Les trois principes de base du Credit Social
Il existe trois principes de base dans le Crédit Social: 1. l’argent
émis sans dette par le gouvernement, représentant de la société,
selon la production, et retiré de la circulation selon la consommation; 2. le dividende social attribué à chaque citoyen ; 3. l’escompte compensé.
Les trois principes sont nécessaires, le premier n'étant qu'une simple explicitation des idées de Douglas exposées dès 1930 dans "The Monopoly of Credit", et concerne l'ajustement entre production, pouvoir d'achat et prix "Les moyens d'achat (cash credits) entre les mains de la population d'un pays doivent, en tout temps, être collectivement égaux aux prix collectifs à payer (collective cash prices) pour les biens consommables mis en vente dans ce pays ; et ces moyens d'achat (cash credits) doivent être annulés lors de l'achat des biens de consommation".
Explicitons ces trois principes, le premier principe, déjà esquissé, étant aussi appelé le principe de la juste monnaie, ou de la monnaie juste adéquate.
1)l’argent (ou la monnaie) sera émis par la puissance publique, le montant émis devant correspondre à la production estimée « au juste prix », cette monnaie disparaissant au moment de la consommation.
Pour expliciter ce concept de jute prix et de juste monnaie, prenons l’exemple tiré du site de « vers demain » pour expliciter ce principe (nous avons considéré ici deux seuls grands secteurs – comme dans le livre II, posthume, du Capital, mais aussi comme de nombreux macro-économistes, à la suite plus récente de Keynes, lui-même postérieur aux écrit du major Douglas, « père » du Crédit Social).
Supposons que les relevés d’une année pour le pays étudié donnent:
Production de biens de capital..............3 000 millions
Production de biens consommables..... 7 000 millions
Importations.................... ........ 2 000 millions
________
D’où, à l’actif, un montant d’acquisitions totales de .....12 000 millions
D’autre part, pour la diminution:
Dépréciation de biens de capital...........1 800 millions
Consommation..…............................5 200 millions
Exportations.........….....................2 000 millions
________
Ce qui implique, pour le passif, une diminution totale de .....9 000 millions
Ainsi, pendant que le pays s’enrichirait de 12 000 millions, il userait, ou consommerait, ou devrait céder 9 000 millions.
Le coût réel de la production globale de richesses de 12 000 millions, c’est 9 000 millions (9 milliards). S’il en a réellement coûté au pays 9 milliards pour produire 12 milliards, le pays doit pouvoir jouir de ses 12 milliards, tout en ne dépensant que 9 milliards.
Bien entendu, dès que l’on parle de « bilan », que ce soit pour un pays, pour une région, ou pour une simple entreprise, on parle, ou devrait parler, de comptabilité. Comment donc « réconcilier » l’actif et le passif d’un bilan, qui, par construction, se doit d’être équilibré?
Dit autrement, comment mettre en adéquation l’argent nécessaire pour la production avec l’argent nécessaire pour la consommation, face à un « gap » apparent de 3 milliards.
Louis Even écrivait d’ailleurs, au sujet de cette comptabilité inadéquate : « Les comptables ne sont ni les producteurs, ni les gouvernements. Les chiffres commencent dans les banques; et ces chiffres ne sont pas en rapport avec la production qui s'offre, mais en rapport avec ce que le banquier pense pouvoir faire de profit sur le trafic de ces chiffres.
Au lieu d'être une simple comptabilité de service, le système d'argent a été vicié. Son contrôle a été monopolisé ; il est devenu un objet de trafic, de domination, de tyrannie, de dictature quotidienne sur nos vies. »
Comment donc sortir de ce système « vicié »?
La solution « classique », et actuellement utilisée, est connue, même si elle est rarement explicitée aussi clairement : elle consiste en un ‘mix’ de dettes (que l’on ne pourra jamais complètement rembourser), de gâchis, de dévalorisation de stocks et de destructions de biens déjà produits qui tentera de compenser cette différence de 3 milliards. D'où des dettes, publiques ou privées, en augmentation exponentielle, des milliers de tonnes de produits alimentaires jetés ou brûlés, une misère grandissante jouxtant parfois une abondance éhontée de richesses étalées sans scrupules.
La solution du Credit Social comporte deux volets, qui correspondent aux principes 2 et 3, le principe 1 étant d’évaluer aux « justes prix » la production d’un pays pour une période considérée (ce peut être le mois, le trimestre, ou l’année) et de faire en sorte que l’argent – émis par la puissance publique - utilisé pour financer la production disparaisse au moment de la consommation (au sens vu plus haut, dépréciation du capital, consommation de biens de consommation, et exportations). Dans l’exemple ci-dessus, le juste prix d’une production de 12 était de 9, soit 25% moins élevé.
