

Mais revenons à la seule question de l'Euro. Que pourrait-on faire pour rester dans la zone Euro, sans que cela ne conduise à une tragédie "à la grecque"?

J’y vois au moins quatre conditions.

Q. Lesquelles ?


Il faudrait pour le moins:

1) rééquilibrer les échanges intérieurs à la zone euro, si l’on ne peut toucher à ses parités "fixées dans le bronze", afin de respecter les articles 1 à 4 de la charte de la Havane, et éviter ainsi une guerre commerciale à l'intérieur même de la zone Euro (ou exiger de l'Allemagne qu'elle nous donne - pur don - les 30 milliards d'euros que sa monnaie sous-évaluée nous coûte chaque année, argent que nous investirons pour rééquilibrer cette balance commerciale). Plus généralement, cela consiste à demander et obtenir une réciprocité dans les flux de capitaux, de biens, de service et de personnes.

2) exiger de la BCE qu'elle puisse financer directement les Etats – sous contrôle des représentants de leurs peuples respectifs - plutôt qu’uniquement leurs banques privées, dans une limite à débattre (abrogation des articles Maastricht104 et Lisbonne 123, (in-)dignes continuateurs de la loi de janvier 1973).

3) obtenir des USA et de la Chine une appréciation de leur monnaie contre l'euro, ce dernier étant trop cher d'au moins 10 à 15%

4) séparer d'urgence les différents organismes bancaires et financiers, pour préparer le passage au "100% monnaie centrale émise par la banque centrale" réclamée par Fisher et Allais.

Q. Et si ces conditions ne sont pas réalisées ?


Ce sont quatre conditions minimum pour que l'euro reste viable.

Mais si une seule de ces conditions est impossible à réaliser, du fait de l'obstination ou la mauvaise volonté de l'une quelconque des instances qui nous imposent actuellement leur diktat et qui tentent de nous régenter- à savoir la BCE, le FMI, l'OMC ou Bruxelles, il n'y aura qu'une seule solution.

Pour éviter de faire subir au peuple français la longue agonie du peuple grec, il faudra transformer la monnaie unique actuelle en monnaie commune, transformation accompagnée d'un passage au franc2012 (ou à l'euro franc, ou à l'euro français ...) ce qui aura aussi pour conséquence le passage à une souveraineté plus stricte, plus conforme à celle dont la France disposait avant 1973, pendant les Trente Glorieuses...

Ce n'est donc pas par idéologie que Marine Le Pen s’oppose à ce qui pourrait apparaître comme un acharnement thérapeutique, le sauvetage de l’Euro coûte que coûte, mais par réalisme, son seul souci étant que (re)vive la France.

Q. Mais si ce n’est pas le souhait des français ?


Il faut espérer que Marine Le Pen aura l’opportunité de montrer au cours de la campagne présidentielle que la peur des français, bien compréhensible, est peut être mal orientée, et que le système –celui que Marine Le Pen combat - a tout intérêt à effrayer nos compatriotes et à jouer sur une peur du changement tout à fait légitime.

A l’instar de Marine Le Pen, nous ne pensons pas que l’objectif « que revive la France » soit possible dans les conditions actuelles de fonctionnement de l'Euro, même si nos adversaires affirment - sans aucun argumentaire sérieux à l’appui de leurs affirmations - que la disparition de l'Euro serait aussi la disparition de l'Europe et la déchéance de la France.

Version vidéo dailymotion de cet entretien, ainsi qu'une version youtube

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