UneMonnaieAuServiceDuBienPublic_UneRevolutionIndispensable

Au delà des propositions de Maurice Allais et du 100% monnaie, pour une réactualisation du Crédit Social.

Une Monnaie au service du plus grand nombre, et donc à celui de « l’économie réelle » et du bien public : Une Révolution Indispensable.

Certains pourront penser que ces titres et sous-titres sont bien grandiloquents. Et pourtant, pour sortir de la crise actuelle, crise financière, crise boursière, crise bancaire, et, plus encore, crise économique, crise sociale, voire crise morale, il faut plus qu’un simple replâtrage des pratiques financières et monétaires contemporaines. Il faut même aller au delà de ce que propose Maurice Allais avec son "100% monnaie", en approfondissant ce que proposaient les tenants du Crédit Social, il y a 3/4 de siècles. C'est vraiment d'une révolution dont il s'agit.

Cette révolution commence par un bouleversement total du système monétaire actuel. Il s’agit de « changer complètement de paradigme » (aurait dit Kuhn) et de comprendre que la monnaie disponible dans le contexte d’une communauté donnée, pour fonctionner correctement, doit être associée étroitement à la capacité de production et aux besoins de consommation de la dite communauté.

Dit autrement, supposer que la monnaie disponible doit faire référence à toute autre entité que le PIB est une erreur considérable. Comme le disent de façon un peu lapidaire les tenants canadiens du Crédit Social « l'argent nouveau [devrait être] émis au rythme de la production, et retiré de la circulation au rythme de la consommation », et non pas selon le bon vouloir de nos banquiers, ou en fonction d’un éventuel stock d’or ou d’autres matières précieuses plus ou moins rares.

Ce ne doit pas être la rareté de l’argent qui en fait son prix, ce doit être les richesses disponibles qui doivent commander les quantités d’argent disponibles.

C’est cela la véritable révolution pour laquelle même Maurice Allais n’est pas allé assez loin. Redonner la souveraineté monétaire à l’Etat est certes indispensable, mais cette monnaie doit être émise en fonction des nécessités de la production et des besoins de la consommation.

Pour cela, la création monétaire, c’est-à-dire l’émission de monnaie supplémentaire, doit être synchronisée avec la production de richesses – biens et services - sa destruction, elle, doit être synchronisée avec la consommation, c’est-à-dire la destruction de richesses.

Cette monnaie peut être uniquement ’scripturale’ (monnaie ‘de comptabilité’), sa production et sa destruction correspondant ainsi simplement à des jeux d’écriture comptable, à la seule condition que ces flux et reflux monétaires doivent rester en adéquation parfaite avec la production-consommation de richesses réelles.

C’est ce que les tenants canadiens du Crédit Social réclament depuis près de 80 ans – même si ce souhait a pu être pollué par des considérations morales ou religieuses, certes respectables mais qui ont pu donner des arguments aux adversaires ‘laïques’ de cette thèse.

C’est ainsi que la dépression de 1929 peut être expliquée par une insuffisance de la demande solvable – et donc de la quantité d’argent mise à la disposition des consommateurs potentiels. C’est aussi ainsi que les crises qui se succèdent depuis 2008 peuvent être expliquées, en sus de la mondialisation du commerce et de l’accumulation des dettes, privées et publiques, accumulation due elle aussi aux principes de fonctionnement insensés du système monétaire.

De fait, comme nous l’avons déjà montré à de nombreuses reprises, l’émission de l’argent-dette par les banques commerciales, associée à un taux d’intérêt toujours plus important que le taux de croissance de l’économie, rend impossible le remboursement des dettes ainsi contractées, tout en déséquilibrant de plus en plus l’économie ‘réelle’ vis-à-vis de l’économie financière, les activités financières et bancaires enflant de plus en plus aux dépens du secteur productif, de plus en plus réduit.

Généralisation de l’approche :

Ayant illustré les idées de base de Louis Even et du major Douglas, les ‘pères’ du Crédit Social, dans deux billets (principes de base et un modèle bi-sectoriel de Crédit Social) , je vais maintenant tenter de généraliser le modèle bi-sectoriel utilisé à cette occasion en introduisant d’autres secteurs que le seul secteur des biens de production et des biens de consommation.

On pourra ainsi envisager le secteur des biens intermédiaires, puis le secteur ‘public’ – ce qui nous permettra d’envisager diverses façons de financer les dépenses des administrations. Un autre billet nous avait déjà permis de revenir sur ce que Louis Even avait appelé Dividende Social, très proche de notre concept de Revenu Minimum de Dignité, ou du REX défendu par d’autres auteurs.

