Encore sur la monnaie, censure, desillusion, contre-sens et realites

Sur la nouvelle pensée unique dans le domaine monétaire.

Je pensais ne plus avoir à, ne plus devoir, démonter certaines pratiques, surtout venant de quelqu'un qui se prétend défenseur des pauvres, des exclus, des états endettés, et pourfendeur de la pensée unique. Et pourtant...

Sur un blog connu dans la blogosphère française, celui de Paul Jorion, le commentaire suivant avait été posté par un certain "@crapaud rouge" (le 5 février 2010 à 20:44)

« Bravo pour la démo ! Elle va tout à fait dans le sens de "L’Argent mode d’emploi" qui se fonde sur le distinguo entre le « vrai argent », – la monnaie fiduciaire -, et ce qui est simplement comptabilisé en donnant l’impression d’être de l’argent mais qui ne mérite pas le nom de monnaie. Les dépôts ne sont que des promesses de payer, alias reconnaissances de dettes.. »)

J'avais tenté de répondre à ce "crapaud rouge" la chose suivante:

Vous avez raison: L’argumentation de Voyer (auteur du billet niant la création monétaire par les banques privées) va tout à fait dans le sens de ce qu’écrit Paul Jorion dans « l’argent, mode d’emploi ». La seule différence c’est que Voyer n’a pas le talent littéraire de Paul, et que ses arguments sont donc beaucoup plus ennuyeux, donc encore plus critiquables, B.L.

Commentaire supprimé, dont acte.

Bien entendu, Paul Jorion a le droit de faire ce qu'il veut sur son blog: il pourrait simplement avoir la décence d'écrire: tout argument - fut-il courtois et 'policé' - s'opposant à mes idées sera banni de MON blog.

Je vais donc ici dire, en termes courtois et policés, ce qui me semble "abracadabrantesque" dans les thèses de Jorion - et de Voyer (qui se présente comme grammairien, commerçant, comptable et ... philosophe puisque, pour lui "La comptabilité est une branche importante de la philosophie").

Revenons donc à l'essentiel, la question monétaire, et de ce que prétendent explicitement Jorion et Voyer.

Voyer pense arriver à la "Démonstration de la non-création d’argent par les banques commerciales et de la stupidité de la scie « Les crédits font les dépôts »". Je ne vais donc pas reprendre ici les habituels "arguments d'autorité" utilisés contre (le plus souvent) ou pour cette thèse, je vais me contenter ici d'utiliser le simple bon-sens du lecteur, qui se fera lui-même son opinion.

Repartons des définitions de l'argent et de la monnaie, ce ce que ces mots représentent, à la fois conceptuellement et concrètement, pour chacun d'entre nous: quand ce sera nécessaire pour la clarté, j'utiliserai un exemple concret, celui de l'euro, pour éviter toute ambiguïté.

La monnaie - terme utilisé par l'ensemble des économistes - (money en anglais) est ce qui sert à payer, dans une communauté donnée: l'euro en europe, le dollar aux USA. Le terme 'populaire' mis pour monnaie, hélas, est "argent", ce qui conduit à des confusions sémantiques regrettables.

Nous réserverons le terme "argent" à "argent liquide" ("currency" en anglais): nos amis canadiens de la mouvance "crédit social" l'appellent "argent de poche", ceux qui parlent le "franglais" disent aussi "cash": un billet de 100 euros, c'est de l'argent. Une somme de 100 euros, quelque soit son support, électronique ou papier, c'est de la "monnaie".

Il y a différentes monnaies nationales: le dollar, l'euro, le yen, le rouble sont tous des exemples de "monnaie", ce ne sont pas des "argents". Un billet de 10 dollars est de l'argent, la somme de 10 dollars est de la monnaie.

Cela étant acquis, au moins pour la présente discussion, à quoi sert une "monnaie": à trois choses en réalité.

