DesDettes à taux zéro, arnaque ou nouvelle manne
Des dettes à taux zéro : est-ce génial, ou une arnaque, et si oui, pour qui, et qui en profiterait ?
par Bruno Lemaire, ancien doyen associé
d’HEC
Préambule : les grands experts économiques, les « pseudo
Nobel » de l’Economie (car le Prix Nobel d’économie n’existe pas, peut
être est-ce justifié) nous répètent depuis des décennies que le taux d’intérêt,
c’est le prix de l’argent, en corrélation étroite avec le « taux de
rendement », c’est-à-dire l’efficacité de l’économie. Mais avec des
emprunts à taux zéro, voire à taux négatif, l’argent n’aurait-il plus de prix,
et n’y aurait-il plus à espérer de taux de rendement positif associé à des
investissements productifs ?
Q. Et si nous commencions par le commencement, à savoir
les dettes et son mécanisme ?
Chacun croit savoir ce qu’est un emprunt, et quasiment chacun
d’entre nous a sans doute contracté un emprunt au cours de sa vie, pour
financer qui un logement, qui une voiture, qui l’extension de son magasin, de
son atelier ou de son usine, qui pour acheter tel ou tel outillage, qui encore
pour faire face à des difficultés financières passagères (parfois appelées,
plus ou moins pudiquement, problèmes de trésorerie). Donc nous sommes tous,
plus ou moins, à un moment donné, des emprunteurs.
Q. Mais qui prête cet argent à ces emprunteurs, qui va
financer ces dettes, il y a bien des créanciers, non ?
D’un point de vue comptable, c’est évident, si vous
empruntez, c’est qu’il y a quelqu’un qui vous prête, mais le créancier, car tel
est son rôle, peut avoir de multiples visages, bien loin de l’imagerie
traditionnelle rangeant d’un côté les cigales, les personnes qui ont besoin
d’argent, et de l’autre côté les fourmis, à savoir les épargnants qui auraient
été plus sages.
Q. Et ce n’est pas le cas, d’un côté des fils prodigues,
des insensés, de l’autre des gens responsables, des épargnants ?
Hélas, non, même si cela a pu être le cas il y a des
décennies, voire des siècles, et même si c’est ce que l’on continue à laisser
entendre dans les manuels scolaires destinés aux apprentis économistes, l’essentiel
des emprunts ne repose pas sur de l’épargne préalable.
Q. Comment cela. Si j’emprunte un million, il faut bien
que quelqu’un me prête ce million, il n’apparaît pas miraculeusement, non ?
Oui et non, en fait, « ON » va vous prêter de
l’argent si « ON » pense que vous allez pouvoir rembourser, mais tout
va dépendre de ce « ON », de ce créancier
Si votre créancier est un ami, ou une personne privée, il y a
un simple transfert d’argent, déjà existant, entre vous et le prêteur,
entre vous en tant qu’emprunteur et vôtre créancier
Q. Dans ce cas, on a bien d’un côté une cigale et de
l’autre une fourmi, un « dépensier » et un
« épargnant » ?
Oui, mais c’est à peu près le seul cas où cela se passe
vraiment ainsi. C’était aussi le cas il y a une quarantaine d’années en France,
quand votre prêteur, votre créancier, était une caisse d’épargne. A cette
époque, les caisses d’Epargne n’avaient pas le droit de vous prêter de l’argent
qu’elles n’avaient pas en caisse.
Q. Et maintenant ?
C’est sous Mitterrand, en 1983-1984, que les caisses
d’Epargne se transformèrent en banques généralistes, au lieu de simples banques
de dépôts. Elles eurent alors la possibilité, comme d’autres banques, de
prêter, dans une certaine mesure, de l’argent dont elles ne disposaient pas.
Q. Comment cela ?
Quand vous contractez un prêt auprès d’une banque de crédit,
cet organisme vérifie prioritairement que vous allez pouvoir rembourser, mais
elle ne va pas, en général, piocher dans le compte d’un autre client pour vous
prêter SON argent. Ce sont les crédits qui font les dépôts, et pas le
contraire.
Q. Ce qui veut dire ?
Les banques n’accordent pas de crédits, qui vont donc devenir
des dépôts pour leurs clients, en fonction de leurs disponibilités mais
essentiellement en tenant compte des possibilités de remboursements du client,
à un bémol près.
Q. Lequel ?
Ils tiennent aussi compte de la tendance du marché bancaire,
en s’efforçant de ne pas prêter proportionnellement plus que leurs concurrents.
Keynes avait parlé des banques qui devaient marcher au même pas, pour éviter un
déséquilibre entre elles qui conduirait à faire appel à la banque centrale (la
seule qui a le droit d’émettre de nouveaux billets)
Q. Mais les banques n’ont quand même pas le droit
d’accorder un montant astronomique de prêts, ce montant est nécessairement
limité, non ?
