EtalonEtSystemeMonetairePourLesNuls
Etalon et Système Monétaire pour les nuls …. C’est quoi, la valeur d’un
dollar, ou d’un euro, ou d’un yen ?
Q. C’est quoi, un
étalon monétaire ?
Je vous retournerai bien la question : c’est quoi, un
étalon de mesure ?
Q. Hum, je suppose que
cela permet de mesurer, le plus exactement possible, une longueur, une
température, une durée …
C’est tout à fait cela, pour les longueurs, dans le système
international, c’est le mètre, dont la longueur est fixée à une précision d’une
dizaine de décimales, même chose pour le temps, dont la précision est encore
plus grande, pour les températures, nous avons les degrés Kelvin, ou Celsius.
Ces exemples nous permettent de mettre en valeur les deux
propriétés fondamentales de tout étalon.
Q. C’est-à-dire ?
Un étalon, tout d’abord, doit correspondre à une mesure invariable–
dans le temps comme dans l’espace, indépendamment de l’observateur/utilisateur-
, ou si ce n’est pas possible, l’étalon doit être tel que ses éventuelles
variations doivent pouvoir être calculées de façon objective.
Un mètre ne peut être élastique, même chose pour la durée d’une
seconde, précise au milliardième de milliardième.
Dans le domaine monétaire, si l’on prenait comme étalon une
marchandise comme le camembert Le Petit, il faudrait que sa mesure ’monétaire’
soit invariable, ou que l’on puisse calculer à tout moment sa variation par rapport
à sa mesure initiale, sans faire référence, bien sûr, à d’autres mesures
monétaires.
Q. Et ce n’est pas le
cas ?
Pas vraiment. Il suffirait que d’une période sur l’autre, on
produise beaucoup plus de camemberts, ou beaucoup moins, de façon non contrôlée
par une entité ou une organisation unique pour que la valeur intrinsèque, si l’on
peut dire, de cet étalon camembert soit profondément modifiée.
Q. Pour le Camembert,
je veux bien mais pourquoi pas quelque chose de plus difficile à produire,
comme de l’or par exemple.
La valeur de l’or n’est pas invariable, puisqu’elle dépend
du contexte économique ou politique, en cas de crise, sa valeur monte, quand
tout va bien, sa valeur a tendance à descendre, mais ce n’est pas cela le plus
grave.
Q. Que voulez-vous
dire par là ?
Tout d’abord, la variation de la valeur monétaire de l’or n’est
pas calculable, au sens où les valeurs de telle ou telle marchandise ou de tel
ou tel autre bien ne pourront pas être facilement calculables.
De plus, et c’est sans doute cela le plus rédhibitoire, il n’y a pas de véritable lien entre la valeur d’une quantité donnée d’or, par exemple un lingot d’un kilo et la valeur des biens et services fournis par l’économie d’un pays, ou d’un ensemble de pays.
De plus, et c’est sans doute cela le plus rédhibitoire, il n’y a pas de véritable lien entre la valeur d’une quantité donnée d’or, par exemple un lingot d’un kilo et la valeur des biens et services fournis par l’économie d’un pays, ou d’un ensemble de pays.
Q. Hum m. On pourrait peut-être
construire un lien arbitraire, par exemple dire que la production de la France en
21012 vaut 5 000 tonnes d’or ?
Certes, mais que se passerait-il si, dans l’avenir, de
nouvelles extractions d’or conduisaient à ce que l’or perde de sa rareté ou, à
l’inverse, que se passerait-il si cet or
devenait de plus en plus difficile à extraire ?
Non, ce dont on a besoin, c’est d’un étalon que les
fluctuations économiques ou de nouveaux procédés ou découvertes ne remettent
pas en cause.
Q. Et c’est possible ?
Oui.
Il suffit de reprendre votre idée – qui est en fait celle de Keynes et de
Davidson – et de prendre, en fait, une unité
de compte arbitraire, correspondant par exemple à une proportion donnée, et
fixée, de la production d’un ensemble de pays, cet étalon « unité de
compte » étant d’autant plus intéressant que le nombre de pays adhérant à la définition de cette
unité de compte serait important.
Par
exemple, si 30 pays, dont certains pays de l’U.E. , plus la Russie, le Japon,
la Chine, acceptaient de définir cette unité de compte universelle (que
certains appellent IMCU, International
Money Clearing Unit, mais
qui n’est autre qu’un ECU (European
Currency Unit) un peu améliorée) en décrétant que le PIB consolidé de l’ensemble
de ces mêmes 30 pays valaient par exemple 30 mille milliards d’IMCU – peu importe
le chiffre exact, à partir du moment où chacun l’accepte, on aurait un étalon
monétaire tout à fait valable.
Q. Humm, je ne vois pas bien la
différence avec l’Euro actuel , en dehors du fait qu’il y aurait davantage
de pays qui accepteraient cet étalon « international » ?
L’énorme différence,
c’est que les monnaies nationales continueraient à exister, et que cet IMCU, ou étalon monétaire universel,
jouerait essentiellement le rôle d’une unité
de compte, ou éventuellement d’une monnaie
commune, mais qui ne servirait que pour équilibrer les échanges
internationaux.
