La question de l'euro, certes importante, ne serait-elle pas une question seconde vis à vis de la priorité nationale?
Faut-il attendre
que l’euro meure, ou non, de mort naturelle ?
Par Bruno Lemaire, club Idées Nation, ancien responsable
Recherche et Développement à IBM conseil
On pourrait penser que tout a été
dit sur l’euro, les pour, les contre, les €lâtres, les €phobes, et que, d’une
certaine façon, le « peuple » a tranché, en
dépit d’un débat présidentiel calamiteux sur la question : les
français voudraient conserver l’euro, à 70%, d’après plusieurs sondages à peu
près sérieux.
Quand on pense que le même peuple,
d’après d’autres sondages, a peur de l’immigration, mais cette fois à 70%, et
pense qu’il faudrait prendre des mesures énergiques pour la maîtriser, et même
l’empêcher, on pourrait se dire que le Front National, qui était présenté
naguère comme le premier parti d’opposition, voire comme le premier parti de France, et qui a vu sa présidente se
qualifier pour le deuxième tour des présidentielles, a manqué de jugeote électoraliste,
pour ne pas dire d’intelligence.
Est-ce si sûr ? C’est ce
point que je voudrai aborder maintenant.
De fait, parmi les mesures d’ordre
économique proposées depuis des années par le Front National, il y a une mesure
qui est presque passée inaperçue, et qui pourrait pourtant servir de pont entre
ces deux questions, l’une d’apparence civilisationnelle et l’autre d’aspect
plus technique et économique, je veux parler de la priorité nationale.
Aucun groupe, aucune société,
aucune nation ne peut se développer, ni même survivre, si il ou elle n’est pas capable
de réguler différents flux externes, que ces flux soient matériels ou immatériels.
D’un point de vue philosophique on pourrait dire qu’un groupe, un peuple, une
nation doivent partager des notions
voisines sur ce qui constitue le bien, le beau, le vrai, ce que l’on
pourrait qualifier de valeurs civilisationnelles. Il ne s’agit pas de dire que
les valeurs d’un groupe donné sont nécessairement supérieures à celles d’une
autre entité, mais qu’elles sont globalement différentes, puisque ce sont
celles-ci qui sont constituantes de ce groupe, de ce que l’on traduit parfois
par le nom de civilisation, ou, à un autre niveau, de culture.
Sur le plan purement économique, il
devrait donc apparaître clairement que la déperdition ou le déficit d’énergie humaine,
pour reprendre les termes de Marc Dugois dans son petit dictionnaire
économique qui se concrétise depuis 15 ans par un déficit commercial annuel
oscillant entre 50 et 70 milliards d’euros, et sur le plan démographique par
une submersion migratoire dépassant allègrement annuellement deux cent mille
personnes, dont la plupart ne cherche ni à s’intégrer, et encore moins à s’assimiler,
constitue un péril mortel, au moins au niveau des valeurs qui constituent le
groupe social « France ».
Que l’euro, outil technique créé
essentiellement pour tenter d’unifier, de gré ou de force, des pays très
différents, tant sur le plan social qu’économique, soit ou non un échec peut
effectivement être interrogé, mais ne peut, ou ne devrait pas, être considéré
comme prioritaire. C’est pourtant bel et bien de priorités qu’il s’agit, et
pour reprendre le terme passé un peu en désuétude, de priorité nationale, si du moins l’on
veut conserver le concept de nation. L’Europe telle qu’elle est actuellement
plus ou moins bien administrée par les institutions de l’Union Européenne est donc
bien loin de l’Europe des Nations et des
Libertés que les peuples constituants, et leurs premiers leaders, avaient
en tête il y a 60 ans.
Cette priorité nationale, que
tout peuple devrait rechercher, va donc bien au-delà de « simples »
problèmes économiques – très loin d’être simples, d’ailleurs – mais passe, à l’évidence,
par des mesures économiques et législatives permettant à tout pays d’être maître
à l’intérieur de ses propres frontières.
Ce pays doit pouvoir, pour le
moins, équilibrer ses échanges commerciaux avec l’extérieur, ce que la charte
onusienne dite de la Havane réclamait pourtant au sortir de la deuxième guerre
mondiale, et ce que l’Allemagne bafoue allègrement depuis près de 20 ans, avec
un excédent commercial de plus en plus
important. Cet excédent permettrait d’ailleurs
à l’Allemagne de financer cinq fois le déficit commercial de la France, ou
encore de financer annuellement 60 ou 70 porte-avions de type Charles de Gaulle,
alors que le déficit français correspond, lui, au fait que l’équivalent de 12 porte-avions
est coulé chaque année !
Le dilemme est donc simple. Soit
nous continuons comme depuis 30 ou 40 ans, et la France devient une province de
moins en moins respectée et respectable d’un être informe et multi-culturel qui
continuera quelques décennies à s’appeler Europe, avant que les vagues
migratoires essentiellement sub-sahariennes n’aient contribué à en changer plus
ou moins complètement le ou les modes de vie.
Soit, au-delà des vrais problèmes
économiques qui se posent à la France, dont certains sont évidemment causés par
un euro
si mal adapté à notre économie, mais si favorable à l’Allemagne, nous
saurons aborder et traiter en priorité le problème de notre identité, de notre
sauvegarde civilisationnelle, de notre indépendance, et trouverons les
ressources et le courage pour défendre nos propres valeurs, qui passent
nécessairement par la mise en exergue de la priorité nationale, au-delà mais incluant la question
légitime de nos diverses souverainetés.
Espérons que ce message d'intelligence et de bon sens puisse rassembler et fédérer à une époque où la survalorisation de la pureté et la sous-valorisation du bien entraînent les divisions et les sectarismes.
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