Mario Draghi et sa planche à faux billets
Mario Draghi et sa planche à faux
billets pense relancer la croissance, il ne fait sans doute que relancer la
spéculation.
Bruno Lemaire, Club Idées Nation.
Mario Draghi est sans nul
doute l’homme le plus puissant sinon d’Europe, ou en tout cas de l’Union
Européenne. Pour quelqu’un qui n’a jamais été élu, et qui a aidé la Grèce à présenter
des comptes « arrangés » pour lui permettre de rentrer dans la zone
Euro, ce n’est pas vraiment ‘démocratique’, ce qui ne semble pas déranger grand
monde parmi nos ‘élites’ ou nos ‘sachants’.
De fait, les mesures
monétaires que la BCE, qu’il dirige, vient de prendre, ont eu un impact
immédiat, à la fois sur le niveau de l’euro et sur celui des actions : que
demander de plus, l’euro est un peu moins cher que précédemment, et les actions
continuent à monter.
Rappelons ces trois mesures,
et leur objectif :
1. Abaissement du principal taux directeur
de la BCE à 0,15% : l’argent va être moins cher (pour les banques en tout
cas).
2.Taux de dépôt ‘négatif’, à -0,10% :
les banques seront incitées à ne pas faire ‘dormir’ leur cagnotte à la BCE.
3. Emission de prêts à long terme, ou VLTRO
(4 ans) de 400 à 500 milliards, d’ici la fin de l’année : les banques
pourront se débarrasser de leurs obligations ou créances les plus douteuses,
leur bilan en sera un peu plus ‘présentable’.
En fait, tout se passe comme
si la BCE, au lieu de relancer l’économie, en prêtant éventuellement aux Etats,
ce que l’article 104 du traité de Maastricht lui interdit formellement,
imaginait qu’en prêtant davantage
d’argent aux banques, ces dernières joueraient enfin le rôle qu’elles
devraient avoir, mais qu’elles ne jouent plus depuis bien longtemps, à savoir
le financement de l’économie réelle, l’économie concrète, celle des entreprises
et des ménages.
Croire à une relance par le gavage des banques est certes un
scénario possible, sur le plan théorique, mais les faits sont têtus : cela
ne marche pas ainsi. Tant que les banques gagneront plus d’argent en spéculant
qu’en prêtant aux entreprises, ce n’est pas en leur permettant d’avoir plus de
facilités financières, ‘liquides’ ou ‘scripturales’, que l’on changera leur
comportement. En dehors des dépôts obligatoires qu’elles détenaient auprès de
la BCE, l’essentiel de leurs fonds – le plus souvent créés ex nihilo – ne leur
servait qu’à financer des activités financières bien éloignées de la sphère
réelle, bien éloignées du monde des entreprises. On ne voit pas pourquoi cela
changerait fondamentalement.
Il en irait évidemment tout à
fait différemment si les banques ne pouvaient pas utiliser l’effet de levier
consistant à emprunter très peu cher pour prêter une quantité bien plus
importante, sans risque, à des taux d’intérêts importants. Lorsque les marchés
boursiers croissent de 15% par an, alors que l’économie réelle ne croit que de
0 à 1% l’an, on comprend que, pour les banques, investir en actions, pour
compte de tiers ou en nom propre, soit bien plus rémunérateur.
Une autre solution, proposée
dans le programme présidentiel de Marine Le Pen, aurait été de cibler toute
nouvelle émission monétaire vers les entreprises, et le financement de grands travaux structurels, transports, énergie,
habitat, nouvelles technologies, éducation. Mais, dans l’Europe actuelle,
dirigée par un banquier, pour des banquiers, c’est évidemment impensable.
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