Monnaie authentique et fausse monnaie

La monnaie « légale » est-elle de la fausse monnaie ?

Bruno Lemaire, ancien responsable R&D d’IBM Conseil lesamoureuxdelafrance2020

On m’a reproché dernièrement de parler de « monnaie de singe » ou de « fausse monnaie » à propos de la monnaie émise légalement par la BCE, je vais essayer de m’en expliquer, en partant tout d’abord de ce que j’appelle monnaie ‘authentique’.

Monnaie authentique.

Pour moi, une monnaie ‘authentique’ est une monnaie qui correspond à un travail réel, déjà effectué et qui a été validé par un échange : objet ou service contre monnaie ‘authentique’. La monnaie ‘authentique’ valide ainsi, dans l’échange, l’utilité de sa contrepartie.

Bien entendu, cette monnaie authentique peut aussi faire l’objet d’une émission monétaire, d’un « prêt sur gage ».

Monnaie ‘fausse’, ou monnaie « non authentique »

A contrario, une monnaie non authentique, qu’elle soit légale ou pas, est une monnaie qui va être émise en contrepartie d’un actif ‘virtuel’, qui n’existera pas nécessairement, par exemple une simple promesse de remboursement ne reposant pas elle-même sur un actif physique déjà existant, ou sur un service déjà rendu.

Une monnaie non authentique, mais légale, peut être utile.

Dans certains cas, l’émission de fausse monnaie (on parle parfois, par abus, de planche à billets) peut être utile. Mais cette émission devrait remplir des conditions très précises, et très strictes : servir le bien général, et non des intérêts particuliers. Pour cela son émission doit être contrôlée par le peuple, pour le peuple, ce qui n’est pas le cas lorsque l’argent de la banque centrale se retrouve quasiment instantanément sur les marchés financiers ou sur les comptes des banques, sans irriguer l’économie réelle. Dans ce cas la monnaie légale vient polluer la monnaie authentique, gagée sur un vrai labeur, un peu comme lorsque des marchands malhonnêtes mélangeaient de l'eau à de l'huile, ou modifiaient la teneur en métal précieux d'une pièce de monnaie ayant cours légal.