Recolter avant de semer, fondement du système actuel


Veut-on récolter avant de semer?

Bruno Lemaire, lesamoureuxdelafrance2020

Parler de monnaie « authentique », c’est-à-dire gagée sur le travail déjà réalisé comme opposé à de la monnaie fausse, qu’elle soit légale ou non, a paru choquer pas mal de personnes parmi les quelques « experts » qui s’interrogent encore sur la nature de la monnaie.
Comptabiliser ce qui n’existe pas encore, une folie ?
Et pourtant, n’est-il pas irrationnel, et même déraisonnable, de vouloir comptabiliser ce qui n’a pas encore été fait, alors que la monnaie a été inventée essentiellement, dès l’époque des pharaons ou des sumériens, pour compter, pour mesurer, ce qui a été produit et ce qui reste à consommer après les récoltes.
La monnaie est une unité de compte.
Sans production, pas de surplus, et donc nul besoin de comptabilité, nul besoin de monnaie. Ce fut une évidence de bon sens pour toutes les périodes qui ont précédé la nôtre, et cela restait encore le cas dans nos campagnes encore récemment, lorsque le boulanger faisait crédit à son garagiste, lui-même à son fleuriste ou à son voisin, facteur ou ouvrier.
La monnaie, titre de créance sur du travail réalisé et jugé utile.
Nul besoin de faire intervenir la fable de la dame de Condé pour cela. Le boulanger faisait son pain, l’évaluait, le comptabilisait, en monnaie non encore disponible dans la poche du garagiste, et attendait, selon le cas, la fin de la journée, de la semaine ou du mois pour « compenser » la livraison de son pain par ce que lui devait le garagiste. Le crédit avait besoin de deux ingrédients, la confiance des villageois, et le travail fourni par chacun, fondement de la créance qui circulait dans le groupe.
Une confiance galvaudée, une pseudo récolte sans semailles préalables
De nos jours, on a prétendu imposer la confiance légalement, par l’Etat, et la banque centrale censée travailler pour lui et le bien public, en oubliant le deuxième ingrédient, le travail réalisé.
En émettant de la monnaie gagée sur le futur, donc sur des réalisations virtuelles, qui se réaliseront, ou pas, on cherche à récolter ce qui n’a pas encore été semé. C’est ainsi que pour compenser le manque d’activités du premier trimestre 2020, la Banque de France a augmenté son bilan de 111 milliards €, allant majoritairement au bilan des banques commerciales en quelques clics de clavier.

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