1)C'est un moyen de paiement, universel, accepté partout (à l'intérieur au moins d'une certaine communauté: l'Europe pour l'euro, la Russie pour le rouble)
2)C'est un étalon de valeur, une unité de compte (les prix des biens et services sont affichés en euros, en France - pas en moutons ou en kilogs de sel)
3) C'est une réserve de valeur (on peut garder des billets sous son matela, et les utiliser plus tard, conserver un certain montant d'euros sur son compte bancaire, et l'utiliser plus tard, sans "trop" perdre de pouvoir d'achat: tout dépend bien sûr de l'évolution générale des prix des biens et services dans la communauté considérée)

Sur le point 1, "moyen de paiement" certains estiment qu'un billet d'euro est plus efficace qu'un euro sur un compte bancaire. On peut payer en billets son boulanger, et n'importe quel commerçant. On peut vous refuser un chèque libellé en euros, ou bien l'utilisation de votre carte bancaire.
Mais, à l'inverse, je préfère avoir 1000 euros sur mon compte, pour passer une commande sur internet, ou pour verser un acompte pour mon nouveau canapé en cuir véritable. De plus, au dessus de 1500 ou 2000 euros, toute transaction doit utiliser la monnaie "non papier", la monnaie tout court (soit sous forme de virement, soit sous forme d'envoi de chèque, soit sous forme du débit par carte bancaire d'un compte bancaire).

Donc, pas d'avantage décisif entre l'argent liquide et la monnaie (bancaire), sauf, bien sûr, si vous avec une certaine attirance pour le travail "au noir" et les valises pleines de billets à transporter dans un paradis fiscal quelconque.

Sur le point 3, "réserve de valeur", on peut penser que conserver ses billets par devers soi, ou sous son matelas, est plus efficace que de garder une somme, plus ou moins considérable, à la banque.
En cas de panique bancaire, vous pouvez ne pas avoir le temps de retirer vos billets, en catastrophe, de votre banque, si tout le monde veut en faire autant. De fait chacun s'accorde, qu'il soit jorioniste ou anti-jorionaiste ou a-jorioniste, à penser qu'il y a moins de billets disponibles que de monnaie en circulation (je n'ai toujours pas compris comment Jorion, devant ce constat, pouvait dire que la monnaie "non argent" n'existait pas: un mystère philosophique sans doute).
Si donc vous êtes intéressés par les billets, vous penserez que c'est une meilleure "réserve de valeur" que votre monnaie bancaire: cette réserve "billets" sera toujours disponible.
Là encore, cela peut se discuter, car en cas de panique bancaire "partielle", vous pouvez toujours tenter de faire un virement vers une autre banque, plutôt que de vous faire piétiner devant les portes de votre agence par une foule en délire.

Mais, peu importe, même si l'on peut admettre que les "billets", l'argent-papier est, sur ce point - celui de réserve de valeur , une "meilleure monnaie" que la "monnaie en général",la monnaie "scripturale", et que 100 000 euros en billets, chez vous, est préférable à 100 000 euros sur un compte numéroté, quelque part, il s'agit de savoir, ici, comment la monnaie "non papier" est émise, comment elle "commence", comment elle "finit", en fait comment la monnaie est créée, et comment elle est détruite, et par qui.

Sur le plan historique, l'histoire est bien connue. La monnaie a commençé par être une monnaie "marchandise", et entre 1700 et 1900, cette monnaie-marchandise fut essentiellement de l'or, du moins en occident.

Cet or était "stocké" dans les coffres des banques. Les banquiers étaient de simples "dépositaires" de cet or, des gardiens de coffre-forts. Leurs clients leur apportaient leur or, et recevaient en échange un certificat de dépôt (c'était un vrai dépôt, les clients déposaient bien quelque chose, contrairement à ce qui se passe maintenant dans les dépôts bancaires où, en général, ce ne sont pas les clients qui "déposent" de l'argent "sonnant et trébuchant").