Q. Un peu comme les monnaies secondaires
émises par des banques secondaires comme la BNP ou le Crédit Agricole sont « compensées »,
en cas de fuites – c’est-à-dire d’échanges non équilibrés - , par de simples
écritures sur les livres de la banque centrale ?
Oui, c’est tout à
fait cela, à ceci près qu’il faudrait une chambre
de compensation internationale, acceptée par l’ensemble des pays concernés,
tenant les comptes, ou plus exactement les soldes, déficitaires ou bénéficiaires,
des échanges internationaux entre les différents pays de cette zone monétaire.
Q. Et quelles seraient les prérogatives
de cette chambre de compensation internationale ?
Comme je vous l’ai
dit, à la suite de Keynes, Davidson, et au niveau français M. Allais et plus
récemment Gabriel Galand ont développé cette idée, dont je vais juste préciser
3 points essentiels, tout à fait conforme à l’esprit de la charte de la Havane
dont le but était d’équilibrer les flux
de capitaux, de biens, de services (auquel on peut rajouter les flux
migratoires):
a) les taux de change de chaque monnaie
nationale (car il peut fort bien y avoir encore 30 monnaies nationales si 30
pays font partie de cette union monétaire) seront fixés initialement par chaque
pays
b) les échanges commerciaux continuent à se
faire contractuellement et à se régler en monnaie nationale
Le point le plus
important, celui qui assure une convergence vers l’équilibre des échanges,
étant le suivant :
c) tout pays excédentaire doit s’engager à
dépenser son excédent (c’est-à-dire à ne pas accumuler de réserves
déséquilibrant en sa faveur ses comptes auprès de la chambre de compensation
internationale), de 3 manières possibles :
en augmentant ses importations
provenant des pays déficitaires, en investissant dans ces pays déficitaires ou
enfin en fournissant une aide directe financière aux pays en difficulté
passagère.
Q. Ce dernier point, une aide financière
directe, c’est-à-dire un don, me semble bien utopique…
Vous avez sans doute
raison. C’est bien pour cela que les pays excédentaires préféreront réduire
leur excédent commercial des deux autres façons, soit en important davantage,
soit en investissant à l’extérieur.
Q. Et s’ils ne le font pas.
La chambre de
compensation, au bout d’un certain temps – défini par traité - aura le pouvoir d’effacer ces excédents, en remettant
les compteurs à zéro, en répartissant éventuellement
ces excédents auprès des pays déficitaires.
Ou bien en modifiant
à la hausse le taux de change de la monnaie correspondante vis-à-vis de l’étalon
qui, lui, aura toujours la même valeur relative, celle qui aura été décidée au
moment de la création de l’IMCU, c’est-à-dire de l’étalon monétaire.
Q. Et vous pensez que c’est réaliste ?
Je le crois, puisque ce dispositif
est fait pour garantir une certaine stabilité du système, en assurant une convergence,
ou du moins une non-divergence, aux économies concernées, puisque la charge de
ce rééquilibrage dynamique sera confiée aux économies les plus fortes, c’est-à-dire
aux entreprises des pays durablement excédentaires.
Q. Vous ne croyez pas que cela passera pour de l’assistanat,
et que les pays non développés en profiteront pour se laisser vivre, un peu
comme ce que l’on a reproché par exemple à l’économie grecque ?
Non, parce que les entreprises, malheureusement
ou non, ne réfléchissent pas en tant qu’entités nationales. Si leurs profits risquent
d’être confisqués parce que leur pays serait trop riche, elles iront investir à
l’étranger, pour le plus grand bien de ces pays initialement déficitaires.
Q. Quelles seraient les conditions pour qu'un ensemble de pays puissent construire un tel système monétaire, autour de ce type d'étalon?
Il suffirait pour cela que cet ensemble de pays soit à peu près en équilibre (balance des biens et services) avec le "reste du monde". C'est d'ailleurs le cas pour l'eurozone actuelle.
Q. Pourtant, chacun sait qu' il y a des déséquilibres important à l'intérieur des pays de cette eurozone ...
Certes, mais dès lors que chaque pays pourrait avoir une politique monétaire indépendante, cela ne serait pas si important. Dans le cas d'une unité de compte commune, les problèmes sont plus politiques qu'économiques, même si, bien sûr, rassembler des pays qui seraient initialement en équilibre les uns par rapport aux autres serait préférable.
Mais la mission donnée à la chambre de compensation envisagée permettrait de gommer un certain nombre de différences, si celles ci ne sont pas trop importantes, et si les parités choisies initialement correspondent vraiment à la puissance économique de chaque pays partenaire.
L'IMCU 2013, ou 2014, ne verrait pas sa valeur "économique" ou "monétaire" changer au cours des années, même si la parité des différentes monnaies, dollar, yen, réal ou ... franc, pourrait éventuellement varier quelque peu . Ces diverses parités seraient en effet soumises à la force de rappel d'une chambre de compensation ad hoc luttant systématiquement contre tout désordre potentiellement centrifuge d'économies insuffisamment coopératives.
