LaBanqueCentrale_Le_nouveau_dealer_du_peuple

Les dettes nouvel opium du peuple : quels sont les dealers

(Bruno Lemaire, 15 avril 2020) lesamoureuxdelafrance2020
Un bloggeur très suivi a récemment déclaré que les états semblaient aussi accrocs aux dettes que des héroïnomanes à leur drogue préférée.
Pour enfoncer le clou, sans vraiment forcer le trait, il précise que les dettes « à taux zéro » sont réservées aux « meilleurs » clients, mais assez mal en point, comme les dealers revendent leur héroïne ou leur crack à leurs clients désargentés à « prix cassés » pour éviter qu’ils entrent en cure de désintoxication.

Mais, avant de tenter de désintoxiquer les états et, au-delà, leurs peuples et plus particulièrement les plus fragiles d’entre eux, il nous semble utile de décrire à la fois ce qu’est cette drogue, et la façon dont elle est distribuée.

L’argent-dette, une drogue :
La drogue est l’argent-dette, ce n’est pas une nouveauté, de nombreux auteurs l’ont dénoncé depuis des décennies, mais sans dire vraiment ce qu’était vraiment la monnaie. On sait à quoi cela sert, et ce depuis Aristote, mais sans décrire vraiment ses fondements, ses bases. Précisons donc ici que « la monnaie est un titre de créance sur n’importe quel membre du groupe qui l’utilise, créance reposant sur et validant l’utilité du travail humain associé »

Quelle contrepartie pour cette dette ?
En conséquence aucune monnaie [quelle que soit sa forme, son support], ne devrait être émise par anticipation, sur des espérances futures, mais ne devrait être gagé que sur de l’existant, sur un actif réel et non potentiel. Il y a longtemps que ce n’est plus le cas, au niveau mondial cette distanciation entre les dettes et leur support a été entérinée par Nixon en août 1971, et, en France, par la loi permettant aux Caisses d’Epargne de prêter de l’argent qu’elles n’avaient pas – ce que les banques commerciales « normales » faisaient depuis très longtemps – alors que, précédemment, leurs prêts étaient liés à ce qu’elles avaient collecté comme épargne préalable.

Un mécanisme très (trop ?) simple :
Le mécanisme des emprunts accordés par les banques commerciales n’a pas vraiment évolué depuis 40 ans, elles mettent à leur actif une reconnaissance de dette (dont la valeur nominale peut être plus ou moins sûre) et à leur passif le montant du prêt accordé, en tant que dépôt à vue rendu disponible à l’emprunteur, en prenant évidemment leur commission au passage
Comme les banques commerciales n’ont pas le droit de créer du vrai argent, au sens des billets – privilège réservé aux banques centrales – elles sont censées ne pas prêter trop d’agent par rapport à leurs propres capitaux propres, ce qui est une plaisanterie puisque ce ratio est de l’ordre de 1 à 3%. De plus, en cas de difficulté, elles demandent à la banque centrale de leur prêter de l’argent, suivant le même mécanisme

Les dealers : la banque centrale avec la bénédiction des états et des marchés financiers.
La banque commerciale refile à la banque centrale une reconnaissance de dette, pas toujours de très bonne qualité (par exemple quand c’est une obligation « souveraine » d’un pays en grandes difficultés), créance qui va à l’actif de la banque centrale et se voient ainsi gratifiée, au passif de la banque centrale, d’un compte augmenté de la valeur nominale de la reconnaissance de dette.

Des dettes en augmentation de 400 milliards en 4 ans
C’est ainsi qu’en France, entre décembre 1914 et décembre 2018, les comptes des IFM (banques) sont passés de 113 milliards à 515 milliards d’euros, cette augmentation de 402 milliards de comptes des banques commerciales au passif de la Banque de France n’étant compensée, à son actif, que par des obligations « souveraines », puisque les créances des IFM, elles, n’ont quasiment pas bougé.
De là à dire que les banques commerciales se sont débarrassées de leurs obligations d’état, il n’y a qu’un pas. C’est une façon subtile de détourner les articles 104 et 123, respectivement, des traités de Maastricht et de Lisbonne. Et voilà comment les dettes publiques se retrouvent à l’actif de la banque de France, cette tristement (pas assez) fameuse d’héroïne monétaire

Quel impact du covid19 sur les dettes publiques
Le gouvernement, dans sa grande sagesse ayant décidé de « compenser » monétairement le trou anticipé de 10% dans le PIB (c’est un minimum) par des dettes supplémentaires, il faut s’attendre à ce que le passif (et l’actif !) de la banque de France augmenter de 345 milliards, et donc la dette, qui vaut déjà 100% du PIB, augmenter elle aussi d’au moins 10% (à une levée toujours possible d’impôts supplémentaires près)

Quel impact sur l’économie ?
Si rien d’autre n’est fait, on verra en 2020 une récession uniforme de 10% (au moins) pour l’ensemble des agents économiques, peut être dissimulée par une inflation plus ou moins officielle, récession qui impactera évidemment davantage la France périphérique que les « no where ».

A moins évidemment de changer complètement de modèle, comme je le suggère dans https://monnaiepublique.blogspot.com/2020/04/scenarios-economiques-post-confinement.html mais ceci est une autre histoire.
Autre histoire qui dépendra essentiellement de la capacité et de la volonté des « some where » à décider d’être libres et de rejeter leurs chaînes qu’ils ont, jusqu’à présent tolérer sans brocher, comme l’écrit fort justement le philosophe souverainiste anti-maastrichtien Michel Onfray.

Cette volonté de recouvrer notre liberté est primordiale, si elle ne se concrétise pas tout le reste est dérisoire, même si des modifications techniques, en particulier sur les mécanismes monétaires devront être mises en place
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