Ce certificat de dépôt, ou reçu, pouvait être utilisé de 2 façons.

La première façon, bien sûr, c'est si le dépositaire voulait récupérer tout ou partie de cet or.

La deuxième façon était d'utiliser ce reçu comme un billet "au porteur" pour acheter des marchandises, ou pour louer des services. Ce reçu pouvait ainsi passer de mains en mains, le porteur de ce reçu (parfois authentifié par une contre-signature, ou une série de contre-signatures) l'utilisant comme monnaie (d'échange), comme moyen de paiement.
La "réserve de valeur", elle, était le stock d'or.

On connaît tous, plus ou moins,la suite de l'histoire. Non contents de se faire payer pour le service de "gardiennage" de l'or de leurs clients - ce qui est tout à fait normal, bien sûr - les banquiers, constatant qu'on venait rarement leur réclamer leur or, se mirent à émettre non plus des reçus, mais des prêts. Ces prêts n'étaient pas gagés sur l'or qu'ils possédaient (la plupart des banquiers n'avaient pas de "fonds propres", ou si c'était le cas, c'était une infime partie du stock d'or qu'ils "gardaient") mais sur l'or qu'ils avaient en dépôt.

Et, au lieu de se limiter à ce début d'escroquerie: prêter l'argent des autres, mais sans prêter plus que leurs stocks ne permettaient (s'ils avaient un million d'euros or, en prêtant la même somme il y aurait déjà eu deux millions en circulation, un million "100% or" correspondant aux reçus des dépôts-or de leurs clients, un million de prêts "ex nihilo" reposant sur du vent, et une tromperie manifeste), ils sont allés beaucoup plus loin
.
Constatant "empiriquement", (le mot savant, qui se veut scientifique, pour "empiriquement" ou "pragmatiquement" est .... "statistiquement") que moins de 10% de "leur" or était réclamé pour être retiré, et que les mouvements de retrait étaient le plus souvent compensés par des mouvements de dépôt, ces banquiers "gardiens" allèrent jusqu'à émettre 10 fois - pour les plus peureux - à 100 fois - pour les plus "audacieux" - la valeur du stock qu'ils avaient en garde.

D'où, bien sûr, des paniques bancaires récurrentes, lorsque les dépossants d'or tentaient de revenir chercher, plus nombreux que prévu, leur or.

Hé bien il en est exactement de même aujourd'hui, l'or ayant 'simplement' été remplacé par le papier monnaie, et les prêts bancaires étant devenus de la monnaie scripturale, au lieu de petits mots écrits sur un bout de papier par leur banquier, un "bank-note"

Si l'on regarde les "fonds propres des banques", leur "capital propre", les banques européennes ne sont tenues par la loi que de posséder 2% de l'argent qu'ils prêtent. Avec les réserves de liquidités (l'argent-papier, les stocks de billets en euros) que les banques sont aussi plus ou moins tenues d'avoir, ou de pouvoir se procurer très rapidement, dans la journée, on arrive à une possibilité de prêts de l'ordre de 7 à 8.

Dit plus précisément, et très concrètement, avec vingt milliards d'euros de fonds propres, et une réserve de billets de 150 milliards d'euros, le système bancaire européen peut prêter jusqu'à 1000 milliards, ces prêts étant bâtis à 80% sur de la "confiance", mot noble pour dire du "vent", du "vide", de la monnaie créée ex-nihilo.

Les faits parlent d'eux-même. Sur les 20 dernières années, le ratio "monnaie"/"argent liquide", ou plus exactement M1/"argent liquide" a oscillé en Europe entre 4 et 9.4, pour osciller, depuis 2003, entre 4.4 et 6.2. Ce ratio est actuellement de 5.95. (M1 est la somme des comptes à vue - appelés à tort "dépôts à vue", alors que la plupart du temps ces dépôts ont été créés par des prêts, et non par une épargne initiale - et des billets, des euros-billets, en circulation)

Que disent Jorion et ses disciples: sans contester ce chiffre, ils disent simplement que ce ratio n'a pas de sens, qu'on ne DOIT pas comparer la monnaie bancaire et l'argent (je n'ose supposer qu'ils auraient aussi refusé que l'on étudie le ratio entre les prêts basés sur l'or et l'or lui-même, il y a un siècle ou deux, le "signe" n'étant pas "la chose")

Revenons donc sur cette question de création-destruction monétaire.

