FourmiOuCigale_CommentEchapperAuxMiragesDuPIB&EquilibrerNosEchanges



Etes-vous plutôt offre ou plutôt demande, plutôt fourmi ou plutôt cigale, ou les mirages du PIB.

Par Bruno Lemaire, Secrétaire Général du Club Idées Nation

Comme nul ne l’ignore, la comptabilité nationale a inventé une curieuse expression pour tenter de traduire ce qui devrait intéresser tout un chacun, à savoir les richesses dont on dispose pour les utiliser, que ces richesses prennent la forme de biens ou de services. Cette expression curieuse, c’est le PIB, ou encore le Produit Intérieur Brut.

Du point de vue concret, ou tangible, ce PIB se veut représenter ce que l’on peut consommer, ce qui serait donc à la disposition de tout un chacun – si, bien sûr les ressources monétaires correspondantes sont disponibles Cette incise pose tout le problème de l’origine des ressources monétaires. Il y a celles qui viennent du travail effectué et celles qui viennent de la création de richesses futures qui n’existeront que si elles sont consommées par qui les aura achetées. L’économie virtuelle se glisse par le biais des prêts dans l’économie réelle en faussant tout. On parlera volontiers de PIB en volume, pour dire que nous avons à notre disposition des carottes, des voitures, des heures de consultation médicale, ou encore des forfaits téléphoniques. Si nous étions en économie fermée, nous dirions que ces produits et services correspondent à l’offre locale, aux fourmis qui sont censées avoir « apporté sur le marché » tous ces produits et services.

Si nous regardons maintenant le côté cigale, c’est-à-dire le côté « dépenses », il faut évidemment que, en face des fourmis, il y ait des cigales « consommatrices », le côté « demande ». Même si la loi de Say - qui dans sa forme primitive déclare : « l’offre crée la demande », et, retournée par Keynes dit l’inverse - semble dire que, sur le plan théorique, les dépenses des cigales sont nécessairement égales aux productions des fourmis, il n’en va pas de même dans la vie réelle. Cela se traduit notamment par des stocks d’invendus ou par des soldes plus ou moins importantes, lorsque les cigales, que nous sommes tous plus ou moins, trouvent que ce qu’on leur propose dépasse leurs moyens financiers, leur pouvoir d’achat. Il reste toujours aussi la ressource, pour les fourmis besogneuses, de tenter d’écouler leurs produits en « offrant » aux cigales des crédits tentateurs, qu’il faudra bien, hélas, rembourser un jour, ce qui ne fait que repousser le problème. Mais, comme l’a rappelé Keynes, « à long terme nous serons tous morts ».

En économie ouverte, nous disposons, pour satisfaire nos besoins de cigales, de tous les produits et services importés. Dans ce cas, hélas, en plus des revenus censés engendrés au cours de la phase « production » il va bien nous falloir d’autres ressources, pour payer des produits que nous n’avons pas fabriqués. Ici, même la loi de Say ne peut rien pour nous. Il faut trouver d’autres ressources financières.

Ces ressources financières ne peuvent venir que de deux sources : la vente à l’étranger de produits et de services fabriqués ou produits localement, ce seront les exportations, ou un financement qui nous serait aimablement accordé par un système financier, que ce système soit ou non directement lié aux importateurs. Cette seconde source n’a, bien sûr, aucune justification économique, sinon celle de reporter à plus tard la résolution d’un problème fondamental, dès lors que l’on veut – ou que l’on nous incite à - consommer au-dessus de ses moyens, ou au-dessus des moyens que nous n’avons pas encore délocalisés.

Depuis 2003, le PIB de la France est tel que soit notre soif de consommation (notre demande) soit notre puissance de fabrication locale (notre offre) se sont révélées incapables d’être en équilibre, d’où des déficits de notre balance commerciale (la différence entre importations et exportations) récurrents, oscillant entre 40 et 70 milliards d’euros, c’est-à-dire entre 2 et 3.5% de notre « PIB », quelle que soit la validité de ce dernier indicateur.

Ce déficit commercial permanent, financé par des dettes qui s’accumulent auprès de créanciers, intérieurs ou extérieurs, il faudra bien finir par le rembourser, non ? Et, avant même de ce faire, il faudra aussi le résorber, ce qui ne peut se faire qu’avec une politique énergique de ré-industrialisation de la France et de rééquilibrage des échanges, ce qu’au Front National nous appelons protectionnisme intelligent ou raisonné. Que la France soit plutôt cigale ou plutôt fourmi, il faudra de toutes façons reprendre notre avenir en main, retrouver notre souveraineté bien effilochée depuis des décennies.

Sans ce rééquilibrage des échanges, conforme à la première et seule charte commerciale de l’ONU, plus connue sous le nom de Charte de la Havane, on prétendra résoudre le problème, alors qu’on ne fera que l’aggraver, en reportant dans le futur les deux problèmes majeurs et conjoints, celui du paiement des importations et celui du remboursement des dettes.

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