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De la monnaie unique à la monnaie commune …

On parle de plus en plus de la faillite de l’euro, monnaie unique de la zone euro et de plus en plus de voix s’élèvent pour dire que le sauvetage de cette monnaie unique va coûter de plus en plus cher, sans pour autant garantir sa survie.

L’économiste Saint Etienne déclarait, il y a quelques mois, que l’obstination des gouvernants de la zone euro – et de ce que M. Allais appelait « l’organisation de Bruxelles » - à « sauver l’euro allait continuer jusqu’à la mort … du dernier grec. Il est à craindre que cette obstination à « sauver l’euro » aille encore plus loin, et que cela risque d’être sinon la mort, du moins un coup très dur porté aux principales économies « latines » de la zone euro, en commençant par l’Espagne, l’Italie, et peut être même la France.

Les causes de ces turbulences – pour ne pas dire la faillite annoncée – de la zone euro sont multiples, même si la cause la plus souvent citée concerne la question des dettes publiques « himalayennes », qui concernent d’ailleurs l’ensemble des pays de la zone euro, quoique à des degrés divers. Pour l’instant, le seul remède proposé à la montée inexorable de ces dettes « souveraines » se ramène à un slogan, ou « élément de langage », dont la stupidité n’échappera à personne, à l’exception de certains économistes patentés : « produire moins pour rembourser plus ».

Produire moins pour rembourser plus

Bien sûr, ce n’est pas tout à fait ainsi que nos grands ‘argentiers’ présentent la question du remboursement des dettes publiques. On va plutôt déclarer « il ne faut pas vivre au dessus de ses moyens », ou encore « il faut consommer moins, pour épargner davantage ».

Mais il suffit de regarder les chiffres. Depuis 2 ans, la Grèce a continué à s’endetter, alors même que son PIB, qui mesure, certes imparfaitement, sa production de richesses, a diminué de 5% : produire moins n’a même pas suffi à rembourser plus – ce que toute personne douée du plus élémentaire bon sens comprend aisément. Et c’est pourtant sur cette (mauvaise) fable que reposent tous les plans de rigueur et d’austérité qu’on essaye de nous vendre depuis quelques mois.

En fait, la véritable cause – en sus de la question des dettes publiques - de cette faillite annoncée, non pas de l’euro – ce serait un moindre mal – mais de la majorité des pays de la zone euro, c’est le déficit commercial, lui aussi himalayen, de cette majorité de pays, pourtant fort différents entre eux.
Leur caractéristique commune est simple à définir : c’est leur monnaie, monnaie unique qui empêche tout ajustement de leur compétitivité relative vis-à-vis de pays comme l’Allemagne, en interne, et comme la Chine, en externe.

Si l’on voulait vraiment sauver l’euro, il n’y aurait donc que deux solutions. Exiger que l’euro subsiste en tant que monnaie unique, cela voudrait dire que les pays en excédent commercial permanent soit financent gracieusement les déficits des pays durablement importateurs nets (30 milliards de déficit de la France vis-à-vis de l’Allemagne) soit décident de limiter leurs exportations et d’augmenter leurs importations pour rééquilibrer le commerce international intra-européen – un peu à la façon des attendus de la Charte de la Havane. Solution bien utopique, on en conviendra.

La deuxième solution consiste à abandonner l’euro, au moins en tant que monnaie unique, et de revenir à des monnaies nationales, l’euro – que l’on garde sa dénomination actuelle ou qu’on le remplace par l’ECU – n’ayant plus qu’un double rôle, celui de monnaie de compte et celui de monnaie internationale, c'est-à-dire de monnaie réservée aux paiements internationaux. Voilà ce que pourrait être une nouvelle monnaie européenne, une monnaie commune. Les monnaies nationales, qui auraient toutes une parité fixe – ajustable à certaines échéances ou en fonction de certaines données macro-économiques clairement définies – seraient les seules à être utilisées dans leurs espaces nationaux respectifs.

La monnaie commune, Ecu ou euro, serait émise par une nouvelle Banque Centrale, pour l’ensemble des pays ayant décidé d’agir internationalement en commun, tout en conservant leur souveraineté monétaire propre. Ce n’est qu’ainsi que l’on pourra renforcer la solidarité et la coopération entre pays européens, et donner ainsi tout son sens à la locution « monnaie commune », le choix initial des diverses parités nationales prenant en compte la puissance économique relative de chacun des pays désireux d’entrer dans cette nouvelle ère de coopération, plus transparente et donc plus démocratique.

L’euro ou l’écu monnaie commune : oui. L’euro, monnaie unique, qui réclamerait de s’aligner sur les conditions sociales des moins-disant, un peu comme ce que Angela Merkel semble proposer à Nicolas Sarkozy et à l’ex-banquier Monti, non …

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