LeScandaleArgentDetteEtTauxInteret


Au delà de la question des dettes, le scandale des taux d'intérêt.

Entretien avec Bruno Lemaire

Question: Pouvez vous, tout d'abord, nous dire de quel scandale il s'agit, d'après vous?

Tout emprunteur a été confronté à, et tout créancier a bénéficié, ou a cru bénéficier de, la question des taux d'intérêt, malédiction pour les uns, bénédiction pour les autres, sans jamais vraiment remettre en cause leur existence. En cela le concile de Trente, au XVIème siècle, était allé plus loin, ou moins loin, c'est selon, puisque il déclarait: "Tout ce qu'on prend au delà de ce qu'on a donné est usure... c'est pourquoi le prophète Ezéchiel (18-17) dit que Celui-là sera juste qui n'aura rien pris au-delà de ce qu'il aura prêté ...". On retrouve aussi cela, semble t-il, dans la finance islamique, au moins pour les prêts à la consommation.

Chacun sait, par ailleurs, que sur le montant himalayen des dettes publiques dues par la France fin 2011 - plus de 1700 milliards d'euros - plus de 80% (soit 1400 milliards d'euros) résultent de la seule existence des intérêts réclamés par ses créanciers.

Peut être serait-il donc temps de se pencher sur la justification de ces taux d'intérêt...

Question: Vous ne pensez quand même pas qu'il faudrait les supprimer? Plus personne ne voudrait prêter son argent.

Vous touchez là un point sensible, même si la plupart des manuels d'économie, élémentaires ou non, font souvent l'impasse sur cette question. Il y est écrit, plus ou moins doctement, que le taux d'intérêt représente le "prix de l'argent", ou encore l'effort consenti par les épargnants pour résister à leur désir de consommation, et la page est vite tournée. Il ne faudrait surtout pas que l'on creuse davantage, et que l'on se pose dans la foulée la question suivante: quel serait le "juste prix", s'il existait, de l'argent prêté, ou épargné.

Question: Je suppose que, comme toujours en économie, ce juste prix relève de la loi de l'Offre et de la Demande?

Cette "loi", banalisée ad nauseam par le courant dominant de la pensée économique est censée s'appliquer uniquement lorsqu'il y a une multitude d'offreurs et de demandeurs, pas quand il y a un quasi-monopole des "offreurs", et encore moins quand 60 à 80% de l'offre de crédits correspond à un argent qui n'existe pas, et qui est créé pour l'occasion par les banques. Il serait donc plus juste de parler d'un rapport de forces entre créanciers et emprunteurs potentiels, ou d'un monopole exercé indument par la "haute finance", que d'un "juste prix".

Et avant que vous ne me traitiez de "crypto-communiste" je tiens à vous rappeler qu'un grand économiste français, considéré comme libéral, le prix Nobel Maurice Allais, considérait lui aussi que le "prix de l'argent" n'avait pas de justification théorique, et qu'il fallait lutter contre les revenus "non gagnés", catégorie dans laquelle il rangeait les taux d'intérêt "indus".

Question. Je me permets cependant de revenir à une précédente question. S'il n'y a plus de taux d'intérêt, de "rendement du capital", il risque de ne plus y avoir de prêteur ou d'investisseur?

Je pense qu'il faudrait déjà séparer les prêts consentis à partir d'une épargne existante des prêts créés "ex nihilo", à partir de rien. Par ailleurs, si ces nouveaux investissements apparaissent importants, voire indispensables, pour le "bien commun", c'est sans doute à la puissance publique, censée représenter ce bien commun, qu'il faudrait s'adresser, et non à des créanciers privés qui peuvent ne pas avoir la même vision du "bien public".

D'où aussi l'importance de permettre à nouveau à l'Etat, par l'intermédiaire de sa banque centrale, de reprendre le contrôle total de ses émissions monétaires, et dans le cas présent d'émettre de nouveaux crédits permettant de financer les investissements qui seraient jugés importants pour la collectivité nationale, par exemple dans le secteur de l'énergie, du transport, de l'urbanisme, de l'aménagement du territoire. C'était déjà la position soutenue par ceux que l'on a appelé les "créditistes" il y a plus de soixante ans.

Pour les investissements "privés", je pense que l'on peut toujours faire appel à l'épargne, mais avec des taux d'intérêt raisonnables.

Question: Q'appelez vous des taux d'intérêt "raisonnables"?

