Maastricht_et_la_BCE_FinDeLaMascarade


Grâce à Maastricht les financiers pensaient avoir tout prévu pour maîtriser l’argent

Le tour de prestidigitation de l’article 104 de Maastricht

Sur LCI, hier, le jour du Vendredi Saint, un expert un peu plus honnête, ou moins prudent, que ses confrères a révélé, peut être par inadvertance, le grand secret : Empêcher les États de s’abreuver directement auprès de la banque centrale.

En supprimant ce marché « primaire », les états devaient passer par le marché secondaire, le « marché » financier (plus ou moins cannibalisé par les banques), puis par les banques commerciales elles-mêmes, qui se feraient racheter ces dettes, les « obligations souveraines », par la banque centrale, à leurs conditions, pas à celles de l’Etat ou de la Banque Centrale

Les États ont été jetés dans les bras des marchés financiers.
C’est ainsi que les marchés (financiers) se sont avérés pendant 35 ans plus puissants que les états, et les banques commerciales ont emboîté le pas, au détriment de la banque centrale.

Certes, quand on est libéral (mais pas trop) on peut penser que les entreprises privées sont souvent plus efficaces et plus économes que l’état. Mais de là à faire une confiance aveugle aux marchés, conformément à la doxa des économistes orthodoxes (90% des universitaires) il y aurait peut- être eu un pas à ne pas franchir, en particulier en ce qui concerne la monnaie. Il est vrai que là encore la doxa universitaire s’en préoccupe fort peu, allant jusqu’à dire que la monnaie n’était qu’un voile : alors qu’elle est tout autre chose, à savoir « un titre de créance sur n’importe quel membre du groupe qui l’utilise » (http://www.surlasociete.com/la-monnaie-est-une-energie-nen-deplaise-aux-grincheux),

Les (gros) ennuis ont fini par arriver
Il a fallu un premier séisme, en 2009, avec Lehman Brothers, pour que les banques commencent à avoir peur. Dès lors en effet que les marchés tremblent, les banques sont prises entre deux feux, les marchés et la banque centrale, seule instance à créer de la vraie monnaie (même si cette monnaie est de plus en plus « fondante », pas au sens de Sylvio Gesell, mais au sens d’une inflation rampante, assez bien dissimulée par les instances officielles)

Sous le mandat de « l’ennemi de la Finance », François Hollande, puis au début du quinquennat de son ex-ministre de l’Economie, les banques commerciales ont été remises à flot par la banque de France, les chiffres sont là.

Entre décembre 2013 et décembre 2018, le passif de la Banque de France a augmenté de 538 milliards, l’argent liquide de seulement 49 milliards mais les dépôts nets (différence entre les dépôts et les concours IFM) sont passés de 34 milliards à 393 milliards, soit une augmentation de 349 milliards.

Au cours de cette période, l’indice boursier du CAC40 a retrouvé ses niveaux d’avant la crise de 2009, en prenant 40% en 5 ans, alors que le PIB, en euros constants, ne gagnait que 5%

Je ne suis certes pas le premier à en déduire que l’argent si généreusement créé (en transformant des monceaux de dettes en monnaie centrale, puis en monnaie bancaire) profite essentiellement aux banques, pour se refaire une santé, c’est-à-dire un bilan plus présentable, et aux spéculateurs boursiers, très peu à l’économie réelle, d’où une inflation des actifs, immobiliers et financiers, sans inflation officielle importante pour les laissés pour compte de la mondialisation, pour ceux de la France périphérique

Etats et marchés financiers, même combat ?
Mais dans ce billet je veux insister sur un autre point : sur le fait que, maintenant, marchés financiers, banques commerciales et banque centrale sont pieds et poings liés, du moins parce que les banques centrales le veulent bien.

En effet, il suffirait que la banque centrale lâche les marchés, et d’abord les banques, pour que tout le système s’effondre.

La monnaie est un titre de créance sur du travail réel et jugé utile
Mais à force d’oublier ce qu’est réellement la monnaie, un titre de créance validant le travail passé reconnu utile par le groupe dans laquelle elle circule, oubli validé par l’abandon par Nixon de la convertibilité dollar-or, tout le système ne repose plus que sur un immense château de cartes de plus en plus instable, à savoir sur des dettes qui s’amoncellent de plus en plus, à tel point qu’on est arrivé au stade où les prêts des états se font maintenant à taux d’intérêt négatif.

Personne ne veut imaginer ce qui se passerait, ou se passera, quand il s’agira de rembourser ces dettes, à croire que le seul objectif des états est d’avoir moins de dettes que les autres, histoire de ne pas être le premier, ou le seul, à faire défaut. La pauvre Grèce a déjà payé cela fort cher, à savoir la perte presque totale de sa souveraineté et de son indépendance, de s’être plus endettée que d’autres

Le traité de Maastricht face au Quantitative Easing
Le tristement fameux article 104 de Maastricht, ou son homologue article 123 du traité (scélérat) de Lisbonne avait pour but, nous l’avons dit, permettre aux financiers, censés être plus compétents que les états, de modérer l’endettement des états. Mais cette modération n’existe plus depuis les fameuses « innovations bancaires » du Quantitative Easing de la Réserve Fédérale, après 2009, et son équivalent de l’Union Européenne depuis mars 2015.

Les masques tombent (mais les masques médicaux n’arrivent toujours pas)
Le dernier simulacre vient de disparaître à l’occasion de la crise du covid_19. Comme il ne faut plus que quelques secondes pour que l’état émette ses OAT sur les marchés financiers et finissent en actifs de la banque centrale en contrepartie des centaines de milliards émis à l’occasion, plus besoin de feindre le respect des traités. Le président de la BCE, Draghi puis Lagarde ont levé le voile.

La BCE prête directement aux États, elle ne s’en cache même plus, même si l’Eurogroup feint d’en discuter à l’occasion de marathons qui n’amusent plus que ses participants.

La comédie des dettes qui enflent et dont on oublie de dire s'il faudra les rembourser, et comment.
Comme cette comédie, de plus en plus lassante, risque de durer et conduira, si nous ne faisons rien, à ce que les gueux en pâtissent de plus en plus, il est sans doute temps que le peuple rejette ce marché de dupes, qui ne profite qu’aux gagnants (de moins en moins nombreux, mais de plus en plus riches) de la mondialisation.

Il faut que la monnaie soit décrétée, enfin, bien public (cf. https://lesamoureuxdelafrance2020.fr/la-monnaie-est-un-bien-public/) et, pour cela qu’il faudrait :

- Interdire la création monétaire privée quelle qu'elle soit.

- Laisser circuler la monnaie existante entre les personnes suivant le principe de base que l'enrichissement de l'un est payé par l’appauvrissement de l'autre.

- Donner à l'État le double rôle d'évaluer le nouvel apport au groupe de telle ou telle personne physique ou morale et de créer l'argent pour le payer.

Le rôle de l’Etat, dans le cadre d’un nouveau modèle économique, garant de la monnaie

L'État aurait aussi, et ainsi, le rôle primordial de vérifier qu'il ne crée pas trop d'argent pour ne pas appauvrir son peuple par la hausse des prix et qu'il en crée suffisamment pour que la monnaie reste un titre de créance sur le groupe, titre reconnu par tous ses membres.

Mais, pour cela, faut-il encore vouloir changer de modèle économique, redonner la parole aux « somewhere » (cf. https://monnaiepublique.blogspot.com/2020/04/scenarios-economiques-post-confinement.html)

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