DesStatistiques monétaires qui font craindre le pire
Bruno Lemaire, ancien doyen associé d'HEC (statistiques officielles de la Banque de
France)
lesamoureuxdelafrance
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Mise à jour le 23/09/2020 du billet rédigé fin juin, avec des données de la
banque de France disponibles fin juin pour la période allant du premier janvier
au 30 avril
Sur deux mois, entre la fin avril et la fin juin, toujours d’après des statistiques officielles de la BdF les dépôts des banques commerciales auprès de la BdF ont augmenté de 170 milliards, tandis que le bilan de la BdF augmentait lui-même de 212 milliards d’euros, les billets en circulation n’augmentant que de 5,6 milliards.
Est-il vraiment nécessaire de se demander « où passe le pognon ».
Pas dans l’économie réelle en tout cas !
En quatre mois, de fin décembre à fin avril, le passif de la
Banque de France a augmenté de 225 milliards, ce qui correspond à presque 20%,
augmentation spectaculaire rarement vue dans l’histoire monétaire de la France,
surtout dans un délai si bref.
Pour fixer les idées cette augmentation du passif est de l’ordre
de 9% du PIB 2019.
Sur ces 225 milliards, près de la moitié, soit 104 milliards,
se sont retrouvés sur les comptes que les banques commerciales ont auprès de la
Banque de France, et 32 milliards sur le compte des Administrations Publiques.
Quand on aime, on ne compte pas.
Pour
les fanatiques de la « planche à billets », notons que cette
augmentation du passif de la BdF ne s’est traduite que par la mise en
circulation supplémentaire que de HUIT milliards de billets, bien loin donc du
fantasme des experts de tout poil qui se déchaînent sur l’ensemble des médias
pour faire croire qu’ils ont tout compris (ce qui ne serait pas très important)
mais que la situation ne serait pas grave puisque les français, ces prévoyants ou
ces imbéciles (tout dépend de l’orientation politique du commentateur) ont ÉPARGNÉ
des milliards pendant cette même période.
Il faut reconnaître que lorsque la production n’est plus qu’à 40% de son niveau normal, il vaut peut-être
mieux que nos compatriotes n’aient pas consacré toutes leurs rentrées d’argent,
s’ils en avaient, à acheter des marchandises ne pouvant venir que de l’étranger,
notre déficit commercial déjà himalayen n’aurait fait qu’augmenter encore.
Soyons
honnêtes cependant. Le fait que les dépôts à vue aient augmenté pendant le même
temps de 120 milliards, dont 65 milliards pendant le seul mois d’avril, peut
donner quelques envies de « prélèvements obligatoires » au ministre de
l’économie, même si c’est en partie de l’argent déprécié, vu la monnaie, qualifiée
parfois de « monnaie de singe », émise pendant cette même période.
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