Si l'on prend en compte le système bancaire dans son entier (on pourra aussi se reporter à l'un de mes billets précédents), on peut considérer que ce système - l'ensemble des banques commerciales - dispose d'une certaine quantité d'euros en billets, billets qui ont été émis par la BCE, banque centrale européenne.

Tant que nous payons en euros, que ce soit en billets ou en monnaie (scripturale) - chèques, carte bancaire, virements ou autres - il n'y a pas de problème, pas de "fuites" en dehors de ce système.

Les problèmes peuvent venir de 3 sources:
a) si, pour une raison ou pour une autre, les clients du système veulent retirer plus de "liquide" (l'équivalent de "plus d'or") que le système bancaire n'en possède.
b) si, pour une raison ou pour une autre, la banque centrale impose une modification des ratios des banques, que ce soit des ratios de liquidité ou des ratios de fonds propres.
c) si les achats faits hors de la zone euro se montrent plus importants que les ventes, et si l'euro n'est plus considéré comme une monnaie attrayante.

Dans ces trois cas, la banque centrale européenne aurait à intervenir. Le fera t-elle pour le bien commun ?: ceci est une autre histoire.

Si, maintenant, nous regardons ce qui se passe à l'intérieur du système, l'histoire se complique un peu.

Jusqu'à maintenant, nous n'avons considéré qu'un agrégat de banques, le système bancaire dans sa globalité. Parler d'euro en général avait donc un sens, de même qu'un billet de 100 euros avait un sens précis, parler d'un compte de 100 euros - que ce compte soit à la Société Générale, à la BNP, au Crédit Agricole, à la Poste ou aux Banques Populaires avait aussi un sens précis.

Mais si nous faisons intervenir la concurrence entre les banques, il n'en va plus nécessairement de même. Un euro BNP a t-il la même valeur qu'un euro CA, qu'un euro BP, qu'un euro La Poste.

La réponse est ambiguë: cela dépend. Si la concurrence est "oligopolistique", et "stable", c'est à dire si chaque groupe bancaire se contente de sa part de marché, ne cherche pas à attirer de nouveaux clients, les "fuites" entre euros BBP, euros CA et autres euros se compenseront "statistiquement".
Le mot clé, ici, est compensation: globalement, les chèques, virements qui iront d'un groupe bancaire aux autres seront compensés par les chèques, virements et autres transferts bancaires qui lui proviendront des autres groupes, et ceci sera vrai pour chaque groupe bancaire. C'est évident, et il n'y a donc pas besoin, je pense, d'être expert en comptabilité pour le comprendre. C'est un jeu de chaises musicales, mais où il y aurait autant de chaises que de personnes.

En cas de "turbulences" bancaires, ce sont les plus gros qui risquent "statistiquement" le moins, sauf si les rumeurs visent plus tel ou tel groupe: ainsi la société Générale a pu être attaquée lors de l'épisode Kerviel. Le système bancaire n'aimant pas trop les turbulences, il est assez rare qu'ils essayent de faire grossir "en interne" leur part de marché: ils préfèrent racheter des banques, que grossir à leurs dépens. Dans le cas contraire, si certaines banques veulent augmenter leur part de gâteau, si certaines personnes veulent plus de chaises qu'ils n'en possèdent initialement, cela peut se gâter, bien sûr.

