Tout savoir, ou presque, sur la création monétaire
Tout savoir, ou presque, sur la création monétaire
par Bruno Lemaire, économiste, ancien doyen associé d'HEC, Ce que tout politique doit connaître en économie
Rappel :
il y a deux sortes de création monétaire, la création monétaire du
système bancaire interne à un pays, plus ou moins surveillée par la banque
centrale du pays concerné, et la création monétaire par la banque centrale d’un
pays, encore moins surveillée par une éventuelle super-banque. Mais, dans les
deux cas, le processus est le même. Cette
création monétaire correspond toujours à des dettes supplémentaires,
soit auprès des banques commerciales, soit auprès de la banque centrale. Voilà tout
le mystère de « l’argent magique »
Dans le cas
de la création monétaire ‘bancaire’, par exemple lorsque la BNP accorde un
prêt, le bilan de la banque, ici la BNP, augmente à hauteur de ce prêt, au passif en
tant qu’argent nouvellement prêté, et mis sur le compte de l’emprunteur, et à l’actif,
en tant que reconnaissance de dettes. En cas de remboursement, c’est l’inverse,
le bilan de la banque commerciale diminue, à l’actif comme au passif.
Le principe
de base est donc toujours le même, une dette est créée, en cas de création
monétaire, elle est remboursée, en cas de destruction monétaire. Le bilan de
la banque concernée augmente en cas de création monétaire, diminue en cas de destruction.
Notons
cependant que, dans le cas de la création monétaire par la banque centrale, la
monnaie « centrale », la seule monnaie que ne peuvent créer les banques
commerciales, , une fois créée, diminue fort rarement. En fait, depuis
la création de l’euro, le bilan de la banque de France
n’a jamais diminué, et a même littéralement explosé en 2020, en
augmentant de 597.7 milliards d’euros (soit une augmentation en une seule année
de 52%). Argent ‘magique’, vraiment !
Précisons à
nouveau que si c’est le bilan de la banque centrale, par exemple celui de la
Banque de France, qui varie, il y a création ou destruction de « monnaie
centrale » (un peu en billets, et surtout en réserves centrales, c’est-à-dire
en comptes des banques commerciales auprès de la banque centrale). Si c’est le
bilan d’une banque privée (BNP, Soc.Gen, C.A., ….), il s’agit de création ou de
destruction de monnaie bancaire.
Bien
entendu, toute dette n’est pas associée à de la création monétaire. Si
vous prêtez à un ami de l’argent, argent qui existe déjà par définition, vous
lui faites crédit, mais il n’y a pas modification pour autant de la masse
monétaire, qu’elles soit bancaire ou centrale ; même chose pour le crédit
inter-entreprises. L’économie pourrait fonctionner ainsi, les banques ne
créant pas d’argent mais gérant simplement l’argent existant. C’était l’une des
recommandations de Maurice Allais : interdire
aux banques commerciales de créer de l’argent, et mettre sous
surveillance « citoyenne » l’argent créé par la Banque de France. On
en est loin.
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