Que cache l’acharnement à laisser la Grèce dans la zone Euro

Que cache l’acharnement à laisser la Grèce dans la zone Euro ?
Depuis des mois, trois idées passent en boucle dans les médias : la dette publique grecque est « scandaleusement » haute, la Grèce ne doit pas sortir de l’Euro, sortir de l’Euro serait catastrophique, pour la Grèce, pour l’Europe, voire pour le monde entier …
Le "scandale" des dettes publiques. La première idée est sans doute vraie, même si les responsabilités de ce scandale sont sûrement très partagées. Si certains grecs vivent, peut être, au dessus de leurs moyens, et si la fiscalité grecque n’es ni la plus efficace ni la mieux gérée du monde ‘civilisé’, il est avéré que Goldman Sachs a truqué les comptes publics grecs – avec la bienveillance de certains hauts responsables de Bruxelles – afin de permettre à la Grèce d’être « acceptée » dans l’Eurozone. De plus, tous les experts, les vrais ou les « auto-proclamés » savent bien que la Grèce ne remboursera jamais toutes ses dettes : la seule question qui intéresse les créanciers grecs – du moins les plus gros d’entre eux – c’est de savoir comment se ‘refiler’ la patate chaude.
Autrement dit, qui va payer, partiellement ou totalement, la facture ? Plus on attend, plus la ‘patate’ grossit, mais plus certains créanciers, ceux qui ont le plus d’influence, se débarrassent, ou tentent de se débarrasser, de leurs créances toxiques.
On ne sait pas trop encore qui seront les véritables gagnants, mais l’on sait déjà que les perdants seront, comme toujours, les plus faibles, les plus démunis, et plus particulièrement la grande majorité du peuple grec, qui a déjà perdu près de 30% de son pouvoir d’achat. C’est pourtant ce même peuple, lobotomisé par la pensée unique d’une Europe libre-échangiste et mondialiste, qui se refuse à sortir de la zone Euro tout en protestant à juste titre contre l’austérité scandaleuse qu’on leur impose, avec plus ou moins de succès, depuis des années.
La Grèce ne doit pas sortir de l'Euro, pour son propre bien ... La deuxième idée, c’est donc le fait que la Grèce ne doit pas, pour son propre bien, sortir de l’Eurozone. Là encore, s’il existait encore une majorité d’économistes honnêtes et sérieux, cette idée aurait du être abandonnée depuis longtemps. Qui peut prétendre qu’un pays peut raisonnablement s’engager à payer en quelques années l’équivalent de 165% de sa production nationale (le double en pourcentage de la dette française) en accompagnant ces paiements d’une récession de plus en plus marquée !

Comme si le simple bon sens ne condamnait pas toute mesure consistant à produire moins (baisse du PIB de 20% en 3 ans) tout en remboursant davantage. Si l’on voulait réellement sauver la Grèce, il faudrait abandonner toute idée de remboursement de ces dettes, dont une grande partie est d’ailleurs liée au taux d’intérêt de ces mêmes dettes. En supposant que la Grèce puisse retrouver un excédent de ses comptes publics (il faudrait déjà plus de 5 ans pour arriver à cet objectif) il lui faudrait encore plusieurs siècles pour rembourser la totalité de ses dettes, si tant est que ce fut possible.
A qui peut-on faire croire cela, et quel être sensé pourrait encore soutenir cette position ? Et pourtant, c’est bien ce que la ‘troïka’ - Bruxelles, BCE, FMI - s’efforce de faire croire au « petit peuple » apparemment stupide que nous sommes tous plus ou moins, du moins le croit-elle. La Grèce ne peut à l’évidence s’en sortir qu’en retrouvant à la fois sa souveraineté monétaire et les moyens d’une nouvelle politique économique, tout en répudiant tout ou partie de sa dette actuelle ; si l’on veut vraiment sauver la Grèce, ce ne peut être qu’en lui permettant d’exporter davantage, et d’importer moins, tout le reste est littérature.

Une catastrophe mondiale ? La troisième idée, celle d’une catastrophe mondiale si un pays de la taille de la Grèce – grand par son histoire mais très petit par son influence économique actuelle – s’aventurait à quitter une union monétaire telle que l’Eurozone est encore plus stupide : elle est pourtant répétée à l’envi. En dehors des arguties juridiques : il ne serait pas prévu qu’un pays puisse abroger un traité, et utiliser pour cela une clause qui n’en ferait pas explicitement parti - merci aux législateurs de ne pas avoir tout prévu et d’avoir ainsi vendu leur âme au diable – il se cache derrière cette position de façade une peur panique parmi les représentants du système, ceux qui inspirent, voire dirigent, nos gouvernants.
Si un pays commence à remettre en cause le système que l’on a tenté d’imposer plus ou moins subrepticement depuis des décennies, depuis 1973 en France, et peut être même bien avant, à savoir le système qui transforme peu à peu nos gouvernants en simples employés de banque, il risque effectivement d’avoir contagion.
Cette contagion serait celle d’une souveraineté nationale qui reprendrait droit de cité, celle d’idées conformes à la charte de la Havane qui proclamait qu’une véritable coopération entre les nations commence par un respect mutuel et une réciprocité dans les échanges, que ces échanges concernent les flux de capitaux, les flux de biens et de services, et enfin les flux migratoires. Si, pour sauvegarder la main mise des banques et des marchés financiers sur la vieille Europe – en attendant mieux – il faut faire mourir à petit feu la Grèce, qui s’en soucie vraiment ? L’essentiel, c’est bien de cacher la vérité jusqu’à ce qu’il soit trop tard.



Il est sans doute déjà bien tard. Mais est-il trop tard ? Le sens et l’enjeu des prochaines élections, en Grèce comme en France donneront quelques indications sur ce point, en sachant que le système fera tout pour s’opposer à ceux qui défendent le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et de leur avenir, quitte à susciter l’éclosion de quelques partis ou idiots utiles qui détourneront les électeurs des véritables enjeux.

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