Je préfère qualifier les taux "déraisonnables". Tout taux d'intérêt supérieur au taux de croissance espéré est "déraisonnable". Si un entrepreneur anticipe un taux de croissance pour ses activités et son bénéfice de 3%, il serait déraisonnable qu'un créancier lui demande un taux d'intérêt supérieur à ce niveau.

Question. Si je comprends bien, comme l'avenir est, par définition, incertain, on pourrait même imaginer des taux d'intérêt variables, mais qui seraient tels qu'en aucun cas le "rentier" ou le "prêteur" puisse s'enrichir plus vite que l'entrepreneur?

Oui, c'est tout à fait cela. Et c'est bien parce que, depuis près de 40 ans, la financiarisation de l'économie n'a pas respecté cette notion de taux "raisonnable" que la sphère financière s'est enrichie aux dépens de la sphère économique 'réelle', et que le "capitalisme financier" a pris tellement le pas sur le "capitalisme entrepreneurial" que la France est dans un tel triste état.

Question. Pour les entreprises, je pense comprendre votre position, mais pour les prêts à la consommation, quel serait le "taux raisonnable"?

Dans ce domaine, éminemment délicat, j'ai presque envie d'être aussi  'archaïque' que ceux qui se sont exprimés sur la question lors du concile de Trente. Avant cela, cependant, je voudrai dire quelques mots sur le contexte actuel, celui d'une société schizophrène, plus connue sous le nom de société de consommation, c'est sans doute plus correct de s'exprimer ainsi.

Question. Humm, que voulez vous dire ainsi?

D'un côté, des montants énormes sont consacrés au marketing - les vieilles réclames d'antan - pour persuader tout un chacun que l'on ne peut vivre décemment sans la dernière tablette numérique, sans le dernier parfum à la mode, sans le dernier gadget électro-ménager, sans la dernière paire de "running". D'un autre côté, des sociétés de financement qui se présenteraient presque comme des "Mère Thérésa" ou des "Saint Vincent de Paul", vont 'proposer' des offres plus qu'usuraires, puisque certains taux avoisinent les 20% (sur 3 ans, cela signifierait que le malheureux emprunteur atteint de "fièvre acheteuse" paierait 2 fois l'objet qu'il aura acheté dans ces conditions scandaleuses).

On comprend pourquoi, dans ce cas, de nombreuses sociétés commerciales préfèrent que vous achetiez à crédit: elles gagnent bien plus d'argent ainsi qu'en se contentant de faire leur véritable métier, à savoir proposer des biens et services que l'on souhaiterait de qualité.

Même si les calculs sont difficiles en ce domaine, on peut estimer que les frais financiers et les dépenses de marketing représentent sans doute de l'ordre de 40% du véritable coût des biens et services proposés sur le marché. Il ne faut donc pas vraiment s'étonner qu'à côté de richesses incomparables on puisse trouver tant de travailleurs pauvres et de personnes surendettées. Tout est fait pour pousser à la consommation, à la fois par l'Offre de biens et par l'Offre - si l'on peut dire - de crédits dont on oublie de préciser - sauf en toutes petites lettres - que ce sont des taux que l'on devrait qualifier d'usuraires, même s'ils sont légaux.

Question. C'est effectivement terrifiant. Que faudrait-il donc faire dans ce cas?

La réponse est multiforme, même si elle est simple dans son principe. Une société moderne, qui se veut véritablement humaine, devrait tout faire pour que les besoins les plus élémentaires - nourriture, logement, santé - puissent être satisfaits pour l'ensemble de nos concitoyens. Pour le reste, toutes les mesures financières qui poussent à la sur-consommation devraient être fortement encadrées, aucun taux ne devant dépasser, là encore, un taux raisonnable, proche du taux retenu pour le financement des entreprises.

Question. Mais ne croyez vous pas que, dans ce cas, si les taux étaient "bas", les consommateurs seraient encore plus incités à consommer, alors qu'un taux élevé peut les en décourager?