Effectivement, les banques doivent constituer des réserves
obligatoires, mais qui représentent bien peu de chose par rapport à leur bilan,
de l’ordre de 1 à 2% en fonction des périodes. En ce moment, ces réserves
obligatoires, pour l’ensemble du système bancaire français, se montent à 24
milliards, pour des réserves effectives 12 fois supérieures, et des dépôts des
banques auprès de la banque centrale de plus de 540 milliards.
Q. Il y a donc de la marge, effectivement. Mais qu’est ce
qui limite cette offre de prêts, si ce n’est l’épargne disponible ?
C’est la demande « solvable » qui limite l’offre, comme
dans le dicton « on ne prête qu’aux riches » (ou aux supposés tels),
cette offre ne dépend quasiment pas d’un montant de monnaie qui serait
« disponible », ou déjà « épargnée »
Q. Tout va bien alors, pourquoi se préoccuper d’épargner,
si je peux avoir tout l’argent que je veux ?
Attention, j’ai parlé de demande « solvable », les
banques ne vont donc vous prêter que si elles jugent que vous allez pouvoir
rembourser.
Q. Et sinon ?
Les banques, en fait, ne vous prêtent que de la monnaie
« bancaire », de la monnaie qui circule essentiellement entre les
banques, mais si la BNP prête beaucoup plus, proportionnellement, que le Crédit
Agricole, elle risque d’avoir trop de transferts de la monnaie BNP vers la
monnaie C.A.
Q. Et alors ?
Pour régler ce différentiel, il va falloir qu’une partie de
l’argent (monnaie « vraie » ou monnaie « centrale ») dont
la BNP dispose sur son compte à la banque centrale, la Banque de France, soit
viré sur le compte du Crédit Agricole
Q. Et si son compte ne suffit pas ?
Elle devra solliciter un prêt auprès de la Banque de France,
exactement comme un particulier sollicite un prêt, en cas de difficultés
financières, auprès d’une banque commerciale.
Q. Et si la Banque de France refuse ?
En ce cas la banque est en grosses difficultés, voire en
liquidation, si ses actionnaires ne remettent pas la main à la poche.
Ce fut le cas en 2015 de plusieurs petites
banques italiennes, renflouées par l’état italien par l’intermédiaire d’une
recapitalisation de près de 4 milliards d’euros, qui a recapitalisé en 2016 la
« Banca
Monte dei Paschi di Siena », troisième banque du pays, pour une facture de
6,6 milliards d'euros.
Ce fut aussi le cas en Espagne, en 2017, pour la « Banco
Popular », rachetée pour un euro par la Banque de Santander. On se
souvient aussi de la faillite de Lehman Brothers, qui elle n’était pas une
banque de dépôt mais une banque d’investissements, dont la faillite a été due à
de très mauvais investissements plutôt qu’à des emprunts imprudemment accordés
Q. Cela montre bien qu’une banque commerciale peut faire
faillite, si elle accorde trop de crédits ?
Ces cas sont extrêmement rares, et ne se produisent
d’ailleurs plus dans la mesure où les banques centrales, BCE et Banque de
France, inondent depuis 2015 le marché monétaire de liquidités, entre 40 et 80
milliards mensuels pour l’U.E., et de l’ordre de 8 à 12 milliards pour la
France seule, milliards que l’on retrouve d’ailleurs presque aux ¾ sur les
comptes de dépôt des banques commerciales françaises auprès de la banque de France.
Q. Mais cela peut quand même arriver, vos exemples
précédents le prouvent !
Certes, et un exemple simple va vous montrer que certaines
banques françaises se trouvent sur le fil du rasoir.
Ainsi, en 2012, la BNP, l’une des 4 plus grandes banques
françaises, avait un bilan (à l’actif comme au passif, bien sûr) qui se montait
à 1842,361 milliards d’euros
Q. Quasiment 90% du PIB français de 2012
Tout à fait. Mais intéressons nous à certains postes de son
actif, 260 milliards de titres, 330 milliards de prêts à ses clients, et 386 milliards
de prêts à d’autres banques, les 867 autres milliards correspondant à divers
autres postes
Au passif, pour équilibrer tout cela, en sus de dettes
diverses, la BNP n’avait que 45 milliards de fonds propres, une fois déduite la
perte constatée de près de 6,5 milliards.
Q. 45 milliards, à peine 2.5% du total de son passif,
c’est risqué, non ?
Oui et non, mais ce risque est davantage lié aux
« contreparties » qui figurent à son actif. De fait, 3 dangers
peuvent se présenter, et parfois de façon simultanée, une baisse des titres
(obligations « souveraines » sur d’autres pays, Grèce, Espagne,
Italie, ou actions d’entreprises), un défaut de remboursement de certains
clients (voir la crise dite des « subprimes »), particuliers ou
entreprises, ou encore la faillite d’une autre banque (cf. « Banco
Popular » en Espagne,)
Si le total de cette partie d’actif avait diminué de plus de
45 milliards (moins de 5% de ces 976 milliards) la BNP se serait retrouvée en
situation d’insolvabilité
Q. C’est-à-dire ?
C’est-à-dire que ses capitaux propres se seraient retrouvés
« négatifs » et, pour la sauver, il aurait fallu soit la
recapitaliser (voir ce qui s’est passé pour des banques italiennes) soit la
racheter (comme la banque de Santander rachetant pour un euro la « Banco
Popular »).