Bien entendu, ils peuvent aussi essayer d'acquérir des clients "liquides", par exemple ceux qui ont de "vraies" épargnes. Ainsi la chasse aux clients des Caisses d'Epargne et des possesseurs des livrets A (Ecureuil ou La Poste) a permis au Crédit Agricole de tenter de gagner des clients leur apportant un peu plus de sécurité.

Pour en revenir aux fuites "de monnaie", nous avons vu qu'elles pouvaient se produire à l'intérieur du système bancaire. Elles peuvent aussi se produire entre le système bancaire commercial et la banque centrale, si plus de billets sont tout à coup nécessaires. Mais, historiquement, le ratio "Monnaie"/"liquidités" se modifie rarement très brusquement, et la "panique" par manque de billets ne s'est jamais produite en France depuis les années 1930, voire même avant.

Cette monnaie bancaire, qui provient des banques, et qui circule essentiellement entre les comptes bancaires, les comptes à vue (appelés, à tort, avons nous déjà dit "dépôts à vue"), d'où vient-elle? Des banques, bien sûr.

Cette monnaie est émise à l'occasion de prêts, et elle est détruite à l'occasion de remboursements: c'est pour cette raison que certains appellent cette monnaie une monnaie "de crédit", voire de "l'argent-dette".

Comment peut-on expliquer, alors, que cette monnaie, en particulier quand elle est mesurée statistiquement par l'agrégat M1 (monnaie scripturale plus argent liquide en circulation) augmente plus vite que le PIB, c'est à dire que l'agrégat mesurant la production et la consommation de richesses?

Si les remboursements sont inférieurs aux emprunts, c'est bien pour une raison toute simple, mise en évidence par Louis Even et les tenants du crédit social au milieu des années 1940: les banques prêtent contre intérêt. On peut rembourser le principal, puisque la monnaie que les banques ont créée servira à cela. Mais on ne peut rembourser les intérêts avec la monnaie originellement créée.

Il faut donc de nouvelles dettes, et/ou des destructions de richesses, pour permettre à la masse monétaire de croître plus vite que le PIB. Les emprunteurs, sans de nouveaux emprunts, ne pourront jamais, globalement, statistiquement, rembourser tous leurs prêts. C'est vrai pour les particuliers, c'est vrai pour les états.

Bien sûr, certains particuliers pourront rembourser, mais en condamnant d'autres particuliers à être conduits à la faillite: dans ce cas la monnaie correspondante sera effectivement détruite. Ou bien les banques se serviront sur les garanties que l'emprunteur ruiné aura déposé pour obtenir son prêt. Ainsi, globalement, les banques sortiront toujours gagnantes, tant que le système fonctionnera ainsi.

Et il en est de même pour les dettes publiques. A moins de contraindre d'autres emprunteurs à la faillite, ou à obtenir un moratoire des banques, la dette publique ne pourra jamais s'éteindre.

Il est donc piquant de voir certains bons apôtres, dont P. Jorion et consort, se demander d'où provient cette économie d'endettement, alors qu'ils nient le phénomène qui la cause, la création de la monnaie par l'intermédiaire de crédits.

Une dernière interrogation, peut être. Si la monnaie croît plus vite que les richesses produites, pourquoi l'argent-liquide lui-même - les billets en circulation - suit à peu près la même courbe, si l'on en croit le ratio "M1/Argent". La monnaie "non papier" est de plus en plus utilisée (plus de 95 % des échanges se font autrement que par l'utilisation d'argent liquide), l'argent de moins en moins.

La banque centrale est-elle simplement "suiveuse": elle émet la monnaie centrale (billets et monnaie scripturale centrale) pour accompagner la croissance des dettes, c'est à dire de la monnaie (scripturale) bancaire, ou est-ce le contraire?

Je laisse cette question en suspens. Au lecteur de voir.

Dernière remarque enfin. Peut-on sortir de ce système mortifère (pour l'économie en général et pour les exclus, les humbles , les sans grade en particulier)?