Combien de travailleurs pauvres, voire de non-travailleurs, sont tombés dans le piège du sur-endettement, avec des taux de 15, 16 voire de 20%, surtout dans un contexte de "credit-revolving". "Achetez maintenant, vous paierez plus tard", tel est trop souvent le slogan des marchands de rêve, ou plutôt de cauchemar.  Il est plus sain de refuser un crédit, que de proposer des taux pharamineux. Cela obligerait les créanciers potentiels à mieux prendre leurs responsabilités: après tout, personne ne les oblige à prêter "leur bel argent". Et demander à un pauvre bougre un taux de 18%, sous prétexte que cet emprunteur potentiel "risque' de ne pas rembourser est financièrement stupide, sauf bien sûr s'il amène en garantie les seuls biens qu'il est susceptible de posséder: c'est d'ailleurs ce qui s'est produit, dans un autre contexte, celui de l'immobilier aux USA, avec la crise des subprimes. Dans ce cas la banque espérait se payer 2 fois: la première avec de fort taux d'intérêts, la seconde avec la maison à récupérer éventuellement, en cas de défaut de paiement. Hélas pour le système bancaire, mais surtout pour les emprunteurs, le marché immobilier s'est effondré.

Question. Je croyais que vous étiez adepte d'une relance de la consommation?

Certes, mais pas à n'importe quelle condition. Je suis en fait adepte d'une relance du pouvoir d'achat permettant une relance de la consommation et de la production, d'un supplément d'une Demande solvable associé à une Offre supplémentaire. Pousser à la sur-consommation, si la production ne suit pas, ne peut donc être la solution, non plus que des taux d'intérêt d'un niveau scandaleux. Si le système bancaire a un rôle 'citoyen' à jouer dans l'avenir, ce n'est sûrement pas en s'acoquinant à certains vendeurs sans scrupules pour faire acheter à d'éventuels chalands des biens ou services qu'ils n'ont nul besoin ni possibilité d'acheter. Que le système bancaire fasse déjà son travail 'de base', celui de bien gérer l'épargne qui leur est confiée, en accordant des prêts avec un argent disponible, et non pas virtuel, en fonction des possibilités réelles de remboursement de ses clients. S'il faut relancer la consommation dans tel ou tel secteur, c'est à la puissance publique de s'occuper de cette question, pas à des banquiers qui n'y verraient que leur intérêt personnel, tout en se sentant protégés comme actuellement, à tort ou à raison, puisque "too big to fail" (trop gros pour faire faillite). Ce n'est qu'ainsi que l'on pourra sortir de cet engrenage infernal, celui de l'argent-dette et celui des taux d'intérêt scandaleux actuellement pratiqués.

Commentaires

  1. Argumentation incomplète. Elle ne traite pas de la rigueur nécessaire du coté de l'emprunteur: c'est parce que les gens, les entreprises et les collectivités dont l'état pour ses électeurs, empruntent sans vérifier que l'usage de leur emprunt produira une valeur supérieure au capital et aux intérêts que nous sommes dans la situation actuelle.
    Relire Boehm-Bawerk.
    Par ailleurs le prêteur doit couvrir le risque sur le capital.
    Si la marge brute du prêteur (différence entre le taux d'intérêt facturé et les coûts, cad frais de prêteur et taux d'intérêts servis à ses propres prêteurs)est de 1 à 2 % (valeurs observées) il ne faut pas perdre le capital sur 50 à 100 prêts!
    Oui le taux d'intérêt de base d'une économie devrait s'établir autour du taux de croissance ... à condition qu'il y ait des investisseurs qui investissent dans des projets qui produisent plus que le taux d'intérêt pour compenser tous les emprunteurs qui se plantent et ne créent pas assez de valeur ou en détruisent.
    Le monde en crise est le monde où les investissements créateurs de valeur sont inférieurs à ce qu'il faudrait pour construire des emplois pour tout le monde. Le mépris du capital et du taux d'intérêt sont les créateurs de la crise des pays en crise. Les taux de croissance (5-10% ) des pays qui ont compris que la rentabilité du capital devait être forte, (30 à 40% chez eux) tout en payant des taux d'intérêts de quelques %, sont là pour montrer aux idiots comment il faut faire pour résoudre la crise.
    Que ceux qui veulent continuer à nier la nécessaire rigueur apportée par les taux d'intérêts dans les décisions économiques continuent de pédaler dans la choucroute de leurs chimères. Notamment en France. Cela fait 50 ans que les français de droite ou de gauche ne veulent pas accepter la rigueur minimale concernant la gestion du capital et les taux d'intérêts.
    Le capitalisme a démarré au 15ème-16ème en Europe quand les taux d'intérêts sont devenus un outil de rigueur pour les entrepreneurs, obligés de trouver des solutions pour produire plus que le capital et les intérêts. En Chine, en Inde, en pays islamiques, ils ont gagné la stagnation... La Chine et l'Inde, après le Japon, la Corée, HonkKong, Taiwan, Singapour... ont récemment compris comment mettre en route une économie de croissance... que les vieillards repus d'Occident ne comprennent plus ou ne supportent plus.