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Q. Quelles seraient les conditions pour qu'un ensemble de pays puissent construire un tel système monétaire, autour de ce type d'étalon?
Il suffirait pour cela que cet ensemble de pays soit à peu près en équilibre (balance des biens et services) avec le "reste du monde". C'est d'ailleurs le cas pour l'eurozone actuelle.
Q. Pourtant, chacun sait qu' il y a des déséquilibres important à l'intérieur des pays de cette eurozone ...
Certes, mais dès lors que chaque pays pourrait avoir une politique monétaire indépendante, cela ne serait pas si important. Dans le cas d'une unité de compte commune, les problèmes sont plus politiques qu'économiques, même si, bien sûr, rassembler des pays qui seraient initialement en équilibre les uns par rapport aux autres serait préférable.
Mais la mission donnée à la chambre de compensation envisagée permettrait de gommer un certain nombre de différences, si celles ci ne sont pas trop importantes, et si les parités choisies initialement correspondent vraiment à la puissance économique de chaque pays partenaire.
Q. Deux dernières questions. Cet étalon monétaire, cet IMCU,
serait-il vraiment un ... étalon?
Sous
les conditions envisagées, absolument. En fait, l'IMCU ou étalon monétaire est
un indice des prix un peu amélioré, d'autant plus stable qu'il serait
"assis" sur le PIB de plusieurs pays dont les économies auraient
presque l'obligation de "marcher au même pas", vu que la chambre de
compensation envisagée aurait pour mission essentielle d'éviter l'émergence de
déséquilibres permanents.
L'IMCU 2013, ou 2014, ne verrait pas sa valeur "économique" ou "monétaire" changer au cours des années, même si la parité des différentes monnaies, dollar, yen, réal ou ... franc, pourrait éventuellement varier quelque peu . Ces diverses parités seraient en effet soumises à la force de rappel d'une chambre de compensation ad hoc luttant systématiquement contre tout désordre potentiellement centrifuge d'économies insuffisamment coopératives.
Plus précisément, tout est fait pour que, à l’intérieur
de la zone économique concernée, cet étalon monétaire conserve la même valeur
quelle que soit l’évolution du cours des monnaies nationales.
Ce n’est que vis-à-vis du « monde extérieur »
que la question de l’étalonnage de l’étalon peut, et pourra se poser, et ce d’autant
plus que le « monde extérieur » serait relativement important par
rapport à la zone initiale.
Q. Justement, c’était
ma dernière question. Comment allez-vous régler ce problème de conversion entre
l’étalon interne et les monnaies ‘extérieures’ ?
C’est un peu comme si vous aviez à comparer l’évolution
de 2 étalons de mesures, le mètre, jugé fixe par ceux qui utilisent le mètre,
et le pied, considéré fixe par ceux qui utilisent le pied, à la grande
différence, bien sûr, que le lien entre le pied et le mètre sont fixes, ce qui
n’est pas le cas pour l’étalon interne vis-à-vis d’un étalon externe.
Quoiqu’il en soit, ce système d’étalon ou d’étalons, n’a
pas pour but de résoudre tous les problèmes monétaires soulevés par les
échanges internationaux, mais déjà de diminuer fortement voire de faire disparaître,
à l’intérieur d’une même zone, les problèmes de distorsions économiques entre
les différents pays membres.
Par ailleurs, rien n’empêche d’autres zones de se
former de la même manière. S’il y n’y a que 2 ou 3 zones d’importance
comparable, les échanges entre ces différentes zones, même avec des étalons
différents, n’en seront que plus faciles, la fixation des taux de change et de
parité étant beaucoup plus transparente
et efficace que dans la situation
présente.
Q. Et si le franc, par exemple, avait une parité initiale de 1 IMCU, que se passerait-il si cette parité passait à 0,8 IMCU. Comment réagirait cet étalon, si, du jour au lendemain le même montant d’ICMU permet d’acheter une plus grande quantité de biens que précédemment ?
Les règles de fonctionnement de l’étalon monétaire,
votre ICMU – ou nouvel ECU - et du système monétaire associé sont telles que
cette dépréciation relative du franc ne peut se faire sans raisons objectives. Dans
le cas présent, ce serait nécessairement parce que le solde commercial de la France
serait devenu extrêmement négatif par rapport aux autres pays de la zone
monétaire envisagée (ce qui signifie que d’autres pays seraient devenus
excédentaires par rapport à la France).
Les diverses fluctuations du PIB global de la zone monétaire se compenseraient presque entièrement, sans modifier le pouvoir d'achat unitaire de l'étalon.
La valeur globale de l’étalon - et donc sa valeur relative - en serait donc extrêmement peu affectée.
Les diverses fluctuations du PIB global de la zone monétaire se compenseraient presque entièrement, sans modifier le pouvoir d'achat unitaire de l'étalon.
La valeur globale de l’étalon - et donc sa valeur relative - en serait donc extrêmement peu affectée.
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