Q. Mais si une banque fait faillite, que se passe-t-il,
que deviennent ses créanciers (puisque toute banque a des dettes, à son passif,
non ?)
Dans le passé, c’étaient les actionnaires qui perdaient tout,
mais, maintenant, il est prévu qu’en plus de cela, les déposants, petits ou
grands, peuvent perdre une partie de leurs dépôts. Par ailleurs, « heureusement »,
« ON » pense avoir trouvé la parade infaillible, pour empêcher que de
telles situations se produisent, à savoir inonder le marché bancaire de
liquidités.
Q. Pouvez-vous préciser !
Prenons le cas, hypothétique, dans lequel la BNP de 2012
aurait vu ses titres perdre « virtuellement » de la valeur, valeur qui
serait passé, potentiellement, de 260 milliards à 210 milliards, soit une perte
de 50 milliards.
Q. Dépôt de bilan, alors, pour la BNP ?
Oui et non. Comme on dit souvent chez les financiers ou les
spéculateurs, une perte n’est effective que quand elle est actée. Avec
les nouvelles mesures accommodantes de la BCE, le « quantitative
easing » à l’européenne, il aurait suffi que la BCE décide de racheter ces
obligations douteuses, pour ne pas dire pourries, à sa valeur nominale, mais
pas « réelle », pour 260 milliards (voire 255 milliards, pour
« gronder » un peu la BNP)
Q. Et ces obligations douteuses se seraient alors
retrouvées, pour 255 milliards, au bilan, à l’actif, de la BCE, ou de la BdF ?
Effectivement, et, pour équilibrer les bilans, à la BdF il y
aurait eu, à son passif, 255 milliards sur le compte de la BNP (en fait, dans
la réalité, ces rachats, définitifs ou provisoires dans le cas de « mise
en pension », se font sur plusieurs mois, ces « facilités »
n’ayant jamais dépassé 80 milliards mensuels, soit un peu moins de mille
milliards annuels)
Q. En fait, ces 255 milliards, ce serait de la nouvelle
monnaie, de la « monnaie centrale »
Tout à fait. Pour rééquilibrer le bilan hypothétique de la
BNP, ces 255 milliards grossiraient le poste « caisse » (en attendant
une autre utilisation) de son actif, le poste « titres » étant ramené
à zéro, et, au passif, il y aurait 5 milliards de moins (la perte réalisée)
dans ses capitaux propres.
Quant à la monnaie centrale hypothétiquement créée, elle
resterait, pour le moment, dans le système bancaire, banques privées plus
banque centrale, mais cela peut aussi permettre, non seulement de sauver les
banques commerciales concernées, mais de profiter aussi à d’autres agents
économiques
Q. Et cela marche ?
Plus ou moins. Cela a permis effectivement de sauver
certaines banques de la faillite, mais cet argent supplémentaire, lorsqu’il
quitte les réserves des banques, se traduit essentiellement par des
augmentations de prix dans l’immobilier et sur le marché des actions.
En revanche 90% des agents économiques, les citoyens
« lambdas », n’en voient pas vraiment la couleur. En fait une
inflation insidieuse se développe ainsi, par une hausse des prix d’actifs,
physiques ou financiers.
Q. A-t-on quelques statistiques sur ce phénomène, et sur
cette création monétaire qui ne veut pas dire son nom ?
Entre mars 2015, début du Q.E. « européen », et
mars 2019, la base monétaire française (M0, l’agrégat monétaire qui n’intéresse
plus les experts !) a été multiplié par 3,5 (350% d’augmentation !)
en passant de 235 milliards à 793 milliards : 558 milliards, 10 fois le
déficit français annuel, une paille
Q. Mais où est passée cette « manne »
Pas dans l’économie
réelle, en tout cas, puisque le PIB, la somme des dépenses annuelles, a
augmenté en moyenne (valeur déduite de l’inflation) de moins de 1%.
On retrouve là les réflexions récentes de l’iconoclaste
Olivier Delamarche, qui parlait lui des USA, et qui dénonçait l’augmentation
vertigineuse de dettes (car la monnaie ainsi créée représente bien des dettes
nouvelles) qui doivent augmenter de 7 à 8% pour engendrer un petit 1% de
croissance.
