Les petits secrets du défunt quoiqu'il en coûte, et ses conséquences financières
La Banque de France nous dit tout sur les petits secrets du quoiqu’il en coûte.
Bruno Lemaire, économiste et essayiste, ancien doyen associé d'HEC
L’inamovible
ministre de l’économie de Monsieur Macron, le ministre exceptionnel qui devait
mettre l’économie russe à genoux, a beau essayer de nous en convaincre, le
«quoiqu’il en coûte » et l’inflation actuelle ont fort peu à voir avec
l’opération spéciale de la Russie en Ukraine, justifiée ou non par la rupture
des accords de Minsk.
De fait, il
suffit de jeter un coup d’œil sur les chiffres officiels publiés par la Banque
de France à un an d’intervalle, entre novembre 2022 et novembre 2023
Tout
d’abord, jetons un coup d’œil sur les « liquidités » possédées par
nos compatriotes. En un an leurs dépôts à vue, ou comptes courants, ont
diminué, pour la première fois de puis 2013, et ce d’une baisse significative.
Leur montant
est ainsi passé de 1492 milliards en novembre 2022 à 1295 milliards en novembre
2023, soit 197 milliards de moins. Cette baisse est compensée en grande partie
par une augmentation de 152 milliards des dépôts à court terme, passés de 185
milliards à 337 milliards, et par une petite hausse de 34 milliards des comptes
sur livrets, passés de 867 à 891 milliards.
L’explication
de ce transfert est limpide : lorsque la hausse des prix dépasse 4 à 5%
(et plus de 10% pour certains produits), et lorsque le taux d’intérêt bancaire
dépasse lui aussi 4%, ceux qui le peuvent préfèrent ouvrir un compte
rapportant 3 à 4% plutôt que de laisser dormir leurs liquidités.
Mais ce
n’est évidemment pas ainsi que notre inamovible ministre relancera le pouvoir
d’achat de ses compatriotes, dont beaucoup n’ont même pas de quoi finir le
mois. Pour eux, la hausse des taux d’intérêt n’a donc aucun impact. Ce qui a
un impact réel, c’est la hausse des prix des produits de première nécessité
qu’ils constatent au moment d’essayer de remplir tant bien que mal leur caddie.
Ajouté à
tout ceci, la hausse des prix de l’énergie ne peut qu’aggraver le sort de
millions de français, puisque la France a décidé de rester dans le marché de
l’énergie et d’indexer le prix de l’électricité sur le prix du gaz, alors que
80% de notre électricité est d’origine nucléaire, et donc 10 fois moins cher que
le prix du gaz qui a quadruplé, lui, du fait qu’on ne peut plus acheter du gaz
russe.
Sur ce dernier
point , Bruno Le Maire a cependant raison. Sans les sanctions prises contre la
Russie, le gaz n’aurait pas augmenté ainsi. Mais aussi, pourquoi diable ne pas faire
comme l’Espagne et le Portugal, et ne pas sortir de ce marché qui ne profite
qu’aux Allemands, ces derniers ayant fait le très mauvais choix économique de
sortir du nucléaire, en l'imposant quasiment aux Français, avec l'appui des écologistes et des lobbies de l'éolien.
Les chiffres
publiés par la Banque de France nous révèlent aussi un autre point, l’endettement
de plus en plus important de l’Etat, et donc des dettes souveraines de moins
en moins attractives pour les marchés financiers.
Au passif de
la Banque de France, les dépôts des Administrations publiques sont inférieurs à
7 milliards, contre près de 80 milliards un an auparavant, alors que les obligations
‘souveraines’ détenues à l’actif de la Banque de France sont encore de 706
milliards, contre 732 milliards en novembre 2022. Rappelons qu’avant la gestion
calamiteuse du covid, en décembre 2019 les obligations ‘souveraines’ ne
se montaient qu’à 394 milliards, pour un dépôt des Administrations publiques de
32.4 milliards.
Oui,
vraiment, nous avons bien là un couple génial, Macron-Le Maire, pour gérer les
finances de la France : appauvrissement de 90% des Français, et
endettement supplémentaire de la France.
Note écrite
le 22 janvier 2024
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