Je le crois, et ai indiqué deux pistes pour cela, que je reprendrais dans un prochain billet: celle du crédit social de Louis Even et de ses successeurs, celle de la réforme monétaire décrite par M. Allais dans son livre "l'impôt sur le capital et la réforme monétaire" et dans des articles ultérieurs.

Bonne lecture, commentaires critiques bienvenus.

Commentaires

  1. Le nmot n"argent" est effectivement très mal choisi par Jorion et tous ses fans pour signifier uniquement la monnaie banque centrale, et donc, pour nous, uniquement les "espèces" (c'est à mon avis le terme qui semble le plus adéquat pour les billets et pièces), mais on pourrait parler de "monnaie centrale"

    D'ailleurs, n'avez vous jamais entendu dire (ou dis): "j'ai de l'argent dans mon portefeuille, et j'ai de l'argent sur mon compte". l'un est "fiduciaire" (bien que toute la monnaie est "fidus"), l'autre est scriptural.

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  2. Bruno, deux remarques :

    1) vous reprenez l'idée des 3 fonctions de la monnaie . Effectivement, mais ce sont des fonctions de nature différentes

    - Moyen de paiement , ok . Dans mon esprit, est monnaie ce qui permet l'échange , et qui circule, au sein d'une communauté.
    A mon avis ce qui remplit cette fonction , est par essence, monnaie.

    Il peut donc y avoir plusieurs monnaies hierarchisées, certaines pouvant être dans certaine circonstance plus fiables ou plus liquides ...

    2) Dire que la monnaie est un étalon de valeur, n'a pas grand sens tellement ça me paraît tautologique de la première fonction : c'est une propriété dérivée obligatoire . En échangeant, automatiquement on tente une mesure des choses et on élabore leur 'valeur' . Ca se passe donc 'en marchant' .

    3) Réserve de valeur . Là aussi , il ne s'agit que d'une propriété dérivée , mais elle n'a rien d'automatique, par contre .
    Il est bien évident que si la monnaie brise le troc dans le temps, il convient que le pouvoir d'achat/vente de la monnaie ne se dégrade pas trop sans quoi la défiance dans cet outil minera l'échange lui-même.
    L'argent doit être réserve de valeur fiable le temps de terminer le troc.
    Cette propriété de la monnaie n'est pas une propriété constitutive dérivé automatique : la monnaie peut être mauvaise réserve de valeur parfois . Il convient que sa dégradation soit supportable.

    Mais il y a un autre aspect de la réserve de valeur attachée à la monnaie , qui dépasse le problème de simple conservation de valeur le temps d'un bouclage de troc.
    Je veux dire que la monnaie , en elle même, peut devenir un actif de placement comme n'importe quel autre actif , c'est à dire pensé comme un support de valeur devant traverser un espace de temps relativement long !
    Il s'agit alors d'une fonction de réserve de valeur de la monnaie, qui n'est indispensable à son fonctionnement habituel, mais qui répond à la problématique très particulière de conservation d'une valeur acquise , au travers du temps (de sa propre vie, ou des générations) : le stockage de la valeur n'est pas évident, parce que le temps et l'histoire usent énormément de choses
    Mais c'est un autre problème.

    Bon, je ne sais pas si ces considérations sont pertinentes .
    A bientôt

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  3. Bruno (bouh que je suis bavard !)

    "On peut rembourser le principal, puisque la monnaie que les banques ont créée servira à cela. Mais on ne peut rembourser les intérêts avec la monnaie originellement créée."

    Bon certes, pourtant le système des intérêts a bien fonctionné concrètement à des périodes ou la quantité de monnaie était finie !
    Mais vous avez raison il y a bien une sorte de contradiction qui mène à un déplacement du stock de richesse , à une concentration.

    je me dis que l'interdiction de l'usure ou le système des remises de dettes, ou bien les révolutions , vols ou spoliations diverses étaient (parfois) faits pour pallier à , ou bien rééquilibrer cette tendance.