Cette inefficacité, au moins sur le plan économique – d’un
point de vue des banques, il en va différemment, ainsi que pour les détenteurs
d’actions ou de biens immobiliers – peut d’ailleurs se voir dans d’autres
chiffres issus des comptes de la Banque de France
Ainsi, cette augmentation en 4 ans, mars 2015 à mars 2019, de
558 milliards s’est accompagnée de 40% moins d’augmentation dans les dépôts à
vue des clients des banques privées (361 milliards), et d’une augmentation du
même ordre de grandeur (359 milliards) des réserves des banques privées auprès
de la BdF (passées de 119.7 à 478.7 milliards après un maximum de 514.7 en
décembre 2018)
Q. Et quid des billets, les « espèces », le
cash, directement utilisés dans la vie courante ?
De fait les différents états de l’U.E. font tout ce qu’ils
peuvent pour réduire l’utilisation et la circulation des billets. Ces billets
qui représentaient encore, en mars 2015, 70% de la base monétaire n’en représente
plus maintenant, 4 ans après, que 30%. Il est vrai que si le numéraire
est utilisé encore dans la vie courante, pour 80% des transactions, il ne
représente plus que de l’ordre de 3% du montant des transactions officiellement
recensées.
Mais tous ces chiffres confirment que le « quantitative
easing », s’il a profité au système bancaire, a eu très peu d’impact
positif sur la vie de la majorité des français
Q. Cela étant, même si les banques ne sont pas
raisonnables, elles trouvent presque toujours un sauveur auprès de la banque
centrale. Qu’est ce qui empêche alors la banque centrale de continuer de créer
toujours davantage de monnaie ?
Les banques privées, si on leur rachète leurs créances
douteuses, y perdent cependant toujours un peu, c’est mauvais pour leur
rentabilité, pour leur image, et parfois pour leurs dirigeants. Souvenez vous
que dans le cas hypothétique de la BNP, le rachat de 260 milliards de créances
supposées douteuses lui aurait coûté 5 milliards, pour des capitaux propres de
45 milliards, cela aurait fait un peu désordre. Souvenons-nous aussi du cas
Kerviel, licencié pour avoir fait perdre (magnifique bouc émissaire ?) plus
de 4 milliards à la société Générale.
Mais revenons au cas des banques centrales
Q. Oui, qu’est ce qui peut limiter l’action des banques
centrales, et en particulier de la BCE ?
Rien ne saurait limiter son action, si elle était seule au
monde (c’est aussi pour cette raison que la FED s’est longtemps crue autorisée
à faire n’importe quoi, vu le poids de l’économie des USA dans le commerce
mondial), mais ce n’est pas le cas. L’UE n’a ni la puissance des USA, ni celle
de la Chine, et la zone Euro ne représente d’ailleurs que 17 pays des 27 ou 28
pays de l’U.E. On l’oublie trop souvent, mais une création monétaire
inconsidérée, qui ne correspondrait pas à une richesse économique réelle, ne
peut conduire qu’à des catastrophes
Q. Un peu comme lorsqu’une banque privée prête trop par
rapport à une autre banque privée, relativement à sa part de marché ?
Oui, on peut dire cela. En fait une monnaie a deux impacts,
un impact intérieur, que nous reverrons ultérieurement, et un impact extérieur
Si la BCE crée plus de monnaie que la FED ou la banque
centrale de Chine ou du Japon, sa monnaie va se dévaloriser par rapport à celle
des autres pays, du moins dans une situation que les économistes, dans leur
jargon, qualifient de « Ceteris Paribus » !
Q. C’est-à-dire ?
En supposant que rien d’autre ne change (toutes choses
égales par ailleurs) si une monnaie devient relativement plus importante qu’une
autre, cela va avoir un impact sur les échanges commerciaux.
Prenons à cet effet un exemple, avec seuls 4 pays ou groupes
de pays qui échangent entre eux, à savoir les USA, la Chine, le Japon et l’U.E.
(cela représente d’ailleurs 80% des échanges mondiaux réels, mais c’est juste
un exemple)
Supposons que pour un montant donné de leurs diverses
monnaies respectives, par exemple 10 000 milliards de dollars, 10 000
milliards d’euros, 80 000 milliards de yuans (actuellement il faut un
dollar pour acheter 7,8 yuans) et 1000 000 milliards de yens (un million de
milliards de yens, le dollar valant 108yens) les échanges soient équilibrés,
c’est-à-dire que les importations et exportations soient égaux deux à deux, entre l’U.E. et les USA,
entre l’U.E. et la Chine, entre l’U.E. et le Japon, etc.
Si maintenant les banques centrales respectives, pour
diverses raisons, augmentent ou contractent davantage que leurs partenaires leurs
masses monétaires, par exemple s’il y a plus de dollars et relativement moins
d’euros, l’équilibre sera rompu
Pour qu’il puisse se rétablir, il faudrait que la valeur du
dollar diminue et la valeur relative de l’euro remonte. Le dollar sera devenu
moins intéressant, moins cher que l’euro, et inversement dans le cas contraire
Bien entendu, le raisonnement serait le même si on partait
d’une situation initiale déséquilibrée sachant que globalement, évidemment, au
niveau mondial les échanges sont nécessairement équilibrés, puisque le total
des importations est nécessairement égal au total des exportations, ce qui
impose que les flux financiers entre les différents groupes de pays compensent
les éventuelles faiblesses économiques.