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  2. Mercredi 14 novembre 2012 :

    Grèce : le PIB chute de 7,2% au troisième trimestre.

    Le produit intérieur brut (PIB) de la Grèce a chuté de 7,2% sur un an au troisième trimestre 2012, a annoncé mercredi l'Autorité des statistiques grecques publiant ses premières estimations pour cette période.

    "Sur la base des données disponibles non révisées, le PIB a chuté de 7,2% au troisième trimestre 2012 par rapport au même trimestre de 2011" , ce qui marque une accélération de la récession après un recul de 6,3% du PIB au deuxième trimestre, selon un communiqué.

    http://www.lavoixdunord.fr/economie/grece-le-pib-chute-de-7-2-au-troisieme-trimestre-ia0b0n827071

    Dette publique de la Grèce :

    2012 : dette publique de 175,6 % du PIB, selon la prévision du gouvernement grec. La dette augmente, augmente encore, augmente toujours, alors que le premier défaut de paiement de la Grèce a effacé 107 milliards d'euros de dettes.

    2013 : dette publique de 189,1 % du PIB, selon la prévision du gouvernement grec.

    2015 : dette publique de 207,7 % du PIB, selon la prévision du gouvernement grec.

    2016 : dette publique de 220,4 % du PIB, selon la prévision du gouvernement grec.

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  3. La Grèce de nouveau sous pression de l’Europe.

    Autre sujet d'inquiétude, la dette qui devrait s'envoler l'an prochain à 189,1% du PIB, soit 346,2 milliards d'euros, contre 175,6% attendu en 2012.

    http://www.boursorama.com/actualites/la-grece-de-nouveau-sous-pression-de-l-europe-79837ab43be348b862e91518f5d1673b

    En 2013, la dette publique de la Grèce sera de 346,2 milliards d'euros.

    Sur ces 346,2 milliards, les Etats européens et la BCE ont prêté 242 milliards d'euros à la Grèce.

    Problème : la Grèce est insolvable. Les Etats européens et la BCE vont devoir subir ces pertes.

    - Quel est l'homme politique courageux qui va annoncer aux contribuables européens qu'ils vont payer 242 milliards d'euros ?

    - Quelle est la femme politique courageuse qui va annoncer aux contribuables européens qu'ils vont payer 242 milliards d'euros ?

    - Concernant la France, combien de dizaines de milliards d'euros les contribuables français vont-ils devoir payer pour le deuxième défaut de paiement de la Grèce ?

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  4. Luc Coene est le gouverneur de la Banque Centrale belge. Il est membre du conseil des gouverneurs de la BCE.

    Jeudi 15 novembre 2012 :

    Luc Coene estime qu'une partie de l'ardoise grecque doit être effacée.

    Le gouverneur de la Banque Nationale Luc Coene s'attend à ce que les différents bailleurs de fonds renoncent à une partie de l'imposante dette publique grecque, rapporte le quotidien De Standaard jeudi.

    Luc Coene s'est ainsi exprimé lors d'un échange à l'Université de Gand. Il se place ainsi sur la même ligne que celle adoptée par le Fonds Monétaire International, qui craint que la Grèce ne puisse pas réussir à ramener sa dette sous les 120% de son PIB pour 2020 sans un abandon partiel des prêts d'urgence consentis à son égard.

    L'année passée, des banques privées avaient déjà marqué leur accord pour un abandon partiel de leurs créances. Les autorités publiques doivent maintenant suivre, estime le FMI. Berlin s'oppose cependant à cette solution.

    http://www.7sur7.be/7s7/fr/1536/Economie/article/detail/1534377/2012/11/15/Luc-Coene-estime-qu-une-partie-de-l-ardoise-grecque-doit-etre-effacee.dhtml

    En 2013, la dette publique de la Grèce sera de 346,2 milliards d'euros.

    Sur ces 346,2 milliards, les Etats européens et la BCE ont prêté 242 milliards d'euros à la Grèce.

    Problème : la Grèce est insolvable. Les Etats européens et la BCE vont devoir subir ces pertes.

    - Quel est l'homme politique courageux qui va annoncer aux contribuables européens qu'ils vont payer 242 milliards d'euros ?

    - Quelle est la femme politique courageuse qui va annoncer aux contribuables européens qu'ils vont payer 242 milliards d'euros ?

    - Concernant la France, combien de dizaines de milliards d'euros les contribuables français vont-ils devoir payer pour le deuxième défaut de paiement de la Grèce ?

