Entre la pseudo droite et la fausse gauche, une vision dépassée du travail



La durée du travail, un faux problème, mais une vraie question ?
Par Bruno Lemaire, Club Idées Nation

Depuis Adam Smith on sait, ou on devrait savoir, que la spécialisation du travail est un facteur clé de productivité, si, et seulement si, l’organisation du travail s’adapte elle aussi à la production des biens et services concernés.
Il semblerait pourtant que certains candidats à la présidentielle, tels MM. Macron ou Fillon, n’aient pas compris cela, lorsqu'ils se réfèrent systématiquement aux « progrès » permis par la révolution numérique, révolution indéniable mais qu’il faut savoir apprivoiser, sinon maîtriser.

Pour preuve de cette incompréhension manifeste, il suffit de se référer à ce que ces favoris des médias déclarent sur le temps de travail, comme si ce temps était LE paramètre qui allait permettre de sortir la France de son marasme économique actuel. Ce faisant, ces deux prétendus modernistes font la même erreur que DSK ou Martine Aubry il y a près de 20 ans, à savoir qu’ils confondent quantité « brute » de travail et qualité.

Tout manager ou gestionnaire de projet qui se respecte sait que l’efficacité d’une équipe est liée à sa façon de travailler et de se partager les différentes tâches ou missions qu’elle partage, donc à son organisation. Ce n’est pas de l’arithmétique grossière, et rajouter un individu à une équipe de 2 personnes n’en augmente pas nécessairement la productivité de 50%, c’est-à-dire de ½.

Pour que "1 & 1 & 1" fasse plus de 3, il faut que le processus concerné soit adapté. Dans le cas contraire, cette « somme » apparente peut même diminuer l’efficacité de l’équipe originelle.

Dit autrement, ce n’est pas en faisant travailler plus longtemps une équipe donnée que cela augmentera nécessairement sa productivité, parfois ce sera même le contraire. Dans certains métiers, il est sans doute possible, voire important, de demander à tel ou tel collaborateur de travailler plus longtemps. Mais il peut être préférable, au contraire, de diminuer son temps de travail pour engager un autre collaborateur, dès lors que le processus concerné demande une organisation plus qualitative que quantitative : dans ce cas là, le nombre d’heures de travail réalisés par l’équipe peut ne pas avoir progressé, alors même que sa productivité, elle a été « boostée ».

Mais pour savoir cela, il faut avoir travaillé dans de petites structures, au contact de l’économie réelle, ce qui n’est ni le cas de M. Fillon, ni le cas de M. Macron. Et ce n’est pas en se référant aux mânes du dieu « nouvelles technologies » que cela changera leur compréhension.


La « valeur travail » est fondamentale, les politiques sont en train de le (re-) découvrir mais il y a travail et travail, et mesurer principalement la productivité du travail à sa seule durée, en faire donc un argument quantitatif alors qu’il est de plus en plus qualitatif, semble bien archaïque, pour ne pas dire « ringard ».

Vouloir mettre une même norme pour l’ensemble des collaborateurs, ouvriers ou employés, pour l’ensemble des entreprises ou organisations est donc une erreur monstrueuse, même si, évidemment, c’est plus facile de décréter une norme unique. Et les syndicats patronaux ou ouvriers sont en partie responsables de cette erreur. Et c’est sans doute la même erreur que l’on fait au niveau de l’instauration d’une même norme pour l’âge du départ à la retraite !

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