    Et cette contradiction existe aujourd'hui encore : elle se résoud partiellement par l'augmentation du stock de monnaie, mais aboutit également à une concentration de la richesse.

    Néanmoins je pense qu'il y a d'autres mécanismes qui alimentent la concentration et que donc une focalisation excessive sur ce mécanisme n'est pas souhaitable.
    D'autant plus que l'intérêt est également un moteur de l'activité humaine (Bon on peut rêver d'une société sans moteur, mais c'est un autre questionnement)

    Bon allez, je laisse le relai à d'autres !
    Bon W.E. à tous

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  4. @oppossum,
    Sur le stockage de la valeur, vous avez effectivement soulevé une vraie question. Nous tâcherons d'y répondre ensemble, toute idée étant bienvenue.

    Si j'ai rappelé les 3 fonctions traditionnelles de la monnaie, c'était pour deux raisons:
    a) pour bien me faire comprendre, concrètement, et pas dans l'abstrait.

    b) pour montrer qu'aucune monnaie n'est parfaite, au sens ou aucun "signe" ne répond parfaitement à ces trois fonctions, que ce soit l'argent - au sens courant du terme, c'est à dire le papier-monnaie - ou la monnaie scripturale. Bien plus, aucun "monnaie" n'est supérieure à une autre, m^me si on pourrait penser que le "papier-monnaie" est "supérieur" à la monnaie scripturale. Cela dépend du contexte.

    Amicalement, Bruno

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  5. "Cette monnaie est émise à l'occasion de prêts, et elle est détruite à l'occasion de remboursements"
    En effet! Inutile de revenir la-dessus. Mais justement ça démontre qu'il n'y a pas de création de monnaie ex-nihilo!
    En fait pourquoi pas tout ça? C'est un moyen simple de réguler la monnaie, et ou se trouve l'escroquerie, puisque la banque en fait inscrit cette monnaie à son passif. Bref elle emprunte à elle meme cette monnaie, en quelque sorte.
    Les fonds propres sont son matelas de sécurité. En fait cela n'a pas grand chose à voir avec le ratio M1/"argent liquide".
    Le ratio de solvabilité des banques est trés largement en dessous avec 2% de fonds propres.
    Ce qui veut dire que logiquement la banque ne prete pas ses dépots à vue, comme on le prétends partout, et que ceux-ci ne sont pas inclus dans les fonds propres. Nuance fondamentale!
    Jorion comme vous, ne faite pas la difference entre dépot à vue (compte courant) et dépot de fonds (CODEVI par exemple).
    Le dépot à vue reste la propiété du déposant et n'est pas du tout une reconnaissance de dette, par contre dans un dépot de fond, par contrat la banque se reserve le droit de disposer du dépot.
    http://www.lexinter.net/LOTWVers4/les_contrats_bancaires.htm

    Sachant qu'avec la titrisation, ce ratio ne veut plus rien dire. Il est fictif comme le ratio de Lehman de 20% avant sa chute. En réel il peut atteindre 1 à 500 grace à la titrisation des dettes. En effet la dette au passif est annulée si elle est vendue en CDO. On peut ainsi preter à tire larigot en refilant le risque aux gogos avec un ratio fictif mensonger.
    Mais le CDO reste une obligation qu'il faut bien rembourser un jour...C'est comme si les banques avaient utilisée une pyramide de Ponzi ad nauséam.
    La se trouve l'explication à mon sens de l'explosion de la monnaie scripturale.
    De plus quand la banque à des dettes irrecouvrables, la monnaie ex-nihilo produite devient reelle, comme si la banque avait utilisé une planche à billet. Ainsi la masse monnaitaire augmente, malgrés une économie en recession.
    Ce qui conduit à la dévaluation de la monnaie (Voir le dollar...) puis à de l'inflation.
    Est-ce trop simple pour etre vrai?

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