Notre modèle bi-sectoriel (imaginé avec d’autres dénominations par Marx dans le livre II du Capital, livre posthume) « DEP SAL PROF" devient, en ajoutant la consommation intermédiaires, MATi, dont le total sera CI (Consommation intermédiaire) :
"DEP MAT SAL PROF", qui peut s’écrire :
PRODi = DEPi + MATi + SALi + PROFi,

pour i variant de 1 à 3 ou, avec des données arbitraires :

PROD1 = 2100 = 700 + 400 + 750 + 250 (Secteur « biens capitaux »)
PROD2 = 1500 = 250 + 450 + 600 + 200 (Secteur « biens de consommation »)
PROD3 = 1400 = 800 + 450 + 100 + 50 (Ce « secteur 3 » virtuel correspond à la production de biens intermédiaires, la seule contrainte sur les MAT, ou les Consommations Intermédiaires, CI, du moins si on part d'un stock3 nul initialement, c'est que PROD3 >= MAT1&2&3)

On aurait DEP1&2&3 = 1750, MAT1&2&3 = 1300 d’où STOCK3 = 100 (ce qui reste en "trop" de ces matériaux "consommables" non utilisés dans les process).

De même, SAL1&2&3 + PROF1&2&3 = 1950 (une autre façon de définir la Valeur Ajoutée, ou encore le PIB).

La production “nette” comptable, après ce qui a été “consommé” dans les différents process de production, est donc PROD1 moins AMOR1&2&3 plus STOCK3 plus PROD2
(avec STOCK3 = PROD3 - MAT1&2&3), c’est-à-dire :
2100 moins 1750 plus 100 plus 1500 = 1950 , égalité qui ne devrait pas surprendre …

Venons en maintenant au « secteur public », noté ici secteur 4, dont la seule différence « comptable » - elle peut apparaitre de taille – consiste en la suppression des Profits, PROF4, dans la décomposition sectorielle:
« DEPi MATi SALi PROFi».

On aurait donc, pour ce secteur 4 ‘public’ :
PROD4= DEPi4+ MAT4 + SAL4

complétant les 3 secteurs (de biens de production, de consommation et intermédiaires), secteurs pour lesquels des Profits PROF1&2&3 peuvent exister.

Quid du financement du secteur public ?

Là encore, comme pour la mise en valeur d’un Dividende Social – notre Revenu Minimum de Dignité – nous pouvons procéder principalement de deux façons, pour financer la production du secteur public. Soit par création monétaire – comme pour les autres secteurs – soit par taxation des revenus. Je ne reviens pas ici sur la création monétaire, qui est tout à fait analogue à celle suggérée dans mes précédents billets.

En ce qui concerne la taxation, il suffit de mettre un coefficient correctif sur les salaires et les profits distribués (que je vais supposer, pour simplifier, être identique pour l’ensemble des salaires, avec un autre taux, là aussi unique, pour les profits – prendre une grande variété de taux n’apporterait strictement rien au résultat et, dans le monde réel, ne ferait que compliquer la tâche des fonctionnaires du Trésor).

Pour éviter tout déficit public, il sera juste nécessaire que les impôts ainsi ‘levés’ soient équivalents à la production du secteur 4, le secteur public. Je laisse au lecteur le soin de construire son propre modèle, avec ses propres données.

Disons simplement, que si nous intégrons le financement du RMD et des dépenses du secteur public à la décomposition sectorielle envisagée (ce qui n’est ni la solution la plus simple, ni la solution la meilleure), nous aurions, formellement :

Avec une notation évidente, pour i variant de 1 à 4 :

PRODi =DEPi + MATi + SALi + PROFi + RMDi +GOUVi,

Avec la seule restriction que PROF4 = 0, et les précisions :

GOUV1&2&3&4 = PROD4 (condition d’équilibre budgétaire) et
GOUVi = (SALi-RMD_SALi)* tauxIRPPi + (PROFi-RMD_PROFi)*tauxISi (condition ‘fiscale’)

On retrouve, là encore, que la fiscalité ou la création monétaire sont les deux grandes méthodes pour accompagner et financer la production de richesses d’une nation, que cette production soit « privée » ou « publique ».

Quand à choisir entre elles, faut-il rappeler que la création de l'impôt sur le revenu est contemporain, aux USA, de la création de la Federal Reserve et du rôle primordial donné aux banques privées, au détriment de la souveraineté monétaire des USA. Faut-il préciser que si les recettes fiscales françaises ont augmenté de 4,1 milliards en augmenté, en un an - chiffres d'août 2011 - les intérêts sur la dette publique ont augmenté, eux, de 4,5 milliards... A qui profite le crime, à savoir la création monétaire - chargée d'intérêts - par les banques commerciales...

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