Ne nous cachons pas derrière l'arbre de l'euro, regardons la forêt du désastre du libre-échange
Face à un libre-échange débridé, sachons nous protéger intelligemment.
Bruno Lemaire, diplômé
d’Harvard, docteur en mathématiques et en sciences économiques
Si l'€ est un boulet, le « laissez
fairisme » critiqué par M. Allais est bien pire, vu l’impact du solde
négatif, 30 milliards, que la France a vis-à-vis de la Chine, à comparer avec « seulement »
les 50 milliards que totalise le déficit commercial (certes abyssal) de la France.
Comment peut-on croire que 60% du
déficit de la France (30
milliards sur 50) serait dû à une mauvaise valorisation de l’euro, ou même
au fait qu’il nous soit imposé par l’U.E. en tant que monnaie unique, alors que
notre déficit vis-à-vis de la Chine a peu à voir avec la valeur de l'€ mais presque
tout avec une concurrence déloyale,
qui concerne les conditions environnementales, fiscales, sociales – et financières
– des travailleurs chinois.
Si notre solde électronique est déficitaire
avec la Chine de 14 milliards, si notre solde textile est déficitaire de 9,5 milliards
vis-à-vis de la même Chine, à qui fera-t-on croire, même à nos compatriotes
matraqués émission après émission par les médias officiels, soit que l’euro en
est essentiellement responsable
– thèse soutenue par le pourtant éminent économiste, le professeur Sapir- soit,
plus encore, que le libre
échange total conduit à une mondialisation heureuse ?
On pourrait certes soutenir que c’est
notre manque de matières premières, en particulier dans les domaines
énergétiques, qui est la cause de notre déficit, sachant que nous importons
plus de 60 milliards en gaz et en électricité. Mais cela n’a rien à voir, là
encore, avec nos échanges vis-à-vis de la Chine, ce n’est ni le gaz, ni le
pétrole que nous vend « l’empire du Milieu ».
Non, il serait grand temps que l’on
comprenne que le libre échange ne fonctionne que dans certains cas, dans une
confrontation honnête avec des pays ayant un degré comparable de développement,
tant social qu’humain, et qu’il faut, dans le cas contraire, utiliser d’autres
procédés, à savoir ici l’arme
du protectionnisme intelligent, ciblé en fonction des pays et des
secteurs à protéger.
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