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  5. Vendredi 16 novembre 2012 :

    La Grèce va rembourser vendredi sans difficultés 5 milliards d'euros de créances.

    La Grèce va pouvoir rembourser vendredi 5 milliards d'euros de titres à court terme grâce à la levée de fonds menée en début de semaine pour compenser le retard de ses bailleurs de fonds UE et FMI à reprendre leur perfusion financière, a indiqué l'Agence de gestion de la dette publique (PDMA).

    C'est la deuxième fois depuis août que le pays doit lever des montants exceptionnels à court terme pour tenir ses échéances. Mardi, il a levé 4,062 milliards d'euros en titres à un et trois mois, ensuite portés à 5 milliards par les offres non-compétitives, à des taux respectifs de 3,95% et de 4,2%.

    Le ministre des Finances, Yannos Stournaras, a toutefois prévenu mardi que ces acrobaties financières avaient leurs limites, mettant en garde contre un risque très élevé de faillite du pays si UE et FMI continuaient à tergiverser pour débloquer le versement de prêts gelés depuis juin.

    http://www.romandie.com/news/n/_La_Grece_va_rembourser_vendredi_sans_difficultes_5_mds_EUR_de_creances_43161120121014.asp

    "Acrobaties financières" : c'est un euphémisme.

    Lundi 12 novembre : la Grèce déclare qu'elle n'a plus un seul euro dans ses caisses : la Grèce annonce qu'elle sera incapable de rembourser un prêt de 5 milliards qui arrive à échéance le 16 novembre.

    Mardi 13 novembre : la Grèce lance un emprunt exceptionnel de 5 milliards d'euros.

    Trois jours après, vendredi 16 novembre : grâce à cet emprunt exceptionnel de dernière minute, la Grèce peut rembourser les 5 milliards d'euros.

    En Grèce, le gouvernement navigue à vue : il n'a aucune visibilité au-delà de trois jours.

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  6. Lundi 19 novembre 2012 :

    Sur son blog, Jacques Sapir écrit :

    Le phénomène qui se développe actuellement en Grèce n’est donc pas unique, ni « particulier » à ce pays. Ce que l’on observe désormais, c’est bien un processus de fragmentation de l’espace monétaire, comme si une partie de la population et des entreprises grecques étaient déjà sorties de l’Euro. La logique de cette situation est connue. La Grèce fera défaut, probablement au printemps 2013, et elle sera amenée à sortir de l’Euro pour pouvoir ré-unifier son espace monétaire. Ce fut le point de départ, d’un nouveau départ, pour la Russie en 1998. Ce sera le début du renouveau pour la Grèce.

    http://russeurope.hypotheses.org/515

    Rappel :

    Vendredi 2 novembre 2012 :

    Or le niveau de la dette grecque n'est pas viable et l'hypothèse d'arriver à un taux d'endettement de 120 % du PIB en 2020 ne semble pas atteignable. Dans son projet de budget, le gouvernement estime le niveau de la dette à 189 % pour 2013 et à 220,4 % pour 2016.

    http://www.lemonde.fr/economie/article/2012/11/02/la-cour-des-comptes-grecque-juge-anticonstitutionnelles-des-coupes-dans-les-retraites_1784785_3234.html

    Dette publique de la Grèce :

    2012 : dette publique de 175,6 % du PIB, selon la prévision du gouvernement grec. La dette augmente, augmente encore, augmente toujours, alors que le premier défaut de paiement de la Grèce a effacé 107 milliards d'euros de dettes.

    2013 : dette publique de 189,1 % du PIB, selon la prévision du gouvernement grec.

    2015 : dette publique de 207,7 % du PIB, selon la prévision du gouvernement grec.

    2016 : dette publique de 220,4 % du PIB, selon la prévision du gouvernement grec.

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  7. Mardi 20 novembre 2012 :

    Grèce : 50 milliards d'euros de garanties pour la France.

    La France a participé à deux plans de sauvetage de la Grèce. Lors du premier, en mai 2010, alors qu'Athènes était au bord de l'étranglement, Paris avait prévu de prêter 16,8 milliards d'euros. Mais ces prêts bilatéraux ne se sont finalement élevés qu'à 11,4 milliards, une décision ayant été prise entre les États membres l'année suivante de ne plus verser l'argent directement, mais via le pare-feu européen, le Fonds européen de stabilité financière (FESF).