2)Le Dividende Social (ou Revenu Minimum, de Dignité ou d’Existence
Dans les sociétés modernes, le pourcentage de population active, ou activable, tend à diminuer, du fait de deux causes principales : a) les progrès technologiques rendant moins nécessaires certains travaux, - et en particulier ceux reposant sur la force, l’habileté ou les capacités d’organisation et de classement de l’espèce humaine b) l’accroissement de la longévité humaine – celle-ci ayant cru de près de 20 ans au cours du dernier siècle.
Ce constat trivial étant fait, la question de la distribution du pouvoir d’achat se pose : si seuls les salariés, les artisans, les commerçants, et les ‘capitalistes’ ont « droit » à un revenu, que fait-on de tous ceux qui ne « travaillent pas »?
Le Crédit Social propose de distribuer à chaque individu du pays concerné un Dividende, un Revenu, indépendant de sa contribution à la production (suivant un pourcentage à étudier, ce peut être un pourcentage fixe du revenu national, compensé d’une péréquation tenant compte de l’âge de l’individu concerné). L’émission de ce dividende sera réalisé par les autorités de tutelle monétaire
3)L’escompte compensé, ou bonus à l’achat, correspond au troisième principe.
Nous ne présenterons ici que la forme « bonus » de ce troisième principe, l’idée, fort simple, étant la suivante : le pouvoir d’achat « distribué » étant de 9, pour un prix « affiché » de 12, chaque achat, payé 12 au vendeur, donnera lieu à une ristourne de l’autorité de tutelle monétaire de 3. Le ‘gap’ comptable signalé plus haut sera donc comblé par cette émission monétaire directe, et directement distribuée, sans dettes, sans contrepartie autre que la preuve d’achat d’un produit vendu 12, ayant réellement « coûté » 12 lors de la production, mais ne pouvant être acheté que « 9 » due à l’insuffisance du pouvoir d’achat distribué au cours de cette même production. Le gap total correspondra donc à un bonus global de 3 milliards, avec les données de l'exemple présenté ci-dessus?
Les principes 2 et 3 ont un objectif commun, celui d’éviter toute crise de « sur-production », ou plus exactement d’insuffisance de demande solvable, d’où un objectif purement « économique ». Le principe 2 a en plus un objectif de solidarité et de justice sociale : permettre à ceux qui n’ont pas d’activité « marchande » de vivre dignement.
B.L.
émis sans dette par le gouvernement, représentant de la société,
selon la production, et retiré de la circulation selon la consommation; 2. le dividende social attribué à chaque citoyen ; 3. l’escompte compensé.
Les trois principes sont nécessaires, le premier n'étant qu'une simple explicitation des idées de Douglas exposées dès 1930 dans "The Monopoly of Credit", et concerne l'ajustement entre production, pouvoir d'achat et prix "Les moyens d'achat (cash credits) entre les mains de la population d'un pays doivent, en tout temps, être collectivement égaux aux prix collectifs à payer (collective cash prices) pour les biens consommables mis en vente dans ce pays ; et ces moyens d'achat (cash credits) doivent être annulés lors de l'achat des biens de consommation".
Explicitons ces trois principes, le premier principe, déjà esquissé, étant aussi appelé le principe de la juste monnaie, ou de la monnaie juste adéquate.
1)l’argent (ou la monnaie) sera émis par la puissance publique, le montant émis devant correspondre à la production estimée « au juste prix », cette monnaie disparaissant au moment de la consommation.
Pour expliciter ce concept de jute prix et de juste monnaie, prenons l’exemple tiré du site de « vers demain » pour expliciter ce principe (nous avons considéré ici deux seuls grands secteurs – comme dans le livre II, posthume, du Capital, mais aussi comme de nombreux macro-économistes, à la suite plus récente de Keynes, lui-même postérieur aux écrit du major Douglas, « père » du Crédit Social).
Supposons que les relevés d’une année pour le pays étudié donnent:
Production de biens de capital..............3 000 millions
Production de biens consommables..... 7 000 millions
Importations.................... ........ 2 000 millions
________
D’où, à l’actif, un montant d’acquisitions totales de .....12 000 millions
D’autre part, pour la diminution:
Dépréciation de biens de capital...........1 800 millions
Consommation..…............................5 200 millions
Exportations.........….....................2 000 millions
________
Ce qui implique, pour le passif, une diminution totale de .....9 000 millions
Ainsi, pendant que le pays s’enrichirait de 12 000 millions, il userait, ou consommerait, ou devrait céder 9 000 millions.
