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Consommateur
schizophrène et contribuable insatisfait: de la nécessité d’une politique
cohérente.
par Bruno
Lemaire, Club Idées Nation
En tant que consommateur, nous
voudrions payer le moins cher possible nos achats de biens et services, et nous
nous soucions donc assez peu de savoir si nous achetons, ou non, français, et
si nos achats contribuent, ou non, au déficit commercial de la France. Le
contribuable, lui, trouvera le plus souvent qu’il est trop imposé, et que les
administrations ne sont pas assez efficaces. L’entrepreneur, enfin, tentera de
générer un chiffre d’affaires suffisamment important pour lui permettre de
vivre, fut ce au détriment de ses salariés.
En poussant cette situation à
l’extrême, imaginons que nos « gouvernants » veuillent privilégier le
pouvoir d’achat de leurs administrés. Pour les fonctionnaires, cela paraît
facile, il suffirait de les augmenter – quitte à repousser la question du
financement de cette mesure éventuelle - mais pour les salariés du privé, ce
n’est pas vraiment au pouvoir de nos gouvernants, à une modification du SMIC
près. Quant à privilégier les consommateurs, la « demande », la
solution la plus simple serait dans ce cas d’ouvrir sans aucune restriction les
frontières, afin de permettre aux produits d’importation d’envahir les gondoles
de nos magasins. Mais même cette solution ‘simple’ se heurte à un
« léger » problème, celui du financement
du déséquilibre commercial qui s’ensuivrait.
Bien entendu, aucune de ces
remarques de bon sens n’est vraiment nouvelle, même si les experts ès économie,
qu’ils se rattachent à l’école classique (celle de Smith, de Ricardo ou de Say)
ou des néo-classiques, celle de Walrass ou Tirolle, ultra-dominante
actuellement, nient en fait la réalité du problème, ou, plutôt, la rejettent
sur des interventions intempestives des « autorités ».
Pour Say, ‘revisité’ par Keynes,
l’offre créant sa propre demande – c’est aussi ce que semblent dire les experts
de l’INSEE dans leur calcul du PIB – il
ne peut y avoir de souci, de gap, entre les revenus distribués et les produits
disponibles : allez donc le dire à tous les miséreux, les « sans
dents », de plus en plus nombreux, qui se demandent périodiquement comment
terminer le mois.
Pour les économistes orthodoxes,
« néo-classiques », adeptes de la ‘macronéconomie’, qui hantent les salons de télévision ou les
bureaux gouvernementaux, il « suffirait » de déréguler l’économie,
c’est-à-dire de laisser faire, pour que l’Offre et la Demande s’équilibrent
automatiquement, et que la question des déficits se résorbe automatiquement. Là
encore, demandez à nos chômeurs ce qu’ils en pensent ?
Certes, il n’y a pas de méthode
miracle pour sortir de la crise actuelle, mais le simple bon sens nous dit,
nous hurle même, que ce n’est pas en lassant notre nation ‘enfoncer dans la
misère, l’absence de travail, la dette, le déséquilibre commercial, la
désindustrialisation qu’elle s’en sortira.
La priorité des priorités, c’est
bien sûr de ne pas vivre ou consommer au-dessus
de nos moyens, ou plus exactement au-dessus du travail fourni. C’est vrai
pour les salariés, qui aimeraient bien travailler utilement, plutôt que de voir
leurs emplois partir à l’étranger. C’est vrai pour nos entrepreneurs, qui ne
comprennent pas comment les actionnaires peuvent espérer des rendements de 15 à
20% alors que les entreprises concernées ont déjà du mal à avoir un résultat
net positif. C’est vrai pour tous ceux qui se sont endettés pour vivre, et
parfois pour simplement survivre, en se demandant comment ils pourront
rembourser un jour ces créances de plus en plus lourdes à porter.
Faisons surtout en sorte que le travail fourni localement puisse nous permettre de rééquilibrer nos échanges, avec des exportations équivalentes aux importations. C’est ce que le bon sens suggère, c’était aussi la volonté des dirigeants des pays fondateurs de l’ONU, à la sortie de la guerre de 39-45.
Et si l’esprit, de bon sens et d’équité, de la charte de la Havane de 1948 conduit à remettre en question les accords de libre-échange de l’OMC, créée hors ONU en 1995, et bien, peu importe. Ce qui compte, c’est bien de comprendre que le travail, manuel ou intellectuel, est la principale richesse de notre pays, et que s’en passer ne peut qu’approfondir la crise actuelle. Qui peut admettre, en dehors d’idéologues ou de théoriciens aveugles, que l’on puisse avoir en même temps 5 ou 6 millions de chômeurs, et des dizaines de milliards d’euros de déficit commercial.
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