PIB, kesaco. Un mystère soigneusement entretenu, ou simple ignorance ou désintérêt des 'experts'
PIB, introduction. Ce que les experts veulent, ou non, nous cacher.
par Bruno Lemaire, économiste, ancien doyen associé à HEC
Y aurait-il
un complot des experts ? Que nenni. Mais pourquoi partager des
connaissances quand celles-ci vous rendent tout puissants, voire intouchables.
Le jargon des « experts » sert souvent à cela.
Que ce soit
le sigle ancien « PNB » ou un sigle plus moderne « PIB »
(Produit Intérieur Brut), la seule façon pour l’honnête homme de le comprendre
serait, semble-t-il, d’aller sur les pages de l’INSEE, ou sur celles de
WIKIPEDIA, pour comprendre que l’on parle de ce qui est produit, ou dépensé,
en France.
Déjà une
première ambiguïté : parle-t-on de ce qui est produit sur le sol
français, ou de ce qui est dépensé sur le sol français ? Serait-ce
la même chose. He bien, non, c’est ce qu’un premier exemple va nous montrer,
exemple qui a d’ailleurs plongé dans la perplexité la plupart de ceux qui ont
accepté de tenter de répondre à cette question simplissime : qu’est
ce qui doit être inclus dans le PIB, quid des importations, quid des
exportations, quid de l’éventuel déficit commercial ?
Imaginons
donc un pays qui ne produit strictement rien sur son propre sol.
Ses
habitants, qu’ils soient arrivés légalement ou non dans ce pays, ne pourraient
donc pas survivre de leur seule production, de leur seul travail. Imaginons
donc qu’un pays, proche ou lointain, accepte de leur fournir de quoi vivre.
Prenons un chiffre, pour fixer les idées.
Supposons
que ces importations, puisque tel est le nom ‘savant’ de ces
« fournitures », aient une valeur monétaire de 85 milliards d’euros.
D’après vous, quel serait le PIB dans ce cas : serait-il nul, ou serait-il
égal à 85 milliards, ou encore à tout autre chiffre ? Je laisse le lecteur
réfléchir un peu à cette question, fort simple apparemment.
Certains
bons esprits diraient volontiers que ce cas ne peut se produire, aucun pays
n’accepterait de financer ainsi à perte, 85 milliards, un pays voisin
nécessiteux. C’est en partie vrai, même si l’exemple récent de l’Ukraine
pourrait en faire douter.
Heureusement,
des bienfaiteurs vont intervenir dans le contexte. Ces bienfaiteurs, qu’on les
appelle financiers ou banquiers, vont prêter de l’argent aux clients
nécessiteux, sans travail par hypothèse, pour que ces personnes sans ressources
puissent financer leurs achats.
Le procédé
est simple : les « sans travail » vont emprunter auprès des
banquiers pour 85 milliards (à un taux d’intérêt à déterminer) pour pouvoir
acheter ces produits et ces services « étrangers ». Au bilan des
banques prêteuses, à leur actif, il y aura une reconnaissance de dette de 85
milliards, à leur passif, les comptes de leurs clients, supposés entièrement « informatisés »
pour simplifier (si des billets étaient concernés, le principe serait le même,
les écritures comptables seraient simplement un peu différentes)
La question
que le lecteur se pose sûrement est : comment les « sans travail »
vont-ils rembourser ? Excellente question, que malheureusement on ne
se pose jamais au niveau d’un pays comme la France, dont le déficit commercial,
nul avant 2003, a toujours oscillé depuis entre 25 et 75 milliards d’euros,
pour atteindre 85 milliards en 2021 (alors que nos experts se gargarisent d’une
« croissance du PIB de 7%, après une chute en 2020 de 9%) Le lecteur aura
compris que si on met les importations dans le PIB, il est assez facile d’obtenir
une croissance quand on importe vraiment beaucoup.
Dans un
billet ultérieur, nous compliquerons un peu le schéma, en introduisant une
première intervention de l’Etat, par le biais des impôts que le monde entier
nous envierait, d’après son promoteur, le défunt Giscard d’Estaing, à savoir la
TVA.
Mais n’oubliez
pas ma question : dans l’exemple ci-dessus, que vaut le PIB ?
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