Le coût réel de la production globale de richesses de 12 000 millions, c’est 9 000 millions (9 milliards). S’il en a réellement coûté au pays 9 milliards pour produire 12 milliards, le pays doit pouvoir jouir de ses 12 milliards, tout en ne dépensant que 9 milliards.
Bien entendu, dès que l’on parle de « bilan », que ce soit pour un pays, pour une région, ou pour une simple entreprise, on parle, ou devrait parler, de comptabilité. Comment donc « réconcilier » l’actif et le passif d’un bilan, qui, par construction, se doit d’être équilibré?
Dit autrement, comment mettre en adéquation l’argent nécessaire pour la production avec l’argent nécessaire pour la consommation, face à un « gap » apparent de 3 milliards.
Louis Even écrivait d’ailleurs, au sujet de cette comptabilité inadéquate : « Les comptables ne sont ni les producteurs, ni les gouvernements. Les chiffres commencent dans les banques; et ces chiffres ne sont pas en rapport avec la production qui s'offre, mais en rapport avec ce que le banquier pense pouvoir faire de profit sur le trafic de ces chiffres.
Au lieu d'être une simple comptabilité de service, le système d'argent a été vicié. Son contrôle a été monopolisé ; il est devenu un objet de trafic, de domination, de tyrannie, de dictature quotidienne sur nos vies. »
Comment donc sortir de ce système « vicié »?
La solution « classique », et actuellement utilisée, est connue, même si elle est rarement explicitée aussi clairement : elle consiste en un ‘mix’ de dettes (que l’on ne pourra jamais complètement rembourser), de gâchis, de dévalorisation de stocks et de destructions de biens déjà produits qui tentera de compenser cette différence de 3 milliards. D'où des dettes, publiques ou privées, en augmentation exponentielle, des milliers de tonnes de produits alimentaires jetés ou brûlés, une misère grandissante jouxtant parfois une abondance éhontée de richesses étalées sans scrupules.
La solution du Credit Social comporte deux volets, qui correspondent aux principes 2 et 3, le principe 1 étant d’évaluer aux « justes prix » la production d’un pays pour une période considérée (ce peut être le mois, le trimestre, ou l’année) et de faire en sorte que l’argent – émis par la puissance publique - utilisé pour financer la production disparaisse au moment de la consommation (au sens vu plus haut, dépréciation du capital, consommation de biens de consommation, et exportations). Dans l’exemple ci-dessus, le juste prix d’une production de 12 était de 9, soit 25% moins élevé.
2)Le Dividende Social (ou Revenu Minimum, de Dignité ou d’Existence
Dans les sociétés modernes, le pourcentage de population active, ou activable, tend à diminuer, du fait de deux causes principales : a) les progrès technologiques rendant moins nécessaires certains travaux, - et en particulier ceux reposant sur la force, l’habileté ou les capacités d’organisation et de classement de l’espèce humaine b) l’accroissement de la longévité humaine – celle-ci ayant cru de près de 20 ans au cours du dernier siècle.
Ce constat trivial étant fait, la question de la distribution du pouvoir d’achat se pose : si seuls les salariés, les artisans, les commerçants, et les ‘capitalistes’ ont « droit » à un revenu, que fait-on de tous ceux qui ne « travaillent pas »?
Le Crédit Social propose de distribuer à chaque individu du pays concerné un Dividende, un Revenu, indépendant de sa contribution à la production (suivant un pourcentage à étudier, ce peut être un pourcentage fixe du revenu national, compensé d’une péréquation tenant compte de l’âge de l’individu concerné). L’émission de ce dividende sera réalisé par les autorités de tutelle monétaire
3)L’escompte compensé, ou bonus à l’achat, correspond au troisième principe.
Nous ne présenterons ici que la forme « bonus » de ce troisième principe, l’idée, fort simple, étant la suivante : le pouvoir d’achat « distribué » étant de 9, pour un prix « affiché » de 12, chaque achat, payé 12 au vendeur, donnera lieu à une ristourne de l’autorité de tutelle monétaire de 3. Le ‘gap’ comptable signalé plus haut sera donc comblé par cette émission monétaire directe, et directement distribuée, sans dettes, sans contrepartie autre que la preuve d’achat d’un produit vendu 12, ayant réellement « coûté » 12 lors de la production, mais ne pouvant être acheté que « 9 » due à l’insuffisance du pouvoir d’achat distribué au cours de cette même production. Le gap total correspondra donc à un bonus global de 3 milliards, avec les données de l'exemple présenté ci-dessus?
