Etalon-or_fausse_bonne_idee
L’étalon-or, une
fausse bonne idée : une très mauvaise idée, en fait.
Bruno Lemaire, Club
Idées-Nation.
L’étalon-or, c’est un peu comme la pierre philosophale. Qui
ne souhaiterait avoir un étalon stable, à la fois dans le temps et dans l’espace !
Mais un tel étalon ne peut exister, puisque par essence même, une monnaie, dont
le rôle premier est de faciliter les échanges, dépend nécessairement d’un
contexte, le contexte économique, ou, plus généralement, et en termes un peu
sulfureux puisque utilisés par Marx, des rapports de production.
Aucune « marchandise » ne peut servir à elle seule
d’étalon, le seul « vrai étalon », qui n’en serait plus un, serait le
panier de tous les biens produits en une période donnée par une zone
géographique donnée : pour un étalon mondial, cela signifierait qu’il
faudrait prendre en considération le PIB mondial. L’école post-ricardienne de
Cambridge, à la suite de P. Sraffa, s’y est essayée, et a fini par renoncer à
cette quête.
Une autre particularité de la monnaie, et donc a fortiori de
tout étalon monétaire, est la confiance que l’on peut mettre en cette monnaie,
à la fois localement, puis dans une zone géographique donnée, et enfin d’un
pays à un autre, et enfin d’une période à une autre.
Certes un métal précieux, comme l’or, reste ‘précieux’, mais
si sa valeur varie, en fonction des modes, d‘éventuelles découvertes, ou parce
que, en tant que valeur d’usage, il est moins recherché dans l’industrie, il
n’y a aucune raison que sa valeur soit ‘stable’. Stable par rapport à quoi,
d’ailleurs.
D’une certaine façon, des assignats, basés sur telle ou
telle quantité de terre arable, ou sur des « arpents de neige » au
Canada, auraient moins de volatilité, c’est-à-dire moins de variation d’un
moment à un autre qu’un lingot d’or.
On pourra sans doute m’opposer que dans la période
contemporaine, plusieurs pays, comme la Chine ou la Russie, préfèrent avoir des
réserves d’or que des réserves de dollars : les économistes parleraient de
situation sous-optimale, ou mieux d’optimum de second rang. Entre le dollar,
dont la valeur dépend de décisions plus ou moins imprévisibles de la FED, et
une matière noble, comme l’argent ou l’or, ce type de décisions n’est pas
déraisonnable. Mais acheter des brevets, ou des terres en Afrique, ou des mines
de terre rare, ou des droits d’exploitation de pétrole ou de gaz en Arctique
serait au moins aussi astucieux. De plus, quitte à faire des
« réserves » - c’est évidemment une des fonctions de la monnaie - on
peut aussi investir dans l’immobilier, ou acheter des tableaux de maitres,
petits ou grands, sans garantie, bien sûr, de gains : mais c’est aussi le
cas de la spéculation « aurifère ».
Non, pour moi, et pour un certain nombre d’économistes,
l’étalon-or est une vision du passé, et dépassée. Gager la valeur d’une monnaie sur la puissance économique d’une nation
est de loin préférable : cela ne semble pas avoir nuit à l’Allemagne,
avec son mark, ou l’euro, que d’aucuns ont baptisé un « mark 2.0 ».
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