Protectionnisme et mesures de rétorsion : fantasmes ou réalité ?
Quand la mauvaise foi atteint des sommets: hors du libre échange (mais seulement pour la France) il n'y aurait point de salut, et vouloir se défendre 'raisonnablement' serait interdit.
Par Bruno Lemaire,
club Idées Nation
Face à des arguments qui frôlent la
stupidité, et qui sont en tout cas d’une mauvaise foi insigne, on ne peut que
se demander : de qui se moque t-on ?
J’ai déjà écrit, notamment à propos de l'affaire Whirlpool, que feindre de confondre l’Europe, une réalité
historique, géographique, politique, avec une institution, l’Union Européenne,
ou une zone monétaire, l’Eurozone était une sinistre plaisanterie véhiculée par des médias sans scrupules et plus
ou moins vendus à la ‘cause’ mondialiste.
Mais il y a encore plus gros,
encore plus manipulatoire : prétendre que le protectionnisme serait
interdit sous prétexte qu’il y aurait des
mesures de rétention qui seraient encore plus dommageables pour le pays qui
se risquerait à tenter d’équilibrer ses échanges avec l’extérieur
par des
droits de douane ou des droits à importer.
Dès lors que la France, hélas,
importe plus qu’elle n’exporte, son solde commercial étant déficitaire en 2016
de près de 50 milliards (alors qu’il était excédentaire au lancement de l’euro),
on voit mal qui a le plus intérêt à adopter des mesures de rétorsion, le « vendeur »,
assimilé ici au monde extérieur, ou le client, c’est-à-dire la France.
Raisonnons en effet par l’absurde,
en feignant d’imaginer une France coupée du monde, alors que Marine Le Pen veut
contrôler
les frontières, comme la Suisse ou de nombreux autres pays, pas les fermer.
C’est évidemment le reste du monde qui
perdrait ces 48 milliards, pas la France.
Plus précisément encore, quand la
Suisse, tout petit pays par sa superficie et sa population, comparé à la France,
met des
droits de douane, personne ne s’insurge en disant qu’il faut la punir. Même
chose quand Trump incite ses industriels à ne pas délocaliser. Mais, pour la France,
ce serait une catastrophe de chercher à se protéger, alors qu’elle ne ferait
que respecter l’esprit de la charte de l’ONU
de 1948, la charte dite de la Havane, qui affirmait que pour prévenir les
guerres économiques, qui finissent souvent, hélas, par déboucher en guerre
véritable, plus ou moins larvée, il fallait tout faire pour
équilibrer les échanges entre nations indépendantes.
Et c’est justement ce que Marine Le
Pen propose de faire, par ses mesures de protectionnisme raisonné.
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