Inflation : Serions-nous dirigés par des menteurs ou des incapables. Qu’en pensent nos experts ?

par Bruno Lemaire, économiste, ancien doyen associé d'HEC

Le simple bon sens nous indique que s’il y a hausse des prix, c’est soit parce qu’il y a trop d’argent relativement à la production disponible (inflation monétaire), soit parce que la demande de biens est trop forte par rapport à l’offre disponible (inflation de « demande ») , soit parce que les deux phénomènes se produisent simultanément.

Face à ce phénomène, qui se complique d’une production très molle (nous n’avons toujours pas retrouvé en France, en juin 2022, le PIB de la fin de 2019, même s’il y aurait beaucoup à dire sur la cohérence des mesures du PIB) les experts nous proposent deux « solutions » dont ils disent eux-mêmes qu’elles sont, sinon mauvaises, du moins à double tranchant, en se retranchant deriière la pseudo théorie de la "stagflation".

Pour lutter contre « l’inflation » (comprenons ici la « hausse des prix ») certains proposent d’augmenter un prix, celui de l’argent, en augmentant le taux d’intérêt auquel on peut emprunter.

Certes, le « quoiqu’il en coûte » a créé trop d’argent magique, mais ce n’est pas en rendant le futur argent plus cher que l’on peut espérer lutter contre … la hausse des prix. S’il y a déjà trop d’argent en circulation, n’en émettons pas davantage (ce qui est de la première responsabilité de la Banque de France et de la BCE), tout en bloquant peut être, si nécessaire, tout prêt bancaire qui ne serait pas garanti par l’existant, et non gagé sur de futures perspectives de croissance éventuelle. Revenons aux prêts sur gages, c’est-à-dire à des prêts accordés en contrepartie de valeurs réelles, existant réellement, et non des emprunts basés sur des anticipations d’un avenir toujours présenté comme radieux.

Par ailleurs, s’il y a trop d’argent par rapport aux biens et services offerts, augmentons cette production, de biens comme de services, en faisant travailler les inactifs, tout en refusant d’acheter à crédit des produits venant principalement de l’étranger. Ce n’est qu’en augmentant la production locale « domestique », tout en restreignant toute augmentation de masse monétaire (que ce soit la monnaie centrale M0, ou l’argent ‘bancaire’ M1) que la hausse des prix pourra être jugulée, même si l’on peut s’attendre, sur les 10 prochaines années, à une hausse de prix annuelle de 5 à 7%.

Relancer la production et limiter la masse monétaire semble beaucoup plus efficace que d’augmenter les taux d’intérêt : c’est ce que le simple bon sens suggère.

Quant aux dettes « covid », laissons les où elles sont, à savoir au bilan de la banque de France, qui est certes devenue une « bad bank », mais qui s’en soucie vraiment ?  Le point central reste l’inflation, monétaire comme de coûts, ce n'est pas de savoir si les Français pourront rembourser la Banque de France !

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