Q. Je ne suis pas sûr de comprendre
Si les USA achètent plus à la Chine qu’elle ne lui vend, il
va bien falloir que la Chine reçoive plus d’argent des USA qu’elle ne lui en
donne. Soit la Chine va s’enrichir en dollars, soit elle va s’enrichir en yuans,
mais dans les deux cas le yuan va avoir tendance à s’apprécier, et le dollar
à se déprécier. La Chine pourra d’ailleurs éventuellement utiliser ses
dollars pour acheter des biens, immobiliers ou industriels, aux USA, si la
législation le lui permet
Bien entendu, la situation est plus compliquée que cela, car
les divers rééquilibrages vont être plus ou moins rapides, selon que le régime
des changes est fixe (parités fixées) ou variables, mais le principe reste le
même.
Q. C’est le principe qui dit qu’un pays en excédent
commercial voit sa monnaie s’apprécier, et l’inverse pour un pays en
déficit !
Il y a d’autres facteurs, comme la situation privilégiée des
USA, qui imposent sur la plupart des marchés que ce soit le dollar qui soit la
monnaie utilisée (par exemple sur l’essentiel des marchés du pétrole et du gaz)
mais le principe reste celui-là. La valeur internationale de la monnaie dépend
principalement de 2 facteurs, l’état du commerce international, et le
montant de monnaie, la « masse monétaire »
Q. Le deuxième facteur, la
masse monétaire, contraignant donc les banques centrales à se surveiller et à
ne pas émettre relativement trop de monnaie « nationale »
C’est cela. Mais oublions, au moins provisoirement, le
contexte international (on peut toujours supposer que toutes les banques
centrales fonctionnent un peu de la même façon, et évitent des excès, au moins
les unes par rapport aux autres)
Supposons donc maintenant qu’il n’y ait qu’une seule banque
centrale, et qui va donc émettre à sa guise de la nouvelle monnaie, sans
contraintes extérieures.
Deux questions se posent alors, ou devraient se poser, quel
montant va être émis par la banque centrale, en sus de la monnaie déjà
existante, et quelles sont les raisons pour le faire (et pour limiter,
ou non, cette émission)
Q. On peut aussi s’interroger sur les éventuels bénéficiaires
de ces largesses, et qui peut éventuellement être pénalisé.
Certes, mais traitons déjà les deux premières questions, qui
sont d’ailleurs liées, et qui permettront aussi de comprendre qui seront, ou pourraient
être, les perdants et les gagnants de ces pratiques monétaires
Q. On dit parfois que la
monnaie est le sang d’une économie, faut-il considérer que la banque centrale
est en fait une banque du sang ?
Je crains dans ce cas qu’elle n’apparaisse plus comme un vampire
que comme un bienfaiteur.
Mais quitte à choisir une comparaison je dirais que la
monnaie est plus une énergie qu’autre chose, et qu’il faut donc s’interroger
sur la source de cette énergie, qui n’est évidemment pas inépuisable même
si certains veulent nous le faire croire, ou le croire peut-être eux même
Revenons donc au mécanisme original de création monétaire, la
banque va inscrire dans son bilan, au passif le montant nouvellement créé, et à
son actif la « garantie » correspondante, le « collatéral »,
qui sera le plus souvent une obligation d’état (bon du trésor par exemple) ou
une autre valeur jugée fiable.
Q. Mais on sait bien que ce n’est pas toujours le cas
Effectivement, le mécanisme de collatéral fiable peut être
faussé, voire complètement galvaudé, comme on l’a vu dans l’exemple
hypothétique d’une banque commerciale, comme la BNP, qui aurait à son actif des
créances ou des garanties fort peu fiables, par exemple des obligations
d’Argentine (ou les tristement fameux emprunts russes de nos grands ou
arrière-grands parents) et qui tenterait de faire racheter cette créance par
une autre banque ou par une banque centrale complaisante.
Patate chaude, mistigri, bonneteau, quelle que soit
l’expression, tout est permis pour se défaire d’un « collatéral »
douteux ou, à l’inverse, pour acquérir un actif à prix cassés ou pour faire
croire au chaland qu’il va faire la bonne affaire de sa vie.
Q. Oui, mais dans le cas d’une banque centrale, ce n’est
plus possible, faute de « super banque centrale »
Effectivement, les masques sont tombés, puisque depuis 2015
le président de la BCE a annoncé explicitement qu’il émettrait autant de
milliards d’euros qu’il faudrait, au taux d’intérêt aussi faible que
nécessaire, pour « soutenir l’économie », et cela, sans aucun
contrôle, puisque la BCE est indépendante, et son président est nommé pour huit
ans, sans possibilité de le démettre. L’actuel président, Mario Draghi,
quittera son poste le 1/11/2019 et devrait être remplacée par C. Lagarde.
