UneFiscalitéAllaisienne
Extraits de "Quelle monnaie pour la France", pages 115-116
Bruno Lemaire lesamoureuxdelafrance2020.fr
Une fiscalité nouvelle, plus juste et plus efficace.
Il me semble que Maurice Allais a aussi fait des propositions dans un domaine qui devrait concerner tout le monde, à savoir la fiscalité ?
Vous avez tout à fait raison. M. Allais a écrit à
maintes reprises sur ce sujet, son ambition étant de rendre la fiscalité à la
fois efficace, compréhensible, et aussi acceptable que possible par l’ensemble
des contribuables ?
Une fiscalité "acceptable" ! Vous voulez dire une fiscalité "juste" ?
La "justice" ou l’équité est une notion qui
demanderait à être explicitée, et sur laquelle il n’est pas forcément évident
d’avoir un consensus. Ce qui est sûr, c’est que M. Allais, de même qu’il a
fait la chasse aux faux-monnayeurs, s’inscrit plus généralement dans une
perspective de chasse aux revenus indus, aux revenus non gagnés.
Que voulez-vous dire par revenus "indus" ou "non gagnés" ?
M. Allais, en tant que libéral, pense que ceux qui
produisent "méritent" une rémunération. Mais ceux qui ont pour seule
qualité d’être rentiers ne "méritent" pas d’être rémunérés pour la
seule raison qu’ils auraient bénéficié d’un héritage.
Si je comprends bien, Allais serait comme Marx, il récompenserait le capital "variable", le travail, mais pas le "capital constant", ou capital ?
Effectivement, sans aller jusqu’à prétendre que Allais était
marxiste, ou marxien, notre Prix Nobel d’économie fait une distinction, trop
souvent oubliée, entre capitalisme et libéralisme. Cela étant,
M. Allais propose de simplifier la fiscalité française de façon drastique,
en ne conservant plus que trois impôts, au lieu des dizaines d’impôts et
de taxes actuelles.
Et ces impôts simplifiés rapporteraient autant qu’actuellement ?
Oui, et sans doute plus encore si l’on considère que
certains impôts coûtent parfois plus à récupérer – du fait des fraudes ou des
erreurs commises dans leurs recouvrements – qu’ils ne rapportent vraiment.
Et quels seraient ces trois impôts ?
Un impôt serait vraiment nouveau, il s’agit d’impôt sur
le capital. Il remplacerait à lui tout seul presque tous les autres impôts,
dont l’impôt sur le revenu et l’impôt sur les sociétés…Là encore, on retrouve
une grande idée de M. Allais : taxer les choses, pas les gens, taxer le
capital, pas les revenus du capital. Avec un taux de 2 % sur le
capital, M. Allais montre que cela correspond à 8 % du revenu
national, soit environ 7 % du PIB.
Et comment fonctionnerait cet impôt ?
Il serait basé sur de simples déclarations, mais
s’appliquerait à tout le capital possédé, machines, immeubles ou terres. Pour
les œuvres d’art, la question reste ouverte…
Sans remettre en cause les calculs de M. Allais, est-ce que cela signifie que c’est à chacun d’évaluer ses propres biens ?
Tout à fait, c’est l’idée. Ainsi, si vous habitez une maison
que vous évaluez à 500 000 euros, vous devrez payer chaque année, avec un taux
de 2 %, 10 000 euros d’impôts.
Et si je déclare qu’elle n’en vaut que 300 000, pour payer moins ?
Sans faire appel à votre sens civique – que M. Allais ne
présuppose pas, même si c’est votre cas – il est évidemment prévu un garde-fou.
À savoir ?
Toutes les déclarations seront publiques. Et, comme
pour les marchés publics, n’importe qui pourra surenchérir, avec une certaine
surcote, par exemple de 70 %. Ainsi, dans votre cas, si vous prétendez que
votre maison ne vaut que 300 000 euros, en surenchérissant de 70 %, soit
510 000 euros, vous serez obligé, soit d’accepter de vendre votre bien à ce
prix, soit de payer une amende, par exemple de 4 %, sur la différence
entre votre estimation de départ et les 510 000 euros « du marché ».
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