Création monétaire, un privilège comptable exhorbitant réservé aux banquiers?
Crédit, prêts, création monétaire, ce n’est que de la comptabilité de base.
(Bruno Lemaire, le 25 juillet 2022. Cette dissimulation aurait-elle pour but, en cachant cette création monétaire derrière des mots savants ou surtout ennuyeux, de manipuler les « non initiés », les « sans dents »?)
Quelques rappels ou précisions comptables: Tout
entrepreneur connait, au moins implicitement (et souvent beaucoup mieux qu’un
prof d’économie) les notions de débit, de crédit, et de comptabilité en partie
double. Chaque écriture comptable doit figurer deux fois, l’une en débit, l’autre, symétriquement en
crédit. Il en va de même pour la tenue des comptes d’une banque, qu’elle soit
commerciale (banque de second rang) ou centrale.
Pour les comptes d’un particulier (je ne vais pas parler ici
d’achat ou de vente, mais seulement du compte d’un bon « père de famille »
(ou « mère de famille » pour ne pas déplaire trop) je vais prendre l’exemple
fictif de sa situation patrimoniale à un moment donné
Prenons P, comme Pierre, ou comme « Pater familias »,
qui possède une maison, évaluée à 800 k€ (800 000 euros) et qui
aurait par ailleurs sur ses différents comptes bancaires 200 k€. On va dire que
ce sont ses « possessions », son actif. Au passif, que peut-il y
avoir pour équilibrer? Il a pu emprunter 300 k€
à la banque, 100 k€ à une tendre amie ou à un copain d’enfance. Comment
équilibrer ? C’est simple. Pierre a
donc un patrimoine réel de 600 k€
Si nous parlons maintenant d’une banque, disons la banque
Bernard, ou Banque B, le bilan n’est pas très différent.
A son actif, imaginons que Bernard a 5 milliards d’actifs (petite banque,
la BNP avoisine plutôt 1700 milliards), dont peut être 3 milliards de reconnaissances
de dettes, toujours douteuses si ses emprunteurs ne remboursent pas. La
banque Bernard possède par ailleurs pour un milliard de biens immobiliers, et a
enfin un milliard à la banque de France, (au passif de la banque de France, en
tant que réserve bancaire de la Banque Bernard)
Au passif de la banque Bernard,
on peut avoir 2.5 milliards de comptes clients, 1 milliard de diverses obligations
ou dettes, 0.5 milliard d’emprunts contractés auprès de la Banque de France, et
enfin le reste, un milliard, en capitaux propres (actionnaires ?)
Actif |
Passif |
Reconnaissances de
dettes : 3 Mds€ Biens Immobiliers : 1 Mds€ Compte à la BdF : 1 Mds€ |
Cpt clients : 2.5 Mds€ Diverses obligations : 1 Mds€ Dettes °/ la Banque de France :
0.5 Mds€ Capitaux propres : 1 Mds€ |
Total Actif : 5 Milliards d’euros |
Total Passif : 5 Milliards d’euros |
Parlons maintenant de création monétaire liée à un prêt entre une banque
commerciale, par exemple la Banque Bernard, et une banque centrale, par exemple
la Banque de France
La Banque Bernard, n’ayant qu’une confiance limitée en
certaines reconnaissances de dettes, émises par un certain Monsieur J, comme
Jupiter, préfèrerait les échanger contre de l’argent « réel », de l’argent
‘central’, émis par la banque de France. Pour cela il va confier 2 milliards de
ces « obligations » de Jupiter à la Banque de France, qui lui
accordera en échange un crédit de 2 milliards, crédit qui prendra place à l’actif
de la banque Bernard, et au passif de la Banque de France (contrebalancé à son
actif par des « dettes Jupiter »)
Banque Bernard |
|
Actif |
Passif |
Reconnaissances de dettes : 1 Mds€ Biens Immobiliers : 1 Mds€ Compte à la BdF : 3 Mds€ (Dont 2 Mds€ de nouveaux) |
Eléments
inchangés |
Total Actif : 5 Milliards d’euros |
Total Passif : 5 Milliards d’euros |
En revanche, le bilan de la Banque de France aura changé, il y aura eu création monétaire de 2 milliards, versés sur les réserves de la Banque Bernard, contrebalancés par les 2 milliards de « dette Jupiter »
(En
fait, c’est ce qui s’est passé pour la dette « Macron », autre expression du "quoi
qu’il en coûte", mais au lieu de 2 milliards, ce furent 580 milliards en
2020), par l’intermédiaire des cinq principaux groupes bancaires français, en
sus de quelques autres investisseurs)
Postface: Tout porte à croire que l'argent représente encore, de nos jours, quelque chose de magique, voire de sacré, que seuls certains grands "prêtres", certains grands banquiers, pourraient approcher, sinon comprendre. Le bon sens aurait-il quitté la plupart des gens, comme si le fait de fabriquer de l'argent était plus important, voire plus vital, que de fabriquer des biens et des services, travail réservé, lui, à des gens de peu, taillables et corvéables à merci. Où est passé notre bon sens? Est ce si difficile à comprendre que la création monétaire est 'simplement' un privilège comptable exhorbitant réservé à une toute petite "élite"? Dans ce billet, j'ai essayé de montrer que les choses sont beaucoup plus simples qu'on ne le pense, ou que l'on essaye de nous le faire penser.
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