Q. Ce « soutien à l’économie » a-t-il été
efficace ?
Tout dépend pour qui.
L’euro, que l’on croyait menacé, a tenu mais vu que la
plupart des banques centrales, en particulier celle du Japon et des USA, ont
fait la même chose, c’est à dire émettre tant et plus de monnaie, et donc en
contre-partie de plus en plus de créances pour le moins douteuses, cela n’est
guère étonnant. C’est seulement si des banques centrales puissantes se
mettaient à procéder autrement que l’équilibre des grandes monnaies
internationales pourrait être menacé.
Q. Si je vous comprends bien, c’est prioritairement l’euro
qu’il fallait protéger ?
Oui, mais pas seulement, il fallait aussi protéger les
banques, dont la structure du bilan (trop de dettes relativement à leurs
capitaux propres) était plus que fragile et, au-delà, tout le système financier.
Q. Mais est ce vraiment bon pour les banques, de l’argent
qu’il faut prêter sans intérêt, ou à intérêt négatif ?
On arrive là au cœur du sujet, au moins en ce qui concerne
les taux d’intérêt.
Il est vrai que les banques ne vont pas gagner d’argent en prêtant
de l’argent à taux zéro, voire à taux négatif, mais si cela leur permet de
pouvoir se défaire de leurs créances douteuses à moindre cout (elles préfèrent
en effet payer 0.5% sur les fonds qu’ils reçoivent de la banque centrale que
perdre 5 ou 10% sur leur créances)
Q. Ce qui aurait pu mettre sérieusement en doute leur
solvabilité…
Effectivement. Par ailleurs, avec la pression mise sur les
agents économiques pour réduire au maximum l’usage des espèces, billets ou
pièces, les banques risquent de moins en moins une panique bancaire qui verrait
leurs déposants se ruer pour retirer leurs dépôts (plus de 1100 milliards pour
la France) de leurs banques
Q. Pourtant, avec seulement 230 milliards de billets, cela
poserait vite un problème de liquidités, non ?
Le système bancaire l’a prévu, puisque maintenant, pour
retirer plus de 1000 ou 1500 euros en liquide, il faut en général prévenir sa
banque plusieurs jours à l’avance, tout en expliquant à quoi ce retrait va être
destiné, ce qui rend beaucoup plus difficile une éventuelle crise de
liquidités, c’est-à-dire le cas où une banque n’aurait plus assez de billets
pour répondre à la demande de numéraire.
Q. En somme « notre » argent ne nous appartient plus
vraiment, même s’il a été acquis tout à fait légalement, ne fut-ce que par le
versement de nos salaires ou de nos prestations sociales !
Effectivement, on peut dire cela. En tout cas, les paniques
bancaires des siècles passés sont presque impossibles à se produire, même si la
Deutsch Bank y a échappé très récemment, du moins sous la forme d’un retrait
massif d’espèces.
Q. Tout va bien alors, au moins pour les banques ?
Pas vraiment, car même si les déposants ne peuvent retirer
facilement leur argent sous forme d’espèces, ils peuvent aussi tenter de le
transférer sur une banque qu’ils jugeraient moins exposée. Mais là encore les banquiers
ont pensé à une parade.
Q. Laquelle ?
Faire en sorte que les virements de compte à compte soient
limités en montant, et ne soient pas instantanés. Ils pensent ainsi avoir le
temps de voir venir, au moins pendant quelques jours. Ce qui les préoccupe bien
davantage, comme nous l’avons vu, c’est si de gros postes de leur actif perdaient
soudainement de leur valeur de leur valeur, un crac financier précédant
cette fois un crac monétaire.
Dans ce cas, une diminution nominale de la valeur de leurs
actifs conduirait à une diminution symétrique de leur passif, donc à une perte
qui se concrétiserait par une diminution de la valeur de leurs capitaux
propres, voire à une disparition de ceux-ci
Q. D’où une nécessaire recapitalisation, seule possibilité
pour éviter une faillite ?
Ou bien, avant cela, des dons, cachés sous forme de rachats d’obligations
très douteuses, pour ne pas dire pourries, par une banque centrale
complaisante. En reprenant l’exemple fictif de la BNP, si 260 milliards de traites
perdaient 10% de leur valeur, d’où une perte effective de 26 milliards (la
moitié de ses capitaux propres), ses dirigeants préféreraient de loin vendre
ces traites à la BCE, quitte à perdre 4 ou 5 milliards, et récupérer à leur
actif, en compte courant, ces 255 ou 256 milliards
Q. La banque centrale se
retrouvera donc avec ces traites douteuses à son actif, et le compte courant de
la BNP augmenté d’autant à son passif ! Tout va bien donc…
C’est du moins ce qu’on essaye de nous faire croire, alors
que des montants considérables d’argent ont été injectés dans l’économie européenne
(du moins pour les 17 pays « bénéficiant » de l’euro), et plus
particulièrement dans le système bancaire français.
