La France s’enfonce de plus en plus dans le déclassement
Comment le nier, même la Banque de France le laisse entendre.
Les
« petits hommes gris » que raille parfois Pascal Praud sur CNews
ont parfois du bon quand on sait les décoder et ne pas leur donner trop de
pouvoir.
C’est ainsi
qu’en relisant les comptes-rendus émis par la Banque de France depuis 5 ans sur
la balance des paiements et la position nette de la France, il est aisé de voir
que le déclin de la France parait inéluctable, si rien n’est fait pour que cela
change.
Il est vrai qu'en 2022, "annus horibilis", les « sanctions anti-Russie » ont coûté très
cher à la France, les importations énergétiques ayant augmenté de presque 70
milliards, alors que pour notre ministre de l’économie, «le budget est à un
euro près ». Il voulait peut être dire : à quelques dizaines de
milliards près.
Notons aussi qu’avec un marché européen de l’énergie complètement ubuesque, qui détruit
l’avantage compétitif qu’avait eu la France très longtemps, relativement à
l’Allemagne, et l’obligation faite à l’EDF de vendre à prix coûtant aux
« alternatifs », quitte à leur racheter 8 à 10 fois le prix, en cas
de besoin, ce surcoût énergétique était inévitable. Heureusement que l’Etat se
gave sur le renchérissement du prix de l’essence, plus d’un euro de taxe sur un
litre vendu à la pompe 1,90€.
Mais cette
balance des paiements nous apprend aussi bien d’autres choses, ne fut-ce que
dans l’évolution du compte financier. Grossièrement dit, ce poste de la balance
des paiements nous dit si la France a besoin, ou non, de financements
extérieurs pour équilibrer ses comptes.
Jusqu’en
2020, première année du Covid, ce compte correspondait à peu près à la moitié
du déficit commercial de marchandises. Son montant évoluait entre 20 et 30
milliards de déficit, c’est-à-dire de dette vis-à-vis de l’extérieur ou des
« non-résidents », même si on peut s’interroger sur la précision de
ces statistiques, puisque pour équilibrer les comptes, il fallait une ligne
« erreurs et omissions » évoluant entre 10 et 20 milliards d’euros.
Le tableau suivant, issu des statistiques de l’INSEE, montre
que la BdF n’est pas la seule à se contenter d’approximations, appelées
différemment ici.
De fait, pour continuer sur la même voie, à savoir les approximations « à quelques dizaines de milliards près », l’INSEE, dont on vante le sérieux et la transparence, a systématiquement besoin, dans ses statistiques concernant le PIB, de rajouter, pour « équilibrer les comptes », de faire appel aux fameuses variations de stock, dont la valeur a le bon goût de permettre d’équilibrer les comptes : en 2019, 20.8 milliards, 17.4 en 2020, 18.8 en 2021, variations qui représentent 0.6 à 0.7% du PIB, que notre ministre de l’économie prétend prédire à 0.1 ou 0.2% près. Là encore, de qui se moque-t-on ?
Mais le plus grave, comme je l’ai écrit par ailleurs, est la
façon de prendre le PIB comme un instrument de valeur efficace et « transparent »,
en prétendant par exemple que l’augmentation de la consommation s’accompagne
nécessairement d’une augmentation du PIB, ce que l’on répète pourtant urbi et
orbi quand cela se produit.
Si la consommation est associée à une production « nationale »,
ou « domestique », ou « résidente », c’est bien entendu une
bonne chose, et le PIB augmente d’autant. Mais si ce surplus de consommation
ne s’effectue que par une augmentation équivalente des importations, il en va
évidemment autrement. Sinon, cela voudrait dire que le financement de notre
consommation n'a aucune importance, qu’il suffirait d’importer « à crédit »,
et qu’il suffirait de s’endetter auprès des « non-résidents », (ou d’utiliser
une épargne préalablement constituée, ce qui n’est pas sans limites, et qui ne
peut être une solution pérenne)
En d’autres termes, ce qui détermine la véritable richesse d’un
pays, c’est sa production, ou encore sa consommation et ses investissements
lorsqu’ils sont financés. Une consommation ou des financements qui seraient
essentiellement financés par la dette ne pourraient conduire qu’à un
déclassement progressif de notre pays, si cette situation se prolongeait. C’est
malheureusement le cas depuis près de 20 ans, depuis 2005 en fait, l’année à laquelle
le déficit commercial de la France, excédentaire jusque-là, a débuté.
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