Les attaques délirantes de l'Institut Montaigne contre le programme de Marine Le Pen
Bruno Lemaire,
économiste, ancien doyen associé d’HEC, secrétaire général du club Idée Nation.
L’institut Montaigne, organisme très lié à l’ex-UMP commence son
réquisitoire contre le programme présidentiel de Marine Le Pen par une malhonnêteté,
sinon une contradiction, puisqu’il écrit : « Aucune mention à l’euro tel quel dans ses 144 engagements […] et tout
juste un mot au point 35 du "rétablissement d’une monnaie nationale
adaptée à notre économie" »
Nul besoin en effet d’avoir fait l’ENA, ni même d’être un simple
étudiant en Sciences Eco pour comprendre que le rétablissement d’une monnaie
nationale signifie qu’on ne peut conserver
l’euro en tant que monnaie unique. En ce qui concerne la monnaie commune, c’est un tout autre débat puisque
chacun sait, ou devrait savoir, qu’une « monnaie
commune » n’est pas une véritable monnaie, mais représente simplement
un système monétaire international dont un ersatz pourrait être l’ancien écu, à
ceci près que ses variations devront être davantage liées à la puissance
économique des diverses nations concernées, ce qui serait tout à fait conforme
à l’esprit de la Charte de la Havane, que soumises, comme dans le passé, à l’influence
spéculative des marchés financiers.
Autre allégation fantaisiste, pour ne pas dire fallacieuse, l’idée que
la renaissance d’un franc2017 « adapté » à notre économie nous
coûterait des dizaines voire des centaines de milliards, alors que c’est
justement le contraire qui se produirait, si
du moins l’on accompagne cette renaissance de notre souveraineté monétaire par
un protectionnisme intelligent.
De fait, la seule dépréciation du franc2017 par rapport au mark2017 d’environ
20% non seulement comblerait le déficit actuel d’une vingtaine de milliards,
mais le transformerait en excédent d’environ le même montant en quelques mois,
soit une différence positive de 40 à 45
milliards avec la situation actuelle.
En ce qui concerne d’autres pays, pour lesquels la dépréciation serait
moins importante ou jouerait moins (par exemple les pays asiatiques comme la Chine,
le Vietnam ou la Malaisie) des mesures ciblées, comme des droits
à importer (sur modèle analogue à celui que Warren Buffet avait proposé en
son temps à B. Obama, variante plus subtile que les « droits à polluer »
évoqués dans un autre contexte) ou d’autres mesures plus classiques devraient
permettre de résoudre notre problème structurel de déficit commercial, qui
varie entre 40 et 60 milliards depuis que l’euro a été instauré dans l’U.E.
Nous avons d’ailleurs consacré plusieurs billets à ce sujet, celui de l’import-export
et du protectionnisme
intelligent. Qu’il suffise ici de dire que les chiffres délirants annoncés
par l’Institut Montaigne ne correspondent à rien de sérieux, puisque les
mesures annoncées par Marine Le Pen devraient, au contraire, permettre de réindustrialiser la France tout
en stabilisant la dette publique actuelle et en réduisant son déficit
commercial à zéro, ce qui, là encore, est dans l’esprit de la Charte de la
Havane que l’ONU avait proposée au lendemain de la deuxième guerre mondiale.
Mais cela, les experts ultra-libéraux de l’Institut Montaigne ne veulent pas
entendre parler.
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