Q. Sans oublier ces prêts à
taux zéro, voire négatifs
En fait les banques elles-mêmes se retrouvent avec des
capitaux importants déposés auprès de la banque centrale, ce qui leur coute
0.5% chaque année, d’où leur offre de crédits à 0 ou 1% aux entreprises, ou aux
particuliers
Q Ou à l’état !
Pour l’état, c’est indirect, car la banque centrale ne peut
prêter directement à l’état depuis les traités de Maastricht et de Lisbonne.
Pour de tels prêts l’agence France Trésor s’adresse aux
marchés financiers, par l’intermédiaire de « primary dealers », ou SVT (spécialistes en
valeurs du Trésor), en fait 18 grandes banques internationales dont 4 banques françaises
(BNP Paribas,
Natixis,
Société générale, Crédit agricole).
Q. Il suffit ensuite aux
banques « SVT » de revendre de gré à gré les obligations d’Etat de la
France à la BdF pour que la boucle soit bouclée
Effectivement. Mais l’argent « facile » et si peu
cher, a aussi d’autres effets, dont le côté négatif, aussi pernicieux soit-il,
est rarement mis en évidence, comme si on avait trouvé la pierre philosophale
de l’économie, le « truc » pour changer du plomb en or, grâce à cette
monnaie facile et surabondante
Q. Comment cela
Le bon sens populaire qui, pour une fois est mis en défaut, a
toujours pensé, comme d’ailleurs les prétendus experts économiques, que pour
emprunter de l’argent il fallait qu’il y ait des épargnants, qui ne prêteraient
de l’argent que si c’était intéressant pour eux. Avec des prêts à taux très faible,
ou nul, voire négatif, on pourrait donc imaginer que le nombre de prêteurs se
réduise comme peau de chagrin.
Q. Et ce n’est pas le cas ?
Pas vraiment, au moins pour les banques, pour des raisons
déjà exposées, puisque quand elles perçoivent de l’argent à -0.5% - elles sont
d’ailleurs parfois fermement poussées, en tant que SVT, à se porter acquéreur d’obligations
d’état à taux négatif - cela reste
rentable de prêter à 0,5 ou 1%
Pour les « petits » épargnants, il en va sans doute
différemment, car pourquoi économiser si ces économies sont régulièrement
dépréciées
Q. L’euthanasie du rentier, comme disait Keynes à propos
de l’inflation, ce n’est pas si mal !
Sauf que dans le contexte actuel c’est aussi l’euthanasie de
simples épargnants, et plus généralement de tous les petits emprunteurs. L’immobilier
grimpe, d’autres actifs aussi, mais pas le pouvoir d’achat. En fait, tout
se passe comme s’il y avait inflation (au sens de hausse des prix), ce qui
serait logique avec une telle inflation monétaire, mais ce n’est le cas que
dans l’immobilier ou pour d’autres actifs presque inaccessibles pour la classe
populaire et la classe moyenne, c’est-à-dire pour 90% de la population.
De plus, rappelons-nous que contrairement à ce que l’on
pourrait penser, on est dans le cas où la monnaie prêtée dépasse de loin la monnaie
collectée, puisque « ON » prête beaucoup plus qu’on ne collecte,
ce qui se caractérise par les « pratiques accommodantes », ou « quantitative
easing » de la BCE et donc de la Banque de France.
Q. On n’a donc plus la fameuse égalité I = S ou encore
Investissement = Epargne, il faudrait rajouter à S (l’Epargne) la monnaie
nouvellement créée ?
Si c’était le cas, c’est-à-dire si l’épargne plus la nouvelle
monnaie servait pour l’investissement, il n’y aurait qu’un moindre mal, mais la
situation est bien pire encore
De fait cette nouvelle monnaie (qui déprécie
nécessairement la monnaie existante, celle que possède ceux qui ne sont
sinon rien, du moins pas grand-chose) sert relativement peu au financement d’infrastructures
d’usines, de commerces, d’équipements divers, mais bien plus à la spéculation.
Les prix de l’immobilier ont doublé depuis 2000 : cela
correspond, sur 19 ans, à une inflation annuelle immobilière de l’ordre de 3.8%
bien supérieure à la prétendue hausse des prix du panier de la ménagère qui n’aurait
été que de 1%, voire inférieure)
Cela montre bien que certains ont pu trouver les fonds nécessaires
pour enchérir ou surenchérir afin d’acquérir ces logements, m^me si cette
augmentation est aussi partiellement due au manque de logements neufs.
Q. Si je comprends bien, l’argent nouvellement créé n’a
pas servi à construire de nouveaux logements, du moins pas assez, mais très
souvent à en acquérir des anciens !