    Pour le deuxième sauvetage de la Grèce, en octobre 2011, c'est le FESF, et non la France, qui a emprunté de l'argent sur les marchés pour le prêter à la Grèce. Ici, la France n'a rien déboursé, elle n'a fait qu'offrir sa garantie (sur les 18,5 milliards du deuxième programme d'aide, et sur le reliquat de plus de 5 milliards du premier programme). La participation du secteur privé s'élève, elle, à 7,8 milliards.

    Au total, «compte tenu d'un mécanisme de surgaranties, les 31,6 milliards d'euros de prêts du FESF à la Grèce en 2012-2014 devant être garantis par la France correspondront à une garantie de plus de 50 milliards d'euros», peut-on lire dans le projet de loi de finances rectificative présenté en juillet dernier.

    La France, donc les contribuables, ne devra mettre la main au portefeuille que si la Grèce ne parvient pas à rembourser le FESF.

    En revanche, la dette publique imputable aux programmes d'aide à l'ensemble des pays en difficulté en Europe (prêts bilatéraux ou par l'intermédiaire du FESF) devrait s'élever à 50,2 milliards fin 2012, contre 14,5 milliards fin 2011 - soit une hausse de 1,8 point de PIB, indique le Projet de Loi de Finances Rectificative 2012.

    http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2012/11/19/20002-20121119ARTFIG00709-grece-50milliards-d-euros-de-garanties-pour-la-france.php

    Questions :

    Quand la Grèce fera défaut, les contribuables français devront payer 50 milliards d'euros. Mais comment sera réparti cet effort ?

    Est-ce que ce sera les classes supérieures qui devront payer ces 50 milliards d'euros ?

    Est-ce que ce sera les classes moyennes qui devront payer ces 50 milliards d'euros ?

    Est-ce que ce sera les classes populaires qui devront payer ces 50 milliards d'euros ?

    Rappel :

    En France, le budget du ministère de l'Education Nationale, c'est 62 milliards d'euros.

    http://www.weka.fr/actualite/education-thematique_7847/budget-2013-les-credits-de-la-mission-enseignement-scolaire-adoptes-article_76261/

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  8. Mercredi 21 novembre 2012 :

    La Grèce de nouveau sous pression de l’Europe.

    Autre sujet d'inquiétude, la dette qui devrait s'envoler l'an prochain à 189,1% du PIB, soit 346,2 milliards d'euros, contre 175,6% attendu en 2012.

    http://www.boursorama.com/actualites/la-grece-de-nouveau-sous-pression-de-l-europe-79837ab43be348b862e91518f5d1673b

    En 2013, la dette de la Grèce atteindra 346,2 milliards d'euros. En 2013, les contribuables de la zone euro vont payer non pas une addition, mais trois additions différentes.

    1- Première addition : la BCE détient 45 milliards d'euros de dette grecque. Quand la Grèce fera défaut, la BCE subira des pertes. Les actionnaires de la BCE devront alors recapitaliser la BCE. Les 17 banques centrales nationales paieront : concrètement, les contribuables de la zone euro paieront.

    Ils ont l'habitude. Déjà, en décembre 2010, les contribuables ont été obligés de payer 5 milliards d'euros pour recapitaliser la BCE.

    2- Deuxième addition : le FMI a prêté des dizaines de milliards à la Grèce. Quand la Grèce fera défaut, le FMI subira des pertes. Le FMI est financé par les contribuables des Etats-Unis, par les contribuables du Japon, par les contribuables de l'Allemagne, par les contribuables de la France, etc.

    Les contribuables paieront donc cette deuxième addition.

    3- Troisième addition : les prêts bilatéraux accordés par les Etats européens, et aussi les garanties accordées par les Etats européens.

    Prenons le cas particulier de la France : quand la Grèce fera défaut, la France subira une perte de 50 milliards d'euros.

    http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2012/11/19/20002-20121119ARTFIG00709-grece-50milliards-d-euros-de-garanties-pour-la-france.php


    France : le Parlement s'inquiète de l'accumulation des engagements pris pour soutenir la Grèce.

    Dans son rapport, le député Christian Paul (PS) chiffre à 50,8 milliards d'euros les prêts à la Grèce devant être garantis par la France dans le cadre du Fonds européen de stabilité financière.

    Source : lesechos.fr, mardi 7 août 2012.

    http://www.lesechos.fr/economie-politique/france/actu/0202205724179-le-parlement-s-inquiete-de-l-accumulation-des-engagements-pris-pour-soutenir-la-grece-351001.php

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