Les principes 2 et 3 ont un objectif commun, celui d’éviter toute crise de « sur-production », ou plus exactement d’insuffisance de demande solvable, d’où un objectif purement « économique ». Le principe 2 a en plus un objectif de solidarité et de justice sociale : permettre à ceux qui n’ont pas d’activité « marchande » de vivre dignement.
B.L.
@ Bruno
RépondreSupprimerCela fait longtemps que je me dis qu’il faut que je m’intéresse au Crédit Social dont je ne connais strictement rien. J’ai donc lu cet article avec beaucoup d’intérêt mais je n’ai hélas pas compris grand chose.
Par quel raisonnement relies-tu le « gap » au « système vicié » ? Je ne comprends pas ce qui te fait dire que la solution actuelle « consiste en un ‘mix’ de dettes (…), de gâchis, de dévalorisation de stocks et de destructions de biens déjà produits qui tentera de compenser cette différence de 3 milliards » ?
Une autre question. Si j’ai bien compris tout passe par l’estimation du juste prix de la production ? Comment fait-on exactement pour estimer au juste prix ? Et quand fait-on cette estimation ?
Enfin, sur le bonus à l’achat, je ne comprends pas très bien l’intérêt de la manœuvre et encore moins la manière de la mettre en place dans la vie de tous les jours.
@RST, je réponds rapidement sur 3 points:
RépondreSupprimer1) le "gap", 2) le "juste prix", 3) le bonus à l'achat ...
1) le "gap" correspond à la différence entre le Chiffre d'Affaires anticipés, au moment des décisions de production, et les véritables ventes, telles qu'elles seront réalisées.
Ce gap représente tous les soldes involontaires, les destructions de produits effectuées pour tenter de sauvegarder les prix, alors que les quantités demandées à l'achat sont inférieures aux quantités espérées à la vente, aux crédits à la consommation - ou à la sur-consommation - distribués "généreusement", mais qu'il faudra bien rembourser.
@RST, suite, 2) la question du "juste prix".
RépondreSupprimerLe Crédit Social n'a pas pour objectif de remettre en cause le prix de production tel qu'il est estimé par le producteur. Les tenants du Credit Social constatent simplement qu'entre la production, estimée aux prix de production, et les moyens d'achat (la Demande Solvable) il y a un gap.
Dans mon exemple, le gap était de 3, ou, en pourcentage, de 3/12 ou 25%
L'Office National de Credit, ou le pouvoir monétaire collectif, après avoir fait ses calculs, décidera donc que le "juste prix" de n'importe quel produit sera le prix de production, diminué de 25%
@RST, suite et fin, 3) la question du bonus ou de l'escompte
RépondreSupprimerToujours dans les conditions de l'exemple, si le producteur attend 12 - parce que ses coûts (y compris son profit) sont de 12 - et si l'acheteur paye 9, il y a évidemment un gap.
Ce gap sera comblé par un bonus (si le consommateur paye 9, le producteur demandera 3 à l'Office National de Credit), ou par un escompte (si le consommateur paye 12, il se fera rembourser par l'Office National de Credit). C'est, en quelque sorte, une TVA négative. La solution la plus simple, c'est sans doute que le consommateur n'avance pas d'argent, qu'il paye 9, et que ce soit le producteur qui reçoive, après la vente, l'escompte de 3, c'est à dire de 25% sur le prix affiché.
En résumé: prix affiché = Juste prix plus 25% prix affiché.
Un petit modèle, sous forme de commentaire complémentaire et de question au lecteur éventuel.
RépondreSupprimerSupposons un système à deux secteurs, un secteur 1 de biens de production, un secteur 2 de biens de consommation, et une décomposition sectorielle des "coûts" en trois parties "amortissement" (dépréciation du matériel), "salaires" et "profits", soit:
AMOR1 + SAL1 + PROF1 = PRODUCTION1 ou PROD1
AMOR2 + SAL2 + PROF2 = PROD2
Au niveau comptable, on a évidemment PRODtotale = AMOR1&2 + SAL1&2 + PROF1&2
L'Investissement net potentiel, tjs au niveau comptable, est égal à INV_N = PROD2 - AMOR1&2
La Consommation Finale, au niveau comptable, est égale à CONSO_F = PROD1&2 - INV_N
Question: comment applique t-on les principes du Credit Social à cette situation?
Bonne réflexion,
Bruno.