C’est cela, et on pourrait dire la même chose pour le manque
d’investissements en infrastructure, pour l’industrie, pour les transports,
pour l’agro-alimentaire, …
De fait, quand on s’intéresse au PIB qui n’est, redisons-le,
que la somme des dépenses faites au cours d’une période donnée, la construction
d’une maison d’1 million ne contribue pas davantage au PIB que le fait de
revendre 2 millions un bien que l’on aurait acheté 1 million l’année
précédente. Le PIB mesure la réalisation d’opérations de négoce, rien d’autre.
En simplifiant à peine, on pourrait donc dire que toutes ces innovations monétaires dont Mario
Draghi semble si fier n’ont servi qu’à protéger les banques de la faillite,
mais peut-être pas éternellement, tout en permettant aux plus aisés de faire
des profits considérables sur certains actifs, immobiliers et actions pour l’essentiel,
tout en rendant la vie de plus en plus difficile à la majorité de la
population, qui n’a pas accès aux « largesses » des banques pour tenter
de consommer plus que ce que leur rémunération de simple salarié ou artisan leur
permettrait.
Q. Je croyais que le pouvoir d’achat moyen était en
progression, et que cette hausse serait même de 1.5% pour 2019 ?
C’est un mensonge éhonté, pour 2019 comme pour les décennies
précédentes.
Il peut évidemment y avoir des fluctuations d’une année sur l’autre,
mais les chiffres montrent que le niveau de vie moyen, si tant est que la
notion de moyenne a un sens dans ce cas-là, n’a pas progressé depuis 40 ans, en
dépit des progrès techniques. Il est vrai que le fait que le prix de l’immobilier
ne soit pas pris en compte par l’INSEE dans le calcul de la hausse des prix
tente de dissimuler ce phénomène.
De plus, en ce qui concerne 2019, n’importe quel écolier
devrait comprendre que si le PIB, quelles qu’en soient ses imperfections de cet
indicateur, n’augmente que de 2.7% (prévisions pour 2019) soit 1.3% hors
prétendue inflation, le PIB par habitant, lui ne peut monter réellement que de 0.7%
(en tenant compte d’une augmentation démographie, hors immigration clandestine,
de 0.5%)
Q. Avec 0,7% on est donc déjà bien loin des chiffres
annoncés en avril 2019 par le gouverneur de la Banque de France
De plus, si l’on tient compte de l’inflation réelle, en y
incluant l’inflation immobilière annuelle de 3.8% et sachant que l’immobilier représente de l’ordre
de 25% dans les dépenses de consommation des ménages, on arrive à une inflation
réelle, même avec les chiffres optimistes de l’INSEE, de 2%, et non de 1.2%
Q. Ce qui annule complètement la prétendue hausse de
pouvoir d’achat prévue pour 2019
Effectivement.
En conclusion, au moins provisoire, de ce billet, on peut
donc dire qu’en dehors de quelques privilégiés, cette émission continue de
nouvelle monnaie – comme si on pouvait imaginer que sa source serait intarissable
(ou même qu’il n’y avait aucune source et que la monnaie se recréait perpétuellement
sans jamais perdre des sa valeur) -- ne peut que conduire à de plus en plus de
précarité pour l’essentiel de la population
Sachant que, par ailleurs, le déficit public va grandissant, ce
qui exige, pour le financer, des taux d’intérêt proches de zéro, on voit mal
comment ce surendettement peu se terminer autrement que par une catastrophe
Et nous ne parlons pas ici du déficit commercial vertigineux
de la France, ne fut ce que par rapport à la Chine, qui exigerait, sans
changement complet de la politique industrielle et commerciale, que le taux de
change de la monnaie française diminue relativement au yuan, ce qui est
impossible tant que la France restera dans la zone euro.
Q. Ce serait donc essentiellement une création
intempestive de la monnaie jamais vraiment adossée à des collatéraux fiables, à
une réelle richesse, à des choses tangibles et non à des « espérances »,
qui serait la cause de tous les maux actuels.
Disons que si on ne comprend pas ce fait, on se condamne à l’impuissance
dans le domaine économique, et aussi social
Comme
l’écrit excellement Marc
Dugois , tant que l’on refusera d’admettre ou de comprendre que « Toute vraie monnaie est une richesse déjà constatée qui
transporte avec elle une part de la vie passée du groupe », en d’autres termes qu’une monnaie ne peut se
valoriser par anticipation mais doit reposer sur une réalité déjà constatée, l’émission de fausse monnaie n’est pas près de
s’arrêter, avec des conséquences toujours plus graves pour la majorité des
acteurs économiques. Ce qui ne peut que finir très mal.
Q. Sans oublier un « petit »
détail, ces dettes himalayennes qui figurent pour bonne part maintenant, tant à
l’actif des banques commerciales qu’à celui de la banque centrale, il faudra peut-être
un jour songer à vraiment les rembourser. Il est vrai qu’on ne pourra que
constater alors, enfin, que c’est de la « monnaie de singe », comme le
diraient Pierre Jovanovic ou Charles Sannat, et qu’elles ne correspondent pas à
la richesse